05/01/2019 reseauinternational.net  8 min #150390

Jair Bolsonaro prête serment comme nouveau président du Brésil

Jair Bolsonaro et la corruption au Brésil

par Tony López R

Pour le peuple brésilien, le gouvernement de Bolsonaro, qui commence le 1er janvier, peut apporter des moments difficiles dans la vie politique, économique et sociale.

À quelques heures de la présidence brésilienne, le capitaine et président Jair Bolsonaro se retrouve confronté à un grand scandale de corruption impliquant son épouse Michelle et son fils Flavio, député de Rio de Janeiro et récemment élu au Sénat. Cette affaire est basée sur des enquêtes menées par le Conseil de Contrôle des Activités Financières, une entité du Ministère des Finances qui a détecté des mouvements inhabituels de 305 330 dollars sur les comptes bancaires de Fabricio Queiroz entre 2016 et 2017. Selon cet organisme officiel, la somme d’argent gérée par Queiroz, ancien policier et ami proche du futur président et conducteur et garde du corps de Flavio Bolsonaro pendant 10 ans, était « atypique ».

Bien que Queiroz ait nié être un homme de paille pour la famille Bolsonaro – on ne peut pas expliquer qu’avec un salaire de 3000 mille dollars, il puisse y avoir sur son compte bancaire des sommes en centaine de milliers de dollars -, l’ancien policier a déclaré dans une interview au réseau SBT que cet argent provenait de l’achat et de la vente de voitures, mais il n’a pu clarifier les mouvements d’argent qui font l’objet de l’enquête impliquant la future Première Dame Michelle et son fils Flavio Bolsonaro et à qui il aurait versé de considérables sommes d’argent.

Flavio Bolsonaro et Fabricio Queiroz

Selon le journal argentin Página 12, et selon l’enquête journalistique de Dario Pignotti, correspondant à Brasilia, « cet acte de corruption a donné naissance au Bolsogate brésilien » et selon moi selon la manière dont il influence le système judiciaire brésilien, le président élu peut ou non approfondir l’enquête sur l’existence d’une organisation criminelle présumée formée par Jair Bolsonaro, sa famille et des policiers à la retraite qui forment un gang paramilitaire, dédié au blanchiment de l’argent des pots-de-vin reçus des compagnies de transport, qui financent le clan familial du président, comme le dénonce le député du Parti Travailliste (PT) Rogerio Correia.

Le système judiciaire brésilien a manqué de respecter les principes de transparence, d’impartialité et d’honnêteté dans les décisions prises récemment, toutes contraires aux trois principes énoncés ci-dessus. Le cas le plus connu est celui de l’ancien Président Luis Ignacio Lula Da Silva condamné à 12 ans de prison pour un crime qu’il n’a pas commis et que le tristement célèbre juge Sergio Moro n’a évidemment jamais pu prouver. Tout a été orchestré pour empêcher Lula de se présenter comme candidat à la présidence du Brésil lors des dernières élections, il était nécessaire de l’écarter parce qu’il était favori dans les sondages, maintenant le « célèbre » juge recevra la récompense, si elle devient réelle d’être nommé Ministre de la Justice par le Président Bolsonaro.

Si Sergio Moro est nommé Ministre de la Justice, selon les analystes brésiliens, il ne peut être exclu que le « Bolsogate » soit effacé du processus d’enquête en cours, soutenu par les moyens de communication qui représentent une partie du Cartel de l’Information déjà célèbre et qui entretiennent de si bonnes relations avec le Cartel de la Toga carioca, et l’impunité commencera à prévaloir au Brésil pour le gouvernement fasciste de Jair Bolsonaro.

La crise politique qui se profile pour ce grand pays du sud de notre région se traduit par un mécontentement populaire qui rejette la politique étrangère annoncée par le président élu. Selon le rapport de l’Institut Datafolha, sept Brésiliens sur dix s’y opposent et sont mécontents parce qu’elle donne la priorité aux relations et aux intérêts des États-Unis et se subordonne pratiquement à Washington et aux relations avec Israël.

Selon les informations du Département d’État, le Secrétaire d’État Mike Pompeo assistera à la cérémonie d’investiture du Président Bolsonaro et son programme avec le nouveau président prévoit de renforcer le commerce et les investissements américains avec le Brésil, en particulier dans la technologie, la défense et l’agriculture. En ce qui concerne la politique latino-américaine, Pompeo fera part au nouveau président des préoccupations de son gouvernement quant au danger que Cuba, le Nicaragua et le Venezuela représentent pour la région et des menaces d’une présence accrue de la Chine en Amérique Latine.

Sergio Moro

En réalité, le représentant de Washington connaît bien la position de Bolsonaro sur ces trois pays, la décision de ne pas inviter les gouvernements de Cuba et du Venezuela à son investiture est une position politique et diplomatique répugnante et répréhensible. Son comportement anti-intégrationniste a été démontré lorsqu’il a abordé de manière insultante la question du programme Brésil-Cuba de Mais Médico, qui a provoqué la décision du gouvernement cubain de retirer ses médecins du programme. Selon des responsables de l’Organisation Panaméricaine de la Santé, des agences de santé brésiliennes et l’ancienne Présidente Dilma Rousseff, la politique de Bolsonaro sur le programme Mais Médico aura pour résultat que 60 millions de personnes au Brésil cesseront de recevoir des soins médicaux.

Il est évident que les États-Unis auront en Bolsonaro leur meilleur allié pour combattre l’intégration latino-américaine, déjà érodée par d’autres leaders de la région, comme les gouvernements de l’Argentine, du Chili, mais surtout de la Colombie, dont la politique anti-Vénézuélienne et les provocations constantes peuvent conduire à un conflit armé non souhaité par le Gouvernement et le peuple vénézuelien soutenu par une majorité des gouvernements et peuples latino-américains.

Sur cette voie, les États-Unis auront le Brésil et la Colombie comme alliés forts, pour faire le sale boulot et selon les indications de Washington, depuis que l’Organisation des États Américains (OEA) qui a promu Secrétaire Général de cette organisation, l’Uruguayen Luis Almagro, dont l’expulsion du Front Large le marque comme un être humainement et politiquement abject.

Pour le peuple brésilien, le nouveau gouvernement peut apporter des moments graves et difficiles dans la vie politique, économique et sociale d’après les annonces discriminatoires et exclusives faites par le président, qui se présente aussi comme juge et seigneur de juger quel système et quelle démocratie devraient gouverner nos pays, la même attitude que celle du Président Donald Trump. Le Brésil, qui est une grande nation et qui a toujours joui d’une totale indépendance et contesté l’hégémonie des États-Unis dans la région, sous la présidence de Jair Bolsonaro, deviendra une république bananière méprisable subordonnée à Washington.

Source :  Jair Bolsonaro y la corrupción en Brasil

traduit par Pascal, revu par Martha pour  Réseau International

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