J'ai longtemps attendu avant de m'intéresser à la Communication non violente avec Marshall Rosenberg 3h00 en françaisCommunication non violente avec Marshall Rosenberg 3h00 en français malgré la récurrence de ce conseil (qui ne m'était pas destiné). J'avais déjà longuement étudié le thème de la viralité psychologique et en particulier sa violence et ses effets. Il m'a bien fallu [dans la vie] apprendre à désarmer les douleurs qui président à ces agressions dialectiques qui représentent une grande majorité des échanges verbaux. Sans compter toutes les affirmations sensées enfoncer le clou d'hypothèses erronées.
Si on veut rénover le monde un des premiers champs d'étude est cette violence incrustée dans la moindre expression populaire, et qui stérilise toute recherche de paix. Ces techniques de virulence sont bien connues très utilisées par les armées de trolls, financées et formées par de hautes sphères.
Un jour, pour faire un cadeau j'ai cherché un livre sur la CNV avant de me raviser en voyant qu'il siégeait au rayon "développement personnel", là on on trouve toute une clique de coachs en acceptation de la dictature, tels que je peux en voir des fois en train d'outrageusement insulter ou complimenter leurs clientes pour qu'elles fassent vibrer leur graisse. Et puis ça pouvait être perçu comme une accusation implicite, une violence, rien que d'offrir ce livre.
Finalement j'ai suivi une conférence de Marshall Rosenberg, l'initiateur de tout un courant de pensée qui s'est très vite répandu à travers le monde sous des formes aussi diverses qu'il est possible d'appliquer les principes de la non-violence dont il a défriché les mécanismes.
Il y a que la méthode de résolution de conflits dans un couple s'applique parfaitement à celui de résolution de conflit de guerre (ce pas franchit devrait valoir à Rosenberg un prix nobel de la paix). Le principe fondamental peut se résumer dans le terme qui consiste à "connecter" les gens par le cœur. En fait au niveau procédural ça consiste à établir un dialogue qui ne parte pas dans tous les sens, mais qui soit dirigé, contrôlé, organisé, et finalement c'est tout ce qu'il faut pour qu'il soit constructif, plutôt que destructif ; et à la fois les germes et les conclusions de mauvaises analyses. Il y a que si on introduit, par mégarde, de nouveaux concepts dans une discussion on la complexifie sans finalement résoudre les questions restées latentes, et cette la multiplication fait perdre tout espoir de résolution. Certains sont bon, ils peuvent s'accrocher longtemps pour lister toutes les défaillances du discours, mais la plupart des gens passe facilement en mode violence.
La technique consiste à poser des questions, simples, sur les sentiments ou la signification de ce qui est affirmé, et de s'en tenir de façon contraignante à ne pas émettre d'hypothèses sur ce qui est dit dans le champ symbolique, à rester volontairement sourd à la discussion informelle.
Finalement cela correspond exactement à la méthode socratique qui consiste à "faire accoucher" la pensée qui réside au fond d'une pensée.
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Bon.
Maintenant allons nous promener au pays de la révolution anticapitaliste, et des nombreuses raisons de la faire ; et des différentes couches sur lesquelles cette révolution se doit de porter.
J'appelle les couches les champs d'exploration et de solutions qui sont extrêmement divergents et dont la portée est très variablement paradigmatique. Les économistes, de la couche superficielle, vont prôner de nouvelles règles, comme si elles n'étaient pas déjà assez complexes et nombreuses, et ignorant le fait que la loi arrive toujours après des crimes qui sont de plus en plus vastes, ni à quel point il est facile de la contourner, ni à quelle point elle peut être carrément ignorée.
Une seconde couche s'intéressera à la propriété des moyens de production et résoudra d'un coup tous les problèmes économiques en nationalisant à peu près tout ce qui relève du bien commun. Certains solutions intermédiaires portent le nom de socialisation, où les biens restent privés mais la gestion publique, et ceci au nom d'une plus grande faisabilité, également qualifiée de "rationalité", qu'on peut aussi qualifier de timidité ou de paresse révolutionnaire.
Dans ma thèse je vais chercher les couches les plus profondes sur lesquelles est fondé tout le système social actuel, à savoir les principes combinés de propriété, de liberté de contrat (incapable de tenir compte des intérêts tiers et du long terme), l'estimation mentale de la valeur des biens, et la pratique du commerce, qui consiste à ponctionner de la richesse sur une transaction.
J'ai surtout mis en évidence la confusion des échelles de mesure qui engendre des tiraillements qui ne sont que rarement en faveur des peuples, et sur lesquels la plupart des anticapitalistes croient qu'il faut jouer.
Dans la CNV Marshall appelle cela "le jeu de qui a raison, un jeu où personne ne gagne jamais". (Comme je l'ai montré [dans le prochain article] en segmentant des structures distinctes on simplifie providentiellement le problème et on s'autorise à avoir une gestion consciente de leurs relations.)
Et la question empathique "Que veux-tu au fond" revient à piller la roche pour aller chercher sous une couche de défenses de granite les aspirations réelles par rapport auxquelles les procédures du système social ne sont que des promesses symboliques d'y avoir accès, des "moyens". En réalité c'est même pire que cela, non seulement la richesse, la reconnaissance, l'emploi ne sont que des symboles névralgiques, mais "le système" lui-même en a fait des condition d'accès aux désire réels et profonds, de sécurité sociale et de tranquillité d'esprit. En réalité, conditionner l'épanouissement par la richesse constitue un chantage et une privation d'épanouissement, que chacun, apparemment, est prêt à concéder dans l'espoir d'un jour ne plus avoir besoin d'y concéder quoi que ce soit.
