05/08/2019 16 articles socialnetwork.ovh  26min #160000

La théorie du grand remplacement (du système)

La guerre des postulats

La menace qui hante le capitalisme (en tant que système doué de la pensée) est d'être jugé négativement alors pourtant qu'il commet les pires crimes sans jamais s'arrêter. C'est un peu ça son état d'esprit, au-delà des limites de l'hypocrisie mais juste à la frontière de la folie complète, enfin à une seconde qu'elle n'éclate au grand jour après avoir été aussi longtemps dissimulée, excusée, ou justifiée brutalement.

Le moment de bascule où soudain, l'humanité en tant qu'autre système doué de pensée, prend conscience que son identité est distincte du système social, et qu'elle ne saurait défendre les actes maléfiques d'un enfant pourri-gâté, alors, probablement, elle se mettrait au travail immédiatement et avec ferveur.

Et même si le système capitaliste battait en retraite sans combattre et qu'on avait la place, l'entière liberté et la joie de bâtir un nouveau système sur de nouvelles bases, cet exploit serait rapidement à son tour jugé un peu trop expéditif, car on ne cesserait de découvrir de nouveaux postulats erronés.

Prévoyant cela (1) on saurait qu'un système social doit être dynamique et non statique, modelable, éducable, contrôlable, et ce qu'on attend de lui c'est qu'il soit exemplaire, en ce qu'il soit au service de l'humanité-pensante.

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Je ne lis autour de moi que deux façons d'aborder le remplacement du capitalisme :

- celle qui, de rage contre ses ennemis, décide de les abolir, pour finalement retrouver un système égal à ce qu'il devrait être dans leur esprit idéaliste et empli de bonne foi ;

- celle qui aborde le problème depuis l'extérieur (portée par ceux qui ne sont pas très portés sur l'économie et ses aberrations) et s'imaginent possible de dicter de nouvelles règles auxquelles tout le monde adhèrerait.

Il n'y a pas beaucoup de demi-mesure.
En fait la question du système social est d'une très grande rareté dans les préoccupations des intellectuels, qui défrichent les réalités possibles et tracent des routes vers l'avenir. Et le niveau de ces questionnement ne vole généralement pas plus haut que ce que permettent d'imaginer les postulats ancrés dans nos esprits depuis notre naissance et celle de nos parents.

Et ces postulats sont difficiles à décrotter parce qu'inévitablement ils sont associés de façon affectueuse à l'éducation qu'ils ont reçue. Ah oui, parce que les maîtres à penser du nouveau système, eux, n'ont pas reçu beaucoup d'éducation, il leur a fallu tout apprendre par eux-mêmes. Ils n'ont donc pas de timidité à cerner immédiatement des postulats erronés.

Le fait qu'ils soient erronés, et que cela soit démontrable, est rarement suffisant pour convaincre les premiers.

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Les deux approches de deux niveaux de conscience du même problème

1) Dans la première catégorie il y a ceux qui prônent, en bons spécialistes, une renationalisation des banques, l'effacement des dettes et un investissement public colossal, accompagné d'une réappropriation publique des institutions et des médias, afin de mettre un terme vigoureux une époque de ténèbres hallucinants.

A mon avis cette époque de ténèbres est réellement bien profondément ancrée dans les psychologies et on ne peut pas rejeter arbitrairement l'idée que le problème de fond, avant tout, est psychologique (et il consiste à rejeter des bonnes solutions arbitrairement).
Il apparaîtrait plus sain de prévoir à l'avance qu'il faille d'abord habituer les gens à réfléchir par eux-mêmes.

Je veux dire par là que finalement cette solution revient à l'adage "s'attaquer aux symptômes plutôt qu'aux causes réelles du problème". Le fait est qu'il faut admettre que "les méchants", ceux qui polluent, créent la misère et les guerres, et s'enrichissent au point de se croire plus grands que la Terre elle-même, ne font que réagir logiquement à un système qui leur permet, et les encouragent à faire ce qu'ils font.

