15/07/2019 europalestine.com  6 min #159188

Comment Israël manipule la lutte contre l'antisémitisme

A ceux qui nous traitent d'antisémites

Benjamin Netanyahu, qui est devenu l'ami de tous les gouvernements antisémites et révisionnistes d' Europe centrale et de l'Est a rencontré la semaine dernière le dirigeant d'un parti politique ukrainien qui compte dans ses rangs des ultra-nationalistes et des néo-nazis.


Netanyahou reçoit Oleh Lyashko du Parti « radical » ukrainien le 10 juillet dernier à Jérusalem.

Oleh Liachko du Parti radical ukrainien était en visite mercredi dernier à Jérusalem et il est montré serrant la main de Benjamin Netanyahu dans une vidéo publiée sur Twitter par le Bureau du Premier ministre.

Ce parti comprend le nationaliste Yuri Shukhevych, fils du collaborateur nazi, Roman Shukhevych, dont les troupes se sont rendu coupables de crimes de guerre contre les Juifs durant la Seconde Guerre mondiale.

Parmi les autres députés de la formation : Artyom Vitko, filmé en 2015 en train d'entonner une chanson à la gloire d'Adolf Hitler, dont certaines des paroles disaient « Adolf Hitler, avec nous, Adolf Hitler, en chacun de nous, et un aigle avec des ailes de fer viendra nous aider quand il le faudra ».

Oleh Liachko a lui-même fait l'objet d'une polémique après avoir fustigé le président ukrainien d'alors, Petro Poroshenko, qui s'était excusé pour la collaboration des Ukrainiens pendant le génocide des Juifs lors d'une visite d'État à Jérusalem en 2015. Les commentaires de ce dernier étaient une « humiliation » pour l'Ukraine, avait alors accusé Oleh Liachko, pour qui, le chef de l'État « proclamait l'infériorité de son peuple ».

Après la défaite de Petro Poroshenko face à Volodymyr Zelensky aux élections présidentielles de cette année, Oleh Liachko avait accusé également l'acteur juif entré en politique de « manquer de patriotisme ».

Mais Israël exporte néanmoins des armes aux dirigeants ukrainiens d'extrême-droite souligne le magazine israélien d'opposition +972.


Un soldat du bataillon Azov maniant une lourde mitraillette près de Mariupol en Ukraine. (Carl Ridderstråle/CC BY-SA 4.0)

Un groupe de militants israéliens de défense des droits de l'homme a d'ailleurs déposé plainte auprès du tribunal de Tel Aviv en juin dernier pour demander l'arrêt de ces exportations d'armes vers les milices néo-nazies ukrainiennes, et notamment vers le bataillon Azov, dont l'idéologie est ouvertement néo-nazie.

La seule réponse de Netanyahou a été de sommer le tribunal d'émettre une interdiction d'aborder publiquement ce sujet (« gag order ») et de tenir ses audiences à huis clos.

Dans un entretien avec le Times of Israel publiée jeudi, l'historienne américaine, Deborah Lipstadt, a qualifié Benjamin Netanyahou d'hypocrite, lui reprochant d'avoir un « gouvernement dont la politique est de se montrer gentil avec le gouvernement polonais, qui essaie de réécrire l'histoire de la Shoah, et avec un gouvernement hongrois qui s'est lancé dans l'antisémitisme ».

Récemment le même Netanyahou déroulait en effet le tapis rouge à Victor Orban, le premier ministre hongrois d'extrême-droite, lors d'une visite deux jours à Jérusalem, en le présentant comme un « ami d'Israël ».


Le même Orban qui avait vanté l'an dernier les mérites de Miklós Horthy, dirigeant qui introduisit des lois contre les Juifs et collabora avec les nazis pendant la seconde guerre mondiale.

Et en avril dernier, Viktor Orban, faisait une campagne d'affichage pour dénoncer le milliardaire juif hongrois George Soros, avec le slogan « Soros : rira bien qui rira le dernier » et en l'accusant "de préférer la spéculation sur l'argent au véritable travail », ou encore de « faire partie de ces gens qui n'ont pas de patrie mais qui se croient partout chez eux ». Un vocabulaire que n'aurait pas renié Hitler...
Orban qui s'est fait le champion d'une Europe chrétienne, et qui a déclenché à plusieurs reprises les protestations des 100.000 Juifs qui vivent en Hongrie en raison de ses déclarations antisémites. Parmi celles-ci sa qualification d' « homme d'État exceptionnel » concernant Miklos Horthy, le Nazi qui a envoyé 500.000 Juifs hongrois dans les camps de la mort d'Hitler.

Mais ce Viktor Orban a de "bons côtés" : il s'est notamment abstenu aux Nations Unies lors du vote qui a massivement rejeté la décision de Trump de déménager son ambassade à Jérusalem.

Tout comme la République Tchèque et la Roumanie, il a par ailleurs permis d'écarter une déclaration de l'Union Européenne critiquant cette décision étasunienne.

Et le Premier ministre israélien n'a pas hésité à participer en février dernier à une conférence sur le Moyen Orient en Pologne avant de recevoir les dirigeants du Groupe de Visegrád en Israël.

Mais ceci n'empêche pas Netanyahou de comparer l'Iran aux Nazis en 1936, à propos de l'uranium enrichi.

Cela ne l'empêche pas non plus de sommer les gouvernements et institutions du monde entier d'adopter une définition de l'antisémitisme criminalisant « toute critique d'Israël qui pourrait inciter à la haine de cet Etat » ou toute critique du sionisme, ce racisme qui justifie l'expulsion et l'exclusion des Palestiniens de leur propre terre, uniquement parce qu'ils ne sont pas juifs.

Mais comme le souligne Joseph Massad, professeur à l'Université de Columbia aux USA, « cette stratégie qui consiste à assimiler l'antisionisme à l'antisémitisme, vise en réalité à masquer l'alliance entre le vieil antisémitisme que le mouvement sioniste a toujours considéré comme un allié, depuis les années 1890 jusqu'à maintenant, comme on peut le voir dans les alliances entre le gouvernement israélien et des dirigeants comme Viktor Orban. »

(Traduit par CAPJPO-EuroPalestine)

Sources :  972mag.com
The independent, Times of Israël et  electronicintifada.net

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