« Ceux qui ont pris tout le plat dans leurs assiettes, laissant les assiettes des autres vides et qui ayant tout, disent avec une bonne figure, une bonne conscience, nous, nous qui avons tout, on est pour la paix, qu'est-ce que je dois leur crier à ceux-là? Les premiers violents, les provocateurs de toute violence, c'est vous et quand le soir dans vos belles maisons, vous allez embrasser vos p'tits enfants avec votre bonne conscience, au regard de dieu, vous avez probablement plus de sang sur vos mains d'inconscients que n'en aura jamais le désespéré qui a pris les armes pour essayer de sortir de son désespoir. » Abbé Pierre
Voilà une parole de l'Abbé Pierre que nous devons méditer et assimiler en conscience. Oui, les Gilets-jaunes ont décidé de protester pacifiquement, mais le Pouvoir qui révèle son véritable visage, a décidé de réprimer par la violence gratuite une contestation de sa politique indéfendable, cruelle et injuste sur tous les plans.
Le peuple Français, qui est solidaire du mouvement des Gilets-jaunes à 80%, est le premier et depuis 40 ans, celui qui souffre en silence et qui attendait le moment où il devrait mettre fin à cette violence gratuite contre lui. La parole de l'Abbé Pierre dit bien ce qui concerne ce peuple des humbles, des petits, des « sans-dents », de ceux qui « ne sont rien » et que la macronie maastrichtienne, « ses journalistes et ses éditorialistes, ses consultants et ses intellectuels, ses artistes et ses comédiens, ses économistes et ses lobbyistes », (Michel Onfray) veut exterminer en réduisant au silence les doléances et le cri unanime de ce peuple qui refuse l'oppression et la tyrannie.
Un macronien, Luc Ferry, a été inspiré par son camp et s'est permis de dire tout haut ce que le Régime macronien pense tout bas :
« Écoutez franchement, quand on voit des types qui tabassent à coup de pied un malheureux policier qui est par terre. Qu'ils se servent de leurs armes une bonne fois. Ça suffit! » Il continue en disant: « On a la quatrième armée du monde elle est capable de mettre fin à ces saloperies. » Luc Ferry a laissé entendre ce que le Régime macronien pense : que la police devrait tirer à balles réelles sur les Gilets-jaunes, mais aussi sur « ces espèces de nervis, ces espèces de salopards d'extrême droite, d'extrême gauche et des quartiers qui viennent taper du policier, ça suffit ».
Rappelons que des journalistes des médias aux ordres ont pu filmer tranquillement des scènes que les forces de l'ordre pouvaient empêcher, mais dont le pouvoir avait besoin afin d'amalgamer les revendications des gilets-jaunes à la violence urbaine!
Selon un journaliste indépendant, David Dufresne, qui recense les violences policières depuis le début du mouvement des gilets jaunes, il comptabilisait 252 signalements documentés (filmés, photographiés) à ce jour. Il était l'invité d'Aude Lancelin, le 7 janvier, dans l'Entretien Libre, sur Le Média. Il disait : « On dénombre 11 morts depuis le début du mouvement, plus de 2000 blessés, dont certaines mutilations très graves, et près de 45 plaintes ont déjà été déposées auprès de l'IGPN. »
A lire aussi, l'enquête du site Reflets : « Les blessés éborgnés par les forces de l'ordre ne le sont pas par accident » (8 janvier 2019).
Le vice-président de l'Association des maires de France, André Laignel, a déclaré que le grand débat national n'avait pour seul motif de la macronie, que « d'associer les élus locaux à l'échec gouvernemental ». A partir de là, il était hors de question que les maires de France participent à l'organisation de cet événement national avec l'équipe du Régime macron chargée d'orienter le débat. Les citoyens allaient eux-mêmes organiser sur le plan local toute l'initiative qui doit être un travail constituant et non pas des discutions sur des questions secondaires qui ne remettront pas en cause le système actuel responsable du désastre social et des graves injustices pénalisant le grand nombre dans tout le pays.
Le Régime macronien sait donc dores et déjà que ce qui appartient à l'initiative du peuple ne sera pas récupéré par le Pouvoir en place et que la direction prise par les citoyens dans leur immense majorité, est contraire à celle qu'entend imposer une nouvelle fois ce Pouvoir dont la légitimité n'est pas reconnue par ce même peuple scandant chaque samedi le slogan « Macron démission »!
Un ministre déclarait : « Si on commence le débat en disant qu'il y a des sujets interdits, les gens vont penser que ça ne sert à rien ». Quatre thèmes ont été fixés par la macronie: « Mieux accompagner les Français pour se loger, se déplacer, se chauffer », « rendre notre fiscalité plus juste, plus efficace, plus compétitive », « faire évoluer la pratique de la démocratie » et « rendre l'État et les services publics plus proches des Français et plus efficaces ». La peine de mort, le droit à l'IVG et le mariage pour tous « ne seront pas sur la table », a finalement annoncé le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, mardi soir, 8 janvier 2019.
On voit dès lors à quel point ce débat imaginé par le Régime en place est aux antipodes de ce qui mobilise le projet citoyen constituant.