Après tout si on en est là où on est, c'est à la suite d'une succession incroyable de mauvais choix, qui ont été faits en public et sous couvert de la loi, basée sur des postulats qu'on n'avait plus le temps d'analyser comme erronés. Il n'a pas fallut mentir beaucoup, pour pouvoir commettre les pires crimes.

Il est donc très probable que tant que les causes initiales de cette décadence n'ont pas été examinés, il paraisse futile voire aberrant de vouloir seulement réparer un système capitaliste.

2) La deuxième option, la théorie du grand remplacement, relève d'une mécanique bien plus vaste et sophistiquée que ce qui peut être imaginé dans une première approximation.

D'abord ça relève de l'action volontaire des humains, et cela ne leur est pas imposé, ils n'agissent que de façon parfaitement libre. Cela veut dire qu'ils ont (au préalable) maturé.

Avant cela, même, on s'est aperçu qu'un système ne peut pas être "imposé", tant il est contre-productif d'y intégrer des éléments qui n'y croient pas, et ne se sentent pas concernés, et s'ils l'étaient, ne pourraient non plus rien y changer.
C'est pour cela que la composante de la "liberté" est essentielle et fondamentale dans l'instauration d'un système social.

Ce point est tellement vaste qu'il suffit à paralyser tout espoir de changement radical. Il faut vraiment que les gens soient motivés, c'est à dire que le système de remplacement soit probant (est jubilatoire), puis en second il faut que l'information circule librement, pour donner envie (ce qui n'est pas gagné, ils diront que ce sont des pouilleux).

Ensuite il faut que les réformes proposées soient de vraies solutions à de vrais problèmes, en particulier l'injuste répartition des richesses, et plus précisément le fait d'avoir pour principe directoire du système ce qu'on nomme "l'appât du gain". (2)

A ce stade on peut se demander en passant si, sans cet appât du gain, le système actuel ne serait pas suffisant pour rendre possible paix et prospérité dans le monde. Mais comment le stériliser ? Le seul moyen c'est que tout le monde soit logé à la même enseigne et que personne ne soit oublié. Seulement à ce moment-là on pourrait laisser nos portes ouvertes.

Objectivement si on veut obtenir un tel résultat, il faut que cela soit le fruit d'un calcul, d'une théorie, et d'une mise en œuvre, suivie de sévères vérifications pour être sûrs que ça marche. Il faut que cette activité soit consciente, et qu'elle soit vissée comme "but du système quand il marche normalement". (Non pas comme but dans un lointain avenir).
Ce n'est pas le fantôme de l'équilibre de l'offre et de la demande" qui va s'en charger à la place des gens. Ceci est vraiment l'objection principale au capitalisme.

C'est à dire que la partie du système actuel laissée à l'abandon, sans aucun contrôle ni aucune conscience, est justement celle qui définit le système social. C'est le cœur de son fonctionnement.

Et si on prend à bras-le-corps cette question, et qu'on base toute sa réflexion sur ce problème à résoudre (relativement simple à l'ère de l'informatique), on peut facilement oublier tout le reste, c'est à dire "tout le reste" ce sont les conséquences logiques, les mécaniques, qui s'articulent autour de ces principes. (3)

Car finalement fonder un bon système, c'est se poser les bonnes questions.
Dans notre société dialectique, les choses sont sensées aller ensemble sans qu'on ait à les dire, c'est pourquoi progressivement s'est bâti tout un langage sur l'économie, orwellien, capable à la fois de satisfaire des idéaux purement théoriques et d'être compatibles avec la pire criminalité mafieuse.

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Les chaînes de l'esclavage

A ce stade de la réflexion, on a la crainte de s'entendre dire poliment aux gens qu'il leur faut un système social qui les force à ne pas être des imbéciles et des criminels, sous-entendu qu'ils le sont par nature, et qu'ils ne peuvent s'empêcher de l'être, même en en ayant pas l'air. C'est pas très sympa. En plus ça suggère un système encore plus étroit, compliqué et inefficace (dans une première approximation).

