05/03/2019  6min #153035

Le cinquième État

(Je reprends une idée lue dans un livre)

A l'aube de la révolution française la-dite Noblesse était une petite ploutocratie détenant les richesses et tenant les peuples en esclavage ; le Clergé était la faction religieuse s'étant gardée jalousement les enseignements de Jésus qui pourtant avaient le pouvoir d'inspirer une évolution scientifique et morale, et a sciemment distordu et amputé ces enseignements ; Le Tiers-Etat était tous les autres, les misérables, qui finirent par s'unir pour concrétiser une déclaration des Droits de l'Homme.

Puis est apparu un quatrième État, le prolétariat, constitué des travailleurs qui produisent les richesses du monde mais n'en profitent jamais, et qui n'ont aucun contrôle sur la politique. Et aujourd'hui apparaît un cinquième État, qu'on pour aisément dénommer les pouilleux du monde, un milliard de personnes mourant perpétuellement de faim, les déshérités, les enfants de la guerre, les villages éradiqués, et dans les pays riches on y inclue les chômeurs, les réfugiés, les vieux délaissés, les mendiants, les malades, les attardés mentaux et les brisés de la vie. Il n'est pas besoin d'étendre beaucoup ce cercle pour y inclure les Gilets-Jaunes, qui ont la charge des travaux les plus ingrats et les moins payés.

C'est de ce Cinquième État que les Gilets-Jaunes sont les porte-parole et pour lesquels ils représentent un espoir. Ou plutôt il faudrait dire "qui représenteraient" un espoir s'ils étaient connus et si l'information pouvait circuler librement entre les pays, ce qui n'est absolument pas le cas, puisque même dans les pays limitrophes peu on entendu parler des GJ ou alors, en de si mauvais termes qu'ils n'y prêtent aucune attention.

Ce cinquième Cercle a de plus que celui du prolétariat de pouvoir unir les hommes et les femmes de tous les pays et de toutes les origines dans un projet commun qui consiste à recherche l'égalité sociale, de pouvoir faire manger tout le monde à sa faim, de lutter contre l'accaparement des terres et la pollution, contre la privatisation des richesses naturelles et des biens de production, de réduire la présence de l'état dans les activités privées et de lutter contre la réduction des Droits de l'Homme. Ils sont à la recherche d'une paix et d'une solidarité universelle, d'un progrès technique et d'un rapport à la nature qui soit inclusif, et holiste.

Une société des hommes libres doit naître, composée des sages qui se sont distingués dans la sauvegarde de la solidarité et de la paix. Ce cinquième état se considère d'ores et déjà comme le serviteur des besoins des autres et se résout à rejeter les attitudes de recherche de pouvoir. Ils désirent être sous l'égide d'une organisation horizontale et transparente, avec de nombreux centre à l'échelle locale, régionale, nationales et globale. Leur plus ardent désir est d'assumer les besoins fondamentaux des peuples que les gouvernement n'ont pas pu assumer.

Et aujourd'hui, ce Cinquième État en devenir est porté à bout de bras aux yeux du monde par les Gilets-Jaunes. Contrairement à ce que les gens des cercles intégrés au système marchand s'imaginent, ils ne veulent pas prendre leur place et ne regardent pas "vers le haut", de façon stérile et aberrante. Ils proviennent du fin fond de la base de l'échelle sociale humaine et montrent leur capacité de s'unir et de se tenir la main, exactement selon les souhaits des Droits de l'Homme. Ils refusent d'être représentés par quiconque qui tenterait de se distinguer afin d'entrer dans la cour des loups ; Quand on leur demande leur nom ils répondent invariablement "Camille" (1).

Ce cinquième État a la capacité de s'organiser rationnellement et, en tnt que producteur de richesses, de choisir librement la façon dont elles sont utilisées. Il a tout le pouvoir et la légitimité avec lui, et doit seulement faire face à la réticence des possédants et de leurs sbires, admirateurs, et autres citoyens qui aimeraient se croire du côté des riches, alors que la vraie richesse, c'est là qu'elle est.

*

A partir de là il y a un constat nouveau qui se fait jour, selon lequel la période de notre histoire nommée "obscurantisme" où les peuples étaient vicieux, brigands, extrêmement incultes, sauvages, sujets à la superstition et réceptifs aux récits irrationnels, n'était pas une époque évolutive de l'homme naissant. L'homme était né en tant qu'être doué de conscience depuis quatre millions d'années, trente-cinq à soixante-dix mille ans pour la science officielle contemporaine, et six-mille ans pour les gens de l'église. Ce n'était pas une phase évolutive de la progression de la conscience humaine, c'était clairement et objectivement le résultat d'une volonté du Clergé de maintenir les peuples dans l'ignorance et la sauvagerie. Aujourd'hui cet état de fait, selon lequel l'obscurantisme n'était pas une étape évolutive normale mais une domination des peuples qui les a fait au contraire régresser, est parfaitement évidente et logique. Ceci ouvre une voie de compréhension à propos du monde d'aujourd'hui, constitué d'un cinquième État maintenu sciemment dans la misère.

Plus récemment je me souviens avoir été contemporain de Coluche qui se présentait à la Présidentielle en clamant très exactement ce qu'est le cinquième État d'aujourd'hui, il l'avait déjà compris, en nommant "les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédés, les femmes..." (sic !). qu'il conviait à se rallier à lui. Et c'est ce qui s'est finalement produit quand il a atteint des intentions de vote de près de 15% de la population. Et quand il s'est rétracté en disant que ce n'était qu'une vaste blague, on ne peut que comprendre qu'il n'aurait jamais osé insulter aussi vertement ceux qu'ils venait de traiter d'imbéciles et de malades, mais plutôt qu'il y a été contraint.

Tout cela laisse subodorer que la période qui s'ouvre à nous a tendance à voir se faire réinstaurer une Terreur, et un obscurantisme, en dépit du fait que le technologie permette d'accélérer et de fluidifier, de multiplier et de densifier les communications entre les gens. Il est clair que ce vol d'information utile au développement évolutif normal des peuples peut encore avoir lieu. Et force est de constater que les GJ n'ont aucun droit à la parole publique, et que seule leur action militaire peut être entendue, c'est à dire de manifester leur présence et leur existence, encore et encore, jusqu'à ce que se déclenche un mouvement de masse en faveur de la réappropriation du destin collectif. Car dans la vie, et cela ils ne le savent que trop bien, on n'a rien facilement, surtout quand on fait face à une dictature ; ce que les faits démontrent.

(1) lire :  Les mouvements sociaux face à la crise de la représentation

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