03/10/2019 reseauinternational.net  7 min #162484

La Chine, de Mao à nos jours : un bilan époustouflant

Que pensent les Etats-Unis de la célébration de la révolution chinoise ? Que devrions-nous en conclure?

Voici ce que déclare National interest, la revue géostratégique et militaire des Etats-Unis :

« Le chef suprême Xi Jinping vient de présider le défilé militaire le plus important et le plus impressionnant de l'histoire du monde. L'occasion de commémorer le soixante-dixième anniversaire de la République populaire de Chine (RPC), qui venait de dépasser d'un an la durée de vie de l'Union Soviétique. Le défilé a en effet présenté de nombreuses réalisations technologiques militaires dépassant de loin les efforts antérieurs de l'Union Soviétique. Faisant preuve d'une détermination sans faille, Xi a souligné que la Chine » continuait à œuvrer pour l'unification complète de notre pays «.(1)

L'article décrit des missiles balistiques tous capables d'atteindre les États-Unis : le missile balistique hypersonique Dongfeng-17 (DF-17) doté de capacités nucléaires pouvant dépasser le système de défense antimissile des États-Unis. À sa vitesse élevée et à son système qui permet de lancer le lancement des ogives de manière autonome, il ajoute sa capacité à voler à basse altitude. Le nouveau Dongfeng-41 (DF-41), d'une autonomie pouvant aller jusqu'à 15 000 kilomètres, fait de la Chine le seul pays à utiliser simultanément trois types de missiles balistiques intercontinentaux. On estime que Dongfeng-41 pourrait atteindre les États-Unis en 30 minutes. La plus grande partie du territoire des États-Unis est également à portée du missile modernisé Dongfeng-31AG, capable de traverser plus de 11 200 kilomètres, une autre des armes présentées lors de cette journée par l'Armée de libération du peuple.

Et de là, l'auteur de l'article avoue sans état d'âme que les États-Unis ont eu bien raison de dénoncer unilatéralement le traité de limitation de l'armement nucléaire vu que le principal adversaire, à savoir la Chine était désormais beaucoup plus en avance et n'avait pas à tenir compte de la limitation. Voilà qui est clair ou devrait être clair pour ceux qui ont cru bon de renvoyer dos à dos Poutine et Trump dans cette affaire comme dans d'autres.

L'article à l'inverse de notre presse docile ne s'intéresse pas à Hong Kong et aux « démocrates » qui seraient si menaçants que le défilé aurait eu lieu sous une tension extrême (Ouest-france est pas mal dans le genre, mais il y en a d'autres) (2), non il dit le message envoyé par Xi jimping aux Etats-Unis et leurs alliés vassaux : « Nous ne laisserons plus jamais remettre en cause la souveraineté de la Chine y compris sur Taïwan. Le temps de la guerre de l'opium, du dépeçage néo colonial c'est terminé ». Ce message est celui que le sud adresse aux pillards séculaires. Il est déjà celui que Cuba adressait aux Etats-Unis qui voulaient inspecter leurs missiles, surveiller leurs navires: « charbonnier est maître chez lui et je ne vois pas pourquoi Cuba n'aurait pas droit à ce principe de souveraineté qui est le même pour tous ».

Voilà pour le renversement de perspective qui est partagé par bien des pays qui ne sont pas marxistes ni léninistes et qui peut désormais être jeté à la face de ceux qui se croient encore des droits que les autres n'auraient pas. L'alliance est large, sur le modèle des non alignés, on comprend mieux pourquoi la Chine ne prétend pas changer les gouvernements tout en revendiquant son appartenance au sud.

Ceux qui s'interrogent sur le fait de savoir si la Chine est oui ou non capitaliste doivent se dire que l'impérialisme lui ne s'y trompe pas et c'est à l'Union Soviétique qu'est comparée la Chine... Qu'il y ait là comme le prouve le reste de l'article un objectif trivial, celui de favoriser une nouvelle vague d'armement nucléaire des États-Unis contre la résurrection du véritable ennemi, le socialisme, et l'imposition à leurs vassaux alliés de fournir des forces subalternes mais coûteuses, c'est vrai, mais peut-être faut-il également mesurer que le capitalisme se conduit désormais comme la féodalité après la révolution française.