Mais non ! Ce dont nous avons besoin pour parler rationnellement, c'est d'une mécanique de gestion des biens et du travail, qui fasse en sorte qu'au final tout le monde s'en sorte, et se base sur des critères et des processus qui sont parfaitement éditables par une gouvernance populaire, capable d'évoluer et de se rendre compte de ses erreurs.

C'est un travail difficile car dès cet instant il y a deux écoles qui se profilent, la troisième étant la bonne, celle où le résultat prime sur la philosophie du droit, et celle dont l'aspect moral et logique, pensé à long terme, impose des sacrifices, en disant "on ne va pas tout réparer en un jour, soyez conscients qu'on travaille pour les générations futures".

La bonne approche consistera en un aller-retour entre ces deux pôles de motivations, de même que la pratique et la théorie doivent concorder pour produire un système fonctionnel.

Le système qui est désiré est celui qui permet, simplement, aux humains d'être aussi bons et vertueux qu'ils le peuvent. Il n'y a même pas besoin de motivation pécuniaire pour cela, c'est dans la nature humaine, et c'est gratuit. (4)
Le système fondé sur l'argent, la propriété, et le commerce a carrément, depuis toujours, conduit les humains dans une logique où le système social et eux-mêmes étaient confondus, et où leur profit faisait leur gloire, ce qui a dressé leur motivation, leur raison de vivre, dans un espace restreint d'inconséquence et de la cécité mentale qui va avec.

Nous ce qu'on veut c'est libérer les forces en présence, le pouvoir créatif, le désir de vivre, le sentiment d'implication, et que l'humanité en tire un profit inestimable, et qui n' pas besoin d'être estimé.
Le système social ne peut plus être considéré que comme le subalterne qui permet d'atteindre cet objectif.

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Il y a donc bien deux mouvements presque opposés dans le fait de vouloir "changer de système", d'une part le fait de formaliser rationnellement des mécanismes du système sur lesquels on fonde de grands espoirs, et d'autre part le fait de se dégager moralement du système en tant que constitutif de notre personnalité.

Sans cela, les solutions qui consistent à "récompenser l'humanité", ou encore pire, le mérite, ne font que rappeler l'époque d'un ancien système qui tente de façon puérile de dissimuler son crime principal, qui consiste exactement en l'inverse, récompenser le crime.
(J'avais développé ce thème dans mon livre, le business du mal est un secteur économique encore largement inexploré.)

On n'a pas besoin de motiver ou récompenser, à la mode Pavlov, on a seulement besoin de rendre effective la liberté.
De libérer l'humanité de ses chaînes qui le condamnent à une labeur inutile et éternelle.

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L'infrastructure proposée

On ne s'en rend pas compte avec ces belles paroles, mais la mécanique qui les justifiera est longue et périlleuse. Ah mais oui, c'est du travail.

J'ai dessiné les contours élémentaires qui résolvent les principales critiques et dérives d'un système social, que je nomme l'infrastructure :

- Pour pallier à l'appât du gain, on se résout immédiatement à faire que les rémunérations soient centralisées, et en terme général que les droits d'accès à des biens et services soient régentés, au cas pas cas, et de façon macroscopique.

- Partant de là on suppose qu'on base notre système d'évaluation de l'existant sur une base de donnée qui référence à la fois les biens et services, et à la fois les usages et les conséquences. Le tout ne peut être surmonté que par une IA. Tout va se jouer dans sa programmation.

- Les évaluations des bien et services se font (donc) en mesure d'une mesure de la situation à l'instant t, et surtout, finalement, sont décidées par des tierces-parties des transactions. Ces tierces-parties sont, dans l'état, soit des routines habituelles, soit des décisions collectives, soit des activités territoriales qui gèrent les ressources naturelles (des décisions socialisées).

