Dans une rue vide de Toulouse, cinq observateurs de la LDH, de la fondation Copernic et du Syndicat des avocats, ont été malmenés par les forces de l'ordre à coup de gaz lacrymogènes, de matraques et d'insultes. Vidéos.
«Je vous emmerde la LDH», «vous nous p**** les c*******», voilà ce qu'a répondu un agent des forces de l'ordre à un observateur de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) des pratiques policières qui protestait contre la façon dont lui et ses camarades venaient d'être malmenés en marge de la manifestation des Gilets jaunes lors de l'acte 46 à Toulouse le 28 septembre.
Alors qu'ils se trouvaient en compagnie d'un seul manifestant, dans une rue vide, ces cinq observateurs, mandatés par la LDH, la fondation Copernic et le Syndicat des avocats de France, ont été sommés de se disperser avant d'être rapidement aspergés des gaz lacrymogènes et, pour certains, frappés à coups de matraques. C'est ce dont ont témoigné des observateurs et notre journaliste Frédéric Aigouy qui a filmé les scènes. Lui aussi a été pris à partie malgré son identification claire comme journaliste.
Contusions et côte fêlée
Trois observateurs ont été touchés, deux ayant reçu des coups de matraque et l'un souffrant de «contusions et d'une côte fêlée», a confirmé la LDH de Toulouse au HuffPost.
Répondant à notre journaliste, un membre des observateurs de la LDH raconte : «il n'y avait que nous et un manifestant. On était près d'eux comme d'habitude puisque pour observer, il faut être près. Ils ont fait des sommations, disant : tout le monde y compris vous, or, tout le monde c'était nous».
«Il y a un de nos camarades qui a mal aux côtes, le manifestant a pris un coup de matraque, je l'ai vu», raconte encore le militant des droits de l'Homme.
La scène a été filmée par notre journaliste Frédéric Aigouy qui a reçu lui-même, par deux fois, des coups de matraque de la part de deux agents des forces de l'ordre, à quelques secondes d'intervalle, alors qu'il leur signifiait qu'il était de la presse.
La Ligue des droits de l'Homme a immédiatement publié un communiqué. «Insultés, menacés, gazés, frappés alors qu'ils ne faisaient que remplir la mission qui leur a été confiée par leurs organisations», lit-on dans le texte partagé par la LDH qui s'interroge sur degré de contrôle de la hiérarchie de la police.
La LDH rappelle à cette occasion que, dans un courrier du 25 septembre, à l'attention du Préfet et du directeur de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP), les membres de l'Observatoire toulousain des pratiques policières interpellaient ces deux plus hauts responsables locaux de l'ordre public sur le traitement qui leur est réservé par les policiers sur le terrain.
Environ un millier de personnes ont battu le pavé à Toulouse le 28 septembre et la police a, à plusieurs reprises, fait usage de gaz lacrymogènes et d'un canon à eau.
Les forces de l'ordre ont été la cible de «projectiles, d'outrages et d'injures» et ont procédé à cinq interpellations, selon un communiqué de la préfecture.
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