Souvenez-vous de Metternich déclarant à propos de Napoléon « c'est Robespierre plus la grande armée ». L'important fut de le conduire à Waterloo, mais même après cela leur monde était terminé. Est-ce que après avoir mené à Waterloo l'URSS, leur monde n'arrive plus à rejouer la partie qu'il a crû gagner. Ils n'en sont pas moins extraordinairement dangereux parce qu'ils n'ignorent pas que c'est la fin. C'est par rapport à cela que nous devons entendre la résolution qui s'est votée au parlement européen, elle est destinée à attaquer ceux qui résistent à leurs politiques néo-libérales, à leur volonté belliciste, et ils sont désignés « les communistes », pas n'importe lesquels ceux qui ont mené la lutte antifasciste. Parce que la souveraineté des peuples passe par l'anti-fascisme. Mais il y a aussi la dimension géostratégique, la guerre qu'ils ont déjà commencée et les ennemis désignés. parce qu'il faut bien faire l'effort de comprendre que la guerre a été imposée à des tas de pays ne serait-ce que sous la forme dernière des révolutions de couleur avec au nom des droits de l'homme le « droit d'ingérence » et que des pays entiers vivent cette guerre, souvent provoquée par l'asphyxie des sanctions, des blocus. Nous avons déclaré la guerre depuis longtemps au reste de la planète.

L'URSS paradoxalement appartenait au monde occidental pour une part et à ce monde pour une autre part, mais la Chine a pleinement vécu le dépeçage et le fascisme des pilleurs jusqu'à celui du japon. Le communisme s'est combiné avec cette revendication à la souveraineté mais aussi au développement accéléré, d'où le jeu entre socialisme et marché.

Le générique du documentaire chinois sur la chute de l'URSS
© DR

Parce qu'un des enjeux les plus essentiels c'est de baser la résistance et même l'offensive anti-impérialiste sur la créativité, sur le développement scientifique et technique, à la fois combler le vide qui continue à exister avec l'Amérique mais aussi en profiter pour mettre en œuvre un autre modèle, c'est pourquoi la question du climat et de l'environnement devient un enjeu central avec l'avantage que la transformation part de la nécessité de s'appuyer sur l'adhésion populaire et pas contre ce qui lui est nécessaire. Cela suppose plus de socialisme.

La conscience de cette situation distingue un peuple politisé de celui que l'on a abruti.

Je crois que nous avons du mal à mesurer la manière dont le monde est en train de se transformer, pourtant ce serait utile de la part des communistes au moins. Il ne peut pas y avoir de stratégie révolutionnaire sans connaissance de cette réalité en mouvement dans laquelle l'ancien monde bascule et un parti communiste qui n'a pas de stratégie révolutionnaire est parfaitement inutile et s'efface. Et c'est d'autant plus préoccupant que nous sommes justement dans la partie la plus faible de ce capitalisme en train de basculer vers le néant.

Danielle Bleitrach

(1)  nationalinterest.org

(2) Alors que le président Xi Jinping s'adressait à ses concitoyens, déclarant qu ' »aucune force ne peut ébranler le statut de la Chine » et freiner ses progrès, une nouvelle série de manifestations anti-gouvernementales défiant Pékin s'est déroulée à Hong Kong.Le groupe de manifestants le plus important a pris une large avenue dans le centre de Hong Kong et a scandé des slogans contre le Parti communiste. Pour sa part, Carrie Lam, chef du gouvernement de la région administrative spéciale de la Chine, a assisté au défilé à Beijing pour montrer son unité avec le parti au pouvoir.

source: histoireetsociete.wordpress.com

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