- Les industries étant publiques (évidemment) leur croissance et décroissance ne sont plus les conséquences que des choix politiques (et donc publics). Cela ne coûte rien à personne d'arrêter une industrie, les travailleurs ayant des garanties, et les ressources étant redirigées vers des activités jugées plus profitables (sur tous les plans).

- On a résolu que les revenus devaient fonctionner sur un autre mode, de sorte qu'ils ne puissent que croître avec le travail, et rester à ce seuil jusqu'à la fin de vie. Ainsi les revenus, ou plutôt ce que la collectivité veut bien octroyer à un individu, sera décidé de façon générique en fonction d'un score professionnel multiplié par la richesse global.
En fait les humains obtiennent une quote-part des richesses globales, qui va en s'accroissant au fil des services rendus et des honneurs obtenus.
Une fois que les revenus de chacun sont règlementés de façon légale (et donc équitable), il n'y a plus vraiment beaucoup de latitude pour les arnaques en terme général.
Ce système ayant pour but de garantir la gratuité de ce qui est indispensable à la vie quotidienne à tous et sans condition, les gens sont plutôt heureux d'y contribuer, quel que soit leur travail.

(Ensuite il y a toute une clique de dispositifs qui visent à désolidariser la valeur-travail de la valeur marchande des biens et services, de façon à pouvoir les gérer correctement, sans qu'ils ne se gênent, les trois piliers que sont les biens fabriqués, le travail et les ressources naturelles.)

Mais bon, passons sur les détails.
Notons juste une conséquence surprenante de cette construction, c'est que la production de biens est tournée vers la qualité, car c'est désormais elle qui fait la valeur.
C'est à dire que les objets, leur qualité, et leurs conséquences, ainsi que leur usage, sont eux-mêmes constitutifs de leur propre valeur, grâce à un système de notation. De fait, les biens qui ont le plus de valeur sont ceux que le système priorise. (5)

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Ce qui régit les transactions

Admettons que les gens décident soudain qu'ils veulent une alternative au capitalisme, et se mettent au travail. Les options sont faibles, et moins l'alternative ressemblera au capitalisme plus elle paraît utopique et lointaine.

On se retrouve dans le cas de figure de Rick et Morty quand les gens doivent reconstruire leur civilisation et qu'en trois répliques à peine ils retombent sur la même.

La guérison et la découverte du monde se situe dans l'exploration des détails et du sens profond des choses. Il faut être patient, méticuleux, et obtenir une approbation sincère. On ne peut pas s'attendre à ce qu'une bonne solution à la fois définitive et parfaite surgisse spontanément sans avoir presqu'aucun effort à accomplir.

Je veux juste tracer la séquence des événements et comment ils seraient justifiés.

D'abord les gens diraient : "César, y'en a marre !" puis ils aboutiraient à la conclusion que les institutions sont corrompues jusqu'à la moelle, par les multinationales, et qu'ils ne veulent plus rien avoir à faire avec eux.
Ce serait déjà une bonne chose de faite.

Mais après ?

On peut se poser la question : qu'est-ce qui fait la fortune des brigands ? Eh bien simplement le fait que leurs billets puissent acheter ce qu'ils veulent, et qu'à leur simple vue les gens se soumettent corps et âmes. Mais : qu'est-ce que ce comportement, si ce n'est de l'ignorance ?

Je pense qu'une prise de conscience que leur travail n'est payé qu'avec de l'argent volé à d'autres pauvres dont eux-mêmes, n'est que la moitié du chemin.

Ce qu'il faut c'est prendre conscience que la seule vraie richesse qui existe, ce sont les gens eux-mêmes.
Donner son travail et son temps doit consister à rendre le monde meilleur, et cela sans qu'on ait à s'en soucier. Ce postulat instinctif doit être rendu vrai.

Cette idée simple est toujours aussi difