04/12/2018 reseauinternational.net  14 min #149144

De la crise symbolique à la crise politique

État, violence et Gilets Jaunes

La France possède le taux de prélèvement le plus élevé d’Europe. Pour la meilleure efficacité ?

Par Brice Gloux.

L’État représente la violence sous une forme concentrée et organisée. L’individu a une âme, mais l’État, étant une machine sans âme, ne peut jamais renoncer à la violence à laquelle il doit sa propre existence.  Ghandi

 Les recettes fiscales (somme des cotisations et impôts) ont franchi plus de 1 000 milliards d’euros cette année, soit 48,4 % du PIB (contre 45,3 % en 2017). Le taux le plus élevé d’Europe. Et c’est le poids de ce prélèvement obligatoire qui a amené une partie de la population à porter depuis le 17 novembre un gilet jaune, à la suite de l’annonce d’une énième taxe sur les carburants. La goutte d’essence qui fait déborder le réservoir comme dirait l’autre.

Répété évidemment en boucle par  ceux qui en vivent, tous ces individus sont sommés de  croire en l’impôt, que celui-ci est nécessaire et vital à l’intérêt général. Pourtant, si les Français avaient le sentiment d’en avoir pour leur argent, ils ne se seraient certainement pas autant déplacés en nombre dans la rue. Cette rue qui fait office de service après-vente pour réclamation depuis 3 semaines.

+ d’impôts = + de services à la population ?

La France est championne d’Europe des prélèvements et de la redistribution, les autres pays font donc moins appel à l’État pour répondre à cet intérêt général. Mais pour quel résultat ? Voici quelques données contredisant ceux qui demandent toujours davantage d’effort et d’argent aux autres. Car c’est en effet le poids et le monopole de l’État qui est un frein à l’intérêt général .

Tout d’abord quelques comparaisons à la fois au niveau européen sur deux secteurs clefs : la santé et l’éducation.

– L’éducation : ce budget est la première dépense de l’État, et est situé dans la moyenne européenne. La France  se classe en 12ème position sur le continent dans l’enquête PISA 2015. Quant au degré d’inégalité des systèmes éducatifs, elle se classe 26e, sur 28 ! Les méthodologies de l’étude sont souvent critiquées mais l’impression générale est la même : le niveau scolaire baisse.

– La santé : on observe que si le remboursement des soins est  exemplaire en France, l’efficience n’est cependant pas au rendez-vous. Notamment au niveau de la prescription de médicaments et de la durée de séjour à l’hôpital.

Par ailleurs, la  challenges.fr de la Sécurité sociale n’a pas disparu non plus. Et ce n’est pas la dernière mesure qui l’améliorera. On apprend que pour se faire  rembourser une boîte de préservatifs (de marque Eden uniquement) à 10 €, il faudra payer une consultation à un médecin à 25 €.

Un mot aussi sur l’énergie et le transport, cette fois-ci au niveau national.

Concernant l’énergie, l’État estime que c’est son devoir de  planifier la transition énergétique. Quand on voit le résultat des autres planifications, on peut raisonnablement  craindre le pire.

Rien que sur le prix de l’électricité : l’État propose d’augmenter la demande en électricité (puisqu’avec les aides prévues, le parc automobile va se diriger vers cette énergie) et « en même temps » de  diminuer l’offre en électricité (en annonçant la fermeture de certaines centrales nucléaires). La conséquence sera pour notre poche, avec une énième hausse du prix. Nous ne sommes plus à cela près, la contribution au service public de l’électricité (CSPE), taxe qui intervient dans le prix final de l’électricité,  a augmenté de 650 % depuis 2002.

Cette transition planifiée aura aussi pour effet d’augmenter le CO2 dans l’air, ce fameux gaz à effet de serre, meurtrier  surtout en France visiblement.

 contrepoints.org

Bref, comme l’écrit  Ferghane Azihari  :

 contrepoints.org

Enfin le transport. Pour ne pas donner le sentiment de tirer sur l’ambulance, juste un bref rappel à propos du transport ferroviaire, où la  dette de l’entreprise nationale approche les 55 milliards d’euros, et ne cesse de  croître. On peut néanmoins féliciter la réussite d’un train en particulier, le train de vie des conducteurs et de leur régime spécial de retraite, pour lequel le  contribuable débourse près de 3,4 milliards d’euros par an.

En somme ce qui est ressenti, c’est que l’État s’empare de toutes sortes de fonctions qui appartiennent à la société, mais qu’en même temps il assume mal les siennes. […] Le but est de rejeter non l’État mais l’étatisme, c’est-à-dire la maladie qui rend l’État incapable de remplir sa fonction parce qu’il veut assumer les tâches qui appartiennent à la société et aux individus.  Jean-François Revel

Comment faire mieux avec moins

La France n’est pas dans le haut du classement européen en termes d’efficience dans différents secteurs-clefs, malgré les plus hauts prélèvements d’Europe et des dettes colossales qui ne sont pas prêtes de diminuer.

Dès lors, la question se pose : qui se priverait de payer moins cher pour un service de meilleure qualité ? À première vue, ce n’est absolument pas à l’ordre du jour parmi les politiques les plus visibles dans les médias, qui tentent de récupérer le mouvement  :

– Les extrêmes, on les connaît. De gauche à droite, ils vendront rêve, fierté, dignité retrouvée, en n’hésitant pas à utiliser toute votre colère ou votre indignation pour  sacrifier le riche ou l’étranger. Pour eux, ne vous y trompez pas, TOUT passe par l’État, surtout vous.

– Entre ces deux pôles, une myriade d’ingénieurs sociaux qui n’hésiteront pas à modeler la société à coup de projets de lois et d’amendements, pour de meilleurs lendemains ( les leurs) en réclamant plus d’effort et d’argent (les vôtres).

Nous avons été les premiers à affirmer que plus les formes de civilisation sont compliquées, plus la liberté individuelle doit être restreinte. — Benito Mussolini

Après  une énième taxe, soit une demande d’effort supplémentaire, un mouvement de base a-politique s’est créé et dure depuis 3 semaines. Le sentiment d’injustice est légitime. Ce qui l’est moins, c’est de croire que ce sera écouté par l’État.

Agir ainsi, c’est encore penser qu’il est là pour cela alors que ça n’est pas son rôle ;

Agir ainsi, c’est encore placer en lui une fonction à laquelle il ne répondra pas ;

Agir ainsi, c’est une nouvelle fois lui donner un accès à un plus grand contrôle ;

Si rien ne limite le pouvoir de l’État, il se donnera le droit d’intervenir de manière unilatérale dans tous les pans de la société jusqu’à l’écraser. Ce rien, c’est chacun de nous. La dépendance est forte, mais en fin de compte, ce qu’il faut se rappeler, c’est que c’est lui qui a besoin de nous pour exister, et certainement pas l’inverse.

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