24/12/2018 reseauinternational.net  12 min #150009

La marine ukrainienne viole l'espace maritime russe

Escobar : Russie, Ukraine et la fiction de l'Accord de Minsk

Une interview réalisée par Pepe Escobar dans le blog Saker, suivi par un commentaire

Rostislav Ishchenko est sans doute l’analyste international qui se concentre le plus sur les relations extraordinairement tumultueuses entre la Russie et l’Ukraine. Il publie régulièrement sur  Ukraina.ru, avec de fréquentes traductions en anglais  ici.

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Contrairement à la campagne de diabolisation  » d’agression russe  » menée 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, aux quatre coins du Beltway, et qui s’étend à certaines capitales européennes, les analyses de Ishchenko, notamment sur  la guerre de l’information menée tous azimuts sur la saga Russie-Ukraine, représentent un souffle d’air frais.

Bien que nous n’ayons pas pu nous rencontrer en personne lors de ma récente visite à Moscou, en raison de calendriers contradictoires (la rencontre aura lieu plus tard en hiver), Ishchenko a accepté avec grâce de répondre à mes questions les plus pressantes concernant la suite possible des événements sur le front Russie – Ukraine, avec la traduction de Scott Humor.

Les réponses de Ishchenko sur la situation dans le Donbass devraient également être étendues à la Crimée, après la déclaration du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, où il révélait qu’il avait des informations selon lesquelles Petro Porochenko, le Président ukrainien, était en train de planifier une provocation armée sur la frontière avec la Crimée durant les dix derniers jours de décembre.

Considérant que le terrain en hiver est habituellement propice à l’avance des chars, Porochenko, par désespoir, se prêterait-il à une provocation majeure dans le Donbass, peut-être entre Noël et le réveillon du Nouvel An ?

Tout d’abord, cet hiver est trop chaud et la région n’est pas encore favorable à une offensive. Deuxièmement, même si le gel frappe et qu’une attaque devient possible, le risque est trop grand pour Poroshenko. Il n’a pas assez de puissance militaire pour vaincre les forces de la RPD et du LPR, sans même mentionner que des surprises sont encore possibles comme cela s’est produit en août 2008 en Ossétie du Sud. Après tout, l’accord de paix de Minsk n’a pas encore été annulé et il est peu probable que l’Occident soit en mesure de s’opposer à la Russie d’une manière consolidée au moment où la Russie exerce une pression de paix sur le chocolatier, qui est mort de peur et que l’Occident a déjà rayé. L’Occident exige la tenue obligatoire d’élections, et toute guerre entraînerait l’annulation des élections. Si la guerre est fomentée par Porochenko, on lui reprochera l’annulation des élections et il n’y aura plus de raison de le protéger.

Est-il possible que les accords de Minsk soient respectés dans le cas où un gouvernement légèrement moins antirusse serait en place à Kiev après les prochaines élections ?

Non, ce n’est pas possible. Kiev n’est pas en mesure de mettre en œuvre les accords de Minsk parce que cela impliquerait la fédéralisation de l’Ukraine, alors que les élites de Kiev ne peuvent gouverner que dans la ligne rigide de l’État unitaire. En fait ils n’imagineront pas un système de relations différent. Depuis 2014, les ressources internes qui pouvaient satisfaire les appétits des groupes oligarchiques ont été épuisées, et il n’y a pas de base matérielle de compromis. Par conséquent, ils sont condamnés à se battre entre eux pour la domination. Même si la Russie, la Crimée, le Donbass et le monde entier disparaissaient brusquement, la guerre civile en Ukraine, qui ne serait plus contenue de l’extérieur, ne ferait que s’intensifier.

Kiev sait-il qu’en cas d’attaque militaire contre le Donbass, la réponse russe serait dévastatrice ? Et qu’à Bruxelles, comme j’en ai eu la confirmation auprès de nombreuses sources diplomatiques, plus personne ne se soucie vraiment du sort de Porochenko ?

Je pense qu’il le sait très bien. C’est exactement pour cela qu’il a organisé ses provocations dans le détroit de Kertch et aussi à Kiev (attaque de l’Eglise orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou), mais pas dans le Donbass.

 Pepe Escobar

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Et en réponse à cette interview,  un commentaire du blog de The Saker – par Larchmonter – donne une vision remarquablement claire de la situation:

Il est très important de rappeler ou d’apprendre que Poutine et le Kremlin n’ont pas lancé la Milice ni lancé de résistance armée contre Kiev. C’était le plan de Strelkov. Défiant ouvertement Poutine et le Kremlin.

Ainsi, une fois que la guerre a commencé, le Kremlin et l’état-major général ont dû créer un moyen de soutenir la défense du Donbass.

Cela a conduit à plusieurs opérations systémiques. La société Voentorg a fourni à la milice la logistique de la guerre. North Wind a fourni aux volontaires son expérience et son expertise militaires. La stratégie et la manœuvre des forces étaient sous le commandement des principaux officiers conseillers (généraux et colonels) qui s’assuraient que la milice ne soit pas vaincue.

Les Ukies et Kiev ont fourni la stupidité et l’incompétence qui ont conduit à leurs pertes dévastatrices dans les chaudières.