La contradiction entre le stress au travail, la pauvreté galopante, la famine te la guerre, l'extermination biotopique et d'autre part ce qui est désiré à travers tout cela, de vivre en paix et heureux, n'a pas l'air de choquer grand monde, quoi que ce nombre grandisse très vite. Et la compréhension faisant de la pratique du commerce une procédure venue s'intercaler entre l'activité humaine et ses désirs, en faisant une promesse d'y avoir un accès "un jour" alors qu'on pourrait y avoir accès "tout de suis", et qui pompe l'énergie créatrice et finalement ne produit rien d'autre qu'un désastre généralisé, mérite encore qu'on la mette en évidence.
Or le système, ou tout système, n'est que cela, une procédure permettant de rallier les actions et les désirs profonds et réels. Dans le capitalisme les désirs réels sont limités aux moyens d'accéder aux vrais désirs sincères. Vraiment, en s'intercalant, ce système supplante et détourne les vraies raisons d'agir. C'est ainsi que fonctionne le terme même de la violence.
C'est un système violent. Les gens (les entreprises et les pays) sont en concurrence, ils ne partagent pas, ils dénigrent, ils arnaquent, montent des stratégies de plus en plus sophistiquées, ne savent même pas coopérer efficacement, tout cela en respect de ce qui n'est au fond qu'une "règle du jeu", parfaitement librement consentie, quoi que vécue à tort comme une fatalité, et "où personne ne gagne".
La grande question de la réforme systémique est le "Que veux-tu au fond ?", l'examen attentif et minutieux de ce qu'il est le plus raisonnable de souhaiter, puis de ce concentrer sur ces réalisations que le génie humain, lui, ne mettra pas longtemps à concrétiser dès lors qu'il les aura clairement établies.
Les désirs réels et sincères, ou véritablement rationnels ou de l'ordre de ce qui est hautement souhaitable, sont aujourd'hui plus concrets et objectifs, plus opérationnels et fonctionnel, qu'à l'époque d'avant la mondialisation, quand les gens voulaient "le confort moderne". Il s'agit d'intégrer dans ce qui rend viable un désir des contraintes qui sont de l'ordre de la réplication (que se passe-t-il si cela se généralise), de la réciprocité (si j'en suis la victime - par exemple la propriété privée est aussi un moyen de dépossession), de la pérennité (en incluant une vision à long terme), et bien sûr, depuis qu'on est dans l'ère de l'informatique et qu'on a mieux compris comment fonctionne un écosystème, la question des interactions entre ce désir et les autres, incluant ceux qui sont hautement probables et même ceux qui pourraient apparaître à l'avenir.
Voilà, ceci, ce sont les données du problème à résoudre.
Et ce n'est pas le principe de la "décroissance" qui saura résoudre ce problème, car au fond il préconise de se laisser plus de marge de manœuvre pour des désirs erratiques.
Si on considère ce qui est désirable pour la société humaine et qu'on s'autorise à "tout repenser depuis le début", en évitant de s'imposer les difficultés générées par des rituels aussi anachroniques que le principe du commerce, la propriété privée, l'évaluation monétaire, et la législation des contrats, il est possible d'obtenir directement et immédiatement des résultats probants.
Ainsi dans le fonctionnement même du système, les raisons d'agir ne seront plus canalisées par l'obtention de moyens (financiers) d'espérer obtenir ensuite, en deuxième instance, divers trucs [considérés comme] secondaires tels que la liberté et la joie de vivre, mais pourront être objectivement focalisées sur ces buts premiers, tels que la recherche explicite de qualité, de durabilité, et d'utilité des biens produits. On peut mesurer ces critères, ce sont eux qui doivent être constitutifs de la valeur.
Un des buts évidents d'un tel système social serait de produire, rendre possible, faire pencher la balance en faveur de concepts tels que la liberté, l'abondance, la sûreté (mieux que la sécurité), et principalement la justice sociale et l'absence de guerres. De même que pour les Droits de l'homme, où toute société qui ne respecte pas les Droits n'a point de constitution, toute organisation sociale qui ne génère pas les aspects qui rendent possibles l'accomplissement des Droits, n'est point un système viable.
En ne se laissant pas embrigader dans une culture de l'autorité et de la cécité mentale consentie (puis consolidée puis verrouillée), de la possession ou de la célébrité, on peut redonner à ces termes des significations bien plus pacifiques et fonctionnelles. La célébrité ne devrait-elle pas être de ceux qui font le plus de bien ? La possession peut-elle procéder d'autre chose que de ce qu'on a bâti de ses mains ? Et l'autorité, n'est-il pas meilleur qu'elle soit consentie par l'admiration ? Et enfin, s'il y a une cécité mentale qui peut bien être légitime, ce serait celle qui permet de pardonner les bougres de fous qui conduisent ce monde à sa perte avec une telle insistance. Ceux-là, ne pourront que plier devant le pacifisme d'une civilisation dévouée au bien-être de tous.