Les Français ont déjà largement compris que ce débat organisé par le Régime macronien ne pouvait être que piégé. C'est pourquoi, le peuple va lui-même continuer à donner le ton de ce qui doit être débattu. Déjà les déclarations explicites ont été faites comme celle des 42 propositions annoncées solennellement devant la salle historique du jeu de paume à Versailles et envoyées aux élus sous la forme de « 42 directives du peuple ». Le travail constituant est déjà en route et ce n'est pas maintenant qu'il va être possible de le détourner par des gens qui ne peuvent en rien comprendre ce qui se passe : la macronie est faite de gens du passé qui n'ont rien compris à l'enjeu du présent en croyant pouvoir donner des leçons et orienter un débat qui n'a déjà plus lieu d'être pour la majorité des citoyen de ce pays.
Le peuple fait entendre au Pouvoir en place que ce ne sont pas des mesurettes pour son enfumage qui peuvent changer sa situation de souffrance par l'injustice sociale, mais une réforme fondamentale, celle qui consiste à se réapproprier la citoyenneté constituante et la souveraineté constitutionnelle.
Des pressions du Régime Macron ont poussé la caisse de soutien Leetchi des Gilets jaunes au boxeur Christophe Dettinger, à fermer. La collecte des Gilets-jaunes a donc été brutalement bloquée, car le montant de l'aide apportée à Christophe Dettinger était déjà devenu un symbole de l'immense popularité accordée à un Gilet-jaune engagé depuis le premier acte dans les manifestations parisiennes. Renaud Muselier (LR) a quant à lui pris l'initiative d'organiser une caisse similaire de « soutien aux forces de l'ordre », toujours chez Leetchi. Les montants extravagants qui y ont été déposés durant la nuit, à une vitesse invraisemblable, ne faisaient que révéler la supercherie de l'initiative qui consistait à montrer que le peuple manifestait son écrasante solidarité avec les forces de l'ordre qui devenaient ainsi les héros de la République agressée par une « foule haineuse », «désapprouvée par la majorité silencieuse.»
Puis cette caisse bidon a disparu elle aussi des radars. Leetchi a tout fermé, afin de se refaire sans doute une virginité!
Tout cela démontre à quel point le Pouvoir en place a la « phobie du peuple », à quel point il est violent, dominant, à quel point il porte en lui-même la volonté de soumettre, d'étouffer, de réduire au silence, de mater, de dresser les citoyens à l'amour de leur soumission. C'est la seule réponse qu'il peut donner. Ce qu'il pense tout bas sans oser le dire ouvertement, c'est son désir ardent de passer à l'acte dans la réalité de la criminalisation des Gilets-jaunes en faisant tirer à balles réelles sur le peuple, comme Adolphe Thiers l'avait fait contre les insurgés de la Commune de Paris en mai 1871.
Le mouvement des Gilets-jaunes doit rester insaisissable en refusant d'entrer dans le moule d'un parti ou d'une association. Il doit refuser la participation à une liste pour des élections qui aurait pour principal effet de nommer des têtes ensuite facilement neutralisables.
Macron a déclaré le 11 janvier 2019, lors d'un point de presse devant les maîtres boulanger : « Trop de concitoyens pensent qu'on peut obtenir sans qu'un effort soit apporté. » « Trop de Français n'ont pas le sens de l'effort!»
Macron s'adressait-il aux actionnaires des entreprises du CAC40 qui ont empoché 57 milliards d'euros en 2018 sans rien faire? (Cf., article des Échos)
Monsieur Macron peut-il nous expliquer, comment des milliers de Français se mobilisant chaque jour sur les ronds-points, et les samedis dans les villes de France, et cela dans le froid, dans la pluie, dans la privation et le sacrifice de leur vie familiale, subissant la violence policière, blessés, maltraités, humiliés par ce pouvoir arrogant, arrêtés et mis en détention, si ce peuple là n'a pas le sens de l'effort?
Pauvre monsieur Macron qui me fait vraiment pitié, tellement son illusion est profonde et probablement incurable!
De son côté Castaner a déclaré à son tour que « manifester c'est être complice avec les violences ». Qui osera encore nous parler de la « démocratie française » et nous abreuver de mensonges grotesques sur ses « droits de l'homme » bafoués avec tant de cynisme?
Si c'est une stratégie volontairement mise en place par le Régime Macron, c'est irresponsable et la violence est le parti pris de ce Régime autoritariste anti démocratique. Si ce n'est pas une stratégie, c'est une inconscience et aussi la révélation d'une grave irresponsabilité de la part de récidivistes de l'arrogance et du mépris.
Macron ne se rend pas compte du tout que ses a priori forment une base indiscutable, non remise en cause en soi, et qui fondent tout le raisonnement logique suivant et de son discours violent et de sa politique insensée, non pas pour lui et sa caste, mais pour le grand nombre.
Il est évident que si mon a priori c'est de dire que « le soleil tourne autour de la Terre et non pas l'inverse », ou si vous préférez, que «l'économie est au service du Capital et non pas le capital au service de l'économie », ou encore que «c'est le capital qui détermine l'économie et non pas l'économie qui détermine le capital », il est clair dans ce cas là que je serai obligatoirement amené à dire que ce sont les banques et les grandes entreprises multi nationales qui décident, qui donnent le ton, qui président à la richesse pour elles-mêmes et non pas le travail créatifs des travailleurs. Les travailleurs sont donc transformés en « employés » qui doivent se vendre avant de « produire » une rentabilité pour le capital, afin que les actionnaires puissent empocher le trésor des milliards venu de la sueur du peuple qui a été « employé » à l'enrichissement des exploiteurs de la caste du capitalisme totalitaire des profiteurs d'en haut.
Avec son a priori, il est normal que Macron puisse déclarer « qu'on n'obtient rien sans faire des efforts! » Ce raisonnement démontre parfaitement à quel point Macron pense que la richesse c'est le capital qu'il faut acquérir et mériter en se vendant au capitalisme et en vendant son travail comme une marchandise.
Mais monsieur Macron, il ne s'agit pas de marchander la vie, il ne s'agit pas de faire du profit, il ne s'agit pas d'obtenir le droit de vivre, il ne s'agit pas de mendier aux banques les moyens d'exister, ni de se vendre aux grandes entreprises, il ne s'agit pas d'efforts à faire, d'austérité à subir, de sacrifices à déposer aux pieds du dieu financier pour attirer sa clémence et sa récompense, il ne s'agit pas de rapports marchands, il s'agit de vie, d'énergies : d'un côté humaine et de l'autre naturelle qui se mettent en rapport, il s'agit de subvertir ce capitalisme pervers afin de le rendre sain en le remettant au service de l'humain et non plus l'inverse, comme c'est le cas dans le modèle occidental actuel depuis 1976...
« Jamais autant de possibilités matérielles et culturelles n'ont été mises à notre disposition en faveur d'une émancipation entraînant le dépassement du capitalisme pour nous faire sortir d'une aliénation archaïque et prédatrice : celle où la loi de la jungle, comme contexte réputé infranchissable de la condition humaine, soumet les rapports sociaux à la sujétion du salariat, à la quête victimaire de survie au sein d'une concurrence impitoyable. » (Bertrand Chédotal)
Macron est à côté de la plaque, parce qu'il raisonne à l'intérieur de son enfermement idéologique ultra libéral. Il est clair que ce garçon avec la cohorte des adorateurs du monothéisme parasitaire financier, va rester absolument convaincu d'avoir raison, tout comme les grands Inquisiteurs de l'Église catholique étaient absolument convaincus que Galilée délirait lorsqu'il affirmait que c'était la Terre qui tournait autour du soleil et non pas l'inverse! Non, moi Macron, banquier de chez Rothschild, je prétends avec tous les sectaires du fascisme ultra libéral que « c'est le soleil qui tourne autour de la Terre », que « c'est l'économie qui dépend du Capital et non pas le Capital de l'économie»!
Dans ces conditions là, il est certain que nous n'allons pas nous en sortir. Macron ne comprend pas que son regard formaté par le logiciel bancaire est obsolète. Il ne s'agit pas de continuer à fonctionner dans ce mensonge du marchandisme ultra libéral. Il faut sortir de cela, monsieur Macron, car nous avons compris que votre vision des choses est une erreur absolue, une errance provoquée par la pathologie égocentrique de quelques prédateurs! Nous avons compris qu'il était temps de mettre le holà sur les agissements et le carnage provoqué par ce renard qui a été lâché dans le poulailler en 1976 à la Jamaïque! Nous avons compris que le chômage de masses et tous les autres malheurs de notre société mondialisée provenaient de cette cause identifiée comme un mal à éradiquer désormais si nous ne voulons pas obtenir les mêmes effets terminaux, c'est-à-dire une troisième guerre mondiale à l'image et bien plus violente encore que celle qui avait suivi la crise de 1929, dont les causes étaient semblables à celles qui nous détruisent aujourd'hui.
Ce que les Français sont entrain de vous dire c'est que cette logique aberrante a démontré sa limite extrême et qu'il n'est plus possible d'aller encore plus loin dans cette aberration qui n'est « géniale » que pour votre caste de prédateurs qui n'a jamais été aussi riche ni aussi confortablement installée dans l'indécence du ruissellement de la richesse sur elle toute seule!
Selon le 10e baromètre annuel de la confiance du Centre d'étude de la vie politique (Cevipof), réalisé par l'institut OpinionWay entre le 13 et le 24 décembre 2018, et publié par le Figaro, 73% des Français ne font pas confiance aux médias ; 70% des sondés ne font pas confiance aux banques ; 88% sont en colère à l'égard de leurs élus.
Voilà le bilan et monsieur Macron continue de se poser la question : « quel peuple les Gilets-jaunes représentent-ils?» Mais, monsieur Macron : le peuple Français.
Les Gilets-jaunes, c'est le peuple Français, Majesté, pas une peste brune ni une rougeole venue de l'Est! Ce peuple vous a tendu la main, à vous et à vos prédécesseurs, depuis un certain temps et aujourd'hui il vous adresse « ses directives », car il ne vous demande plus votre avis.
Jean-Yves Jézéquel
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