© Patrick Hertzog
Ne bénéficiant pas du même statut que les gardiens de la paix, par exemple, les agents de la police scientifique ont déposé un préavis de grève à partir du 26 décembre. Ils souhaitent que les autorités reconnaissent la pénibilité de leur profession.
Alors que les gardiens de la paix ont exprimé leur mécontentement et obtenu des augmentations de salaire, la gronde monte à présent chez les plus de 2 000 agents de la police scientifique. Le syndicat national indépendant des personnels administratifs, techniques et scientifiques ( Snipat) de la Police nationale a ainsi déposé un préavis de grève à compter du 26 décembre, «pour une durée illimitée sur l'ensemble du territoire national».
Trop grand nombre d'appels, conditions de travail qui se détériorent, confrontation quotidienne au «morbide» et au «sordide» : expliquant être dépassé par le manque d'effectifs et de reconnaissance, le syndicat appelle de ses vœux l'obtention du statut de la «catégorie active», à savoir la reconnaissance que leur travail est un métier exposé à un risque ou à une fatigue exceptionnelle.
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Ce statut permet notamment un départ à la retraite plus tôt. «Tous les cinq ans, pour ceux qui ont 25 ans de service, on gagne un an de départ avancé à la retraite», précise le secrétaire national des personnels de police technique et scientifique du Snipat, Xavier Depecker, à France Info.
Ils travaillent dans des maisons incendiées, sur des toits, des rails, dans des milieux toxiques ou qui leur sont hostiles, sans arme, sans protection sans escorte, à la merci de malfaiteurs qui reviennent parfois sur les lieux du crime
Les agents de police technique et scientifique - «régulièrement confrontés à la mort» - ne réclament pas donc pas d'augmentation de salaire mais la prise en compte d'une certaine pénibilité, condition sine qua non de l'obtention du statut dont bénéficient déjà aujourd'hui gardiens de la paix, sapeurs-pompiers, infirmiers, surveillants pénitentiaires ou encore contrôleurs aériens.
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A l'appui de sa réclamation, le Snipat pointe la multiplication des astreintes, des interventions à risques et des scènes traumatisantes pour les membres d'une profession qui «représente moins de 2% des effectifs» mais qui «est à l'origine d'un tiers des résolutions d'enquête».
«Ce sont eux qui analysent les traces de stupéfiants sur des billets de banque, les traces de sperme dans les affaires de viols, le sang sur une scène de crime, les ordinateurs et les téléphones saisis chez un terroriste. Ils travaillent dans des maisons incendiées, sur des toits, des rails, dans des milieux toxiques ou qui leur sont hostiles, sans arme, sans protection sans escorte, à la merci de malfaiteurs qui reviennent parfois sur les lieux du crime», détaille encore Xavier Depecker.
A l'appui de leur demande, les agents de la police scientifique déplorent enfin que l'administration leur confie désormais, selon eux, des tâches auparavant dévolues aux officier de police judiciaire, et ce «au détriment de leur sécurité». Une sécurité mise à mal lors des journées de mobilisation des Gilets jaunes, relève d'ailleurs le Snipat : des fonctionnaires de la police scientifique, «mêlés aux manifestants», se seraient ainsi fait gazer «par leurs propres collègues». «Un comble et un scandale !», s'indigne le syndicat.
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