© Twitter : 𝕏 @LeNombreJaune
Baromètre de l'évolution du mouvement, le taux de participation aux actes successifs des Gilets jaunes est régulièrement annoncé par le gouvernement. Dénonçant une minimisation des chiffres, la page Facebook «Le Nombre Jaune» contre-attaque.
La page publique Facebook « Le Nombre Jaune - Compteur de MANUfestations» a publié, au lendemain de l'acte 10 du mouvement des Gilets jaunes, son «décompte définitif» de la mobilisation, estimant que 147 365 manifestants avaient battu le pavé ce samedi 19 janvier. Un chiffre qui contraste avec les 84 000 manifestants annoncés plus tôt par le gouvernement. De fait, estimant que «les chiffres donnés par le ministère de l'Intérieur sont minimisés», le groupe Facebook privé lié à la page, où s'organise le comptage, décrit ainsi sa démarche : «Proposer une alternative aux médias qui n'auront plus l'excuse de l'interlocuteur unique».
facebook.comPour arriver à un tel chiffre, les administrateurs du groupe se sont appliqués à recenser l'ampleur des mobilisations locales, encourageant les contributeurs à détailler toute information communiquée dans le groupe : «Il faut impérativement que vous nous fournissiez la source (médias locaux) ou preuves de l'information (vidéos, live, photos...)». En découle ainsi un tableau Excel qui a été diffusé publiquement.
facebook.com«L'un est pharmacien, l'autre professeur dans l'Education nationale. On trouve aussi parmi les administrateurs un gestionnaire de compte» : contactés par Le Figaro, des administrateurs de la page ont détaillé leur méthodologie. L'un d'entre eux rapporte par exemple l'existence d'«une quarantaine de référents départementaux», affirmant «les trier et les tester» en comparant différents relevés. «Maintenant, on va pouvoir ajouter des pièces jointes au fichier, avec nos sources vidéos et photos» confie-t-il.
De son côté, une «référente originaire de l'Isère» affirme qu'avant de faire remonter des données, elle étudie des photos et des vidéos envoyées «par des personnes de confiance sur les manifestations».
Retour vers la traditionnelle bataille des chiffres ?
La question du comptage est d'autant plus importante que les seuls chiffres officiels du gouvernement sont régulièrement repris dans le paysage médiatique, et utilisés comme point de départ d'analyses sur l'évolution de la mobilisation. Par ailleurs, en raison du caractère inédit du mouvement, aucun syndicat n'est à même de fournir ses chiffres, comme cela pouvait être le cas par exemple, lors des manifestations contre la loi travail organisées par la CGT. Mais, alors que l'exécutif français est directement visé par le mouvement citoyen, d'aucuns l'accusent aujourd'hui de «minimiser» les chiffres.
A titre d'exemple, à l'issue de l'acte 7, alors que le chiffre officiel de 12 000 manifestants avait largement été avancé pour expliquer «une décrue» du mouvement citoyen, un pointage des chiffres de 34 villes permettait dans le même temps d'atteindre au moins 20 180 manifestants.
Si la pertinence de la méthodologie appliquée par «Le Nombre Jaune» reste à analyser sur le plus long terme, le fait même que le mouvement citoyen s'organise pour fournir des données chiffrées pourrait dorénavant permettre aux médias d'offrir un point de vue alternatif aux annonces gouvernementales. A l'instar de la traditionnelle bataille des chiffres entre organisations syndicales et forces de l'ordre lors manifestations classiques.
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