Dans le même temps, le Kremlin a accueilli les autres parties prenantes occidentales – l’Allemagne et la France. Le groupe de Normandie a été constitué sur la base de quatre chefs d’État, dont Porky de Kiev.

L’accord initial de Minsk s’est soldé par un échec. Mais Debaltsevo a ramené à la vie le dispositif permettant de geler le conflit. Kiev a perdu des milliers d’hommes, l’OTAN avait 600 hommes ou plus piégés dans la chaudière avec les Ukies, de sorte que les trois parties faisant face à Poutine ont dû accepter ce qu’il avait établi dans Minsk 2.

Il a gelé le conflit, libéré les troupes de l’OTAN et mis fin à la débâcle totale de Debaltsevo pour les Ukies.

Les 13 étapes étaient presque toutes des mesures exclusives que Kiev devait prendre pour respecter l’accord de Minsk 2.

Il y aurait un gouvernement fédéral, le Donbass serait protégé.

C’est là que la réalité et la feuille de route ont divergé.

Kiev ne pouvait pas obéir, car sinon, le gouvernement serait renversé par les bataillons nazis.
Les États-Unis ont commencé à intervenir et à manipuler la séparation des forces sur la ligne de contact et l’échange total de prisonniers, tout en diabolisant la Milice, les deux républiques, Poutine, le Kremlin et la Russie.

Mais Poutine avait d’autres chats à fouetter. Il avait trois ans de rapports GRU et SVR sur la guerre en Syrie et avait l’intention de secourir Assad. Il avait la Crimée à soutenir, rajeunir, et y nettoyer la corruption. Il avait des armes secrètes à compléter et à tester, puis à surprendre les Etats-Unis et l’Occident avec la supériorité militaire russe.

Il était impératif de geler la guerre dans le Donbass (même au prix de la perte de quelques centaines de personnes par an).
Ses généraux ont fait faire à la milice des rotations en Russie pour un meilleur entraînement pour plusieurs milliers d’entre eux. Cette formation est en cours depuis 2015.

Ce qui est dans les cartons pour le Donbass est vraiment un produit de Kiev et des États-Unis. Si les États-Unis le veulent, ils peuvent garder le contrôle du gouvernement de l’Ukraine en finançant sa survie. L’Ukraine restera un cas désespéré pendant des décennies. Personne ne veut reconstruire, investir ou garantir aucun secteur de la société. Tant que cela se durera, les Ukies seront utilisés pour terroriser le Donbass et menacer la frontière russe avec des poussées militaires irrationnelles. Une seule erreur, et les États-Unis perdront ce proxy militaire. Même le ministre des Affaires Etrangères Lavrov en a parlé hier. Le ministère de la Défense a présenté la preuve que nous avions des missiles Iskander en Syrie. Lavrov a indiqué que de telles armes seraient utilisées pour arrêter toute attaque de Kiev.

Le destin du Donbass est lié à Poutine. Il va y avoir une demi-décennie de soutien sous toutes ses formes. Après cette période, personne ne peut encore voir de solution d’aucune sorte.

Il est tout aussi probable qu’improbable que rien ne changera ce destin.

La Russie ne tranchera pas cette question par elle-même. L’armée russe ne décidera pas de cette question en tant qu’agresseur.

L’initiative est entre les mains des États-Unis, de l’Allemagne ou des Ukrainiens.

Cependant, ce à quoi font face chacun de ces trois pays, c’est l’armée russe et le Kremlin, ainsi que le carcan de Minsk 2 qui est le joug juridique auquel Kiev ne peut échapper que par une action militaire suicidaire.

Ils ne peuvent pas sortir de Minsk 2 et l’emporter. Ils ne peuvent pas provoquer les Russes dans une guerre. Ils ne peuvent pas quitter le Donbass et le laisser à la Russie. Les nazis vont les exterminer.

Ils ne peuvent pas gagner en essayant, car ils vont perdre.

Ils ne peuvent que céder à ce que Poutine décide de vouloir. (Bien entendu, une telle perspective est inacceptable pour les États-Unis)

Donc, pendant cinq ans, ils ne feront rien de différent. Ils vont essayer d’attendre la fin de la présidence de Poutine.

Vous pouvez voir la politique en Syrie comme un prototype pour l’Ukraine. Les États-Unis n’ont pas l’intention de permettre à Assad et à la Russie une victoire complète en Syrie. Ils resteront aussi longtemps qu’ils le pourront. Et ils ont encore à attendre cinq ans. Ils vont essayer d’attendre la fin du mandat de Poutine.

Et ils vont utiliser les proxies kurdes, al-Nusra, Daech, comme ils utilisent les nazis et les conscrits en Ukraine.

Il est presque indolore pour les États-Unis de suivre cette politique dans les deux points chauds.
Trump a adopté cette idée sur les deux fronts.

C’est pourquoi Poutine n’a pas souhaité de résistance armée contre le Putsch de Maidan début 2014.

Source :  thesaker.is

Via :  zerohedge.com

Traduction  Avic Réseau International

 reseauinternational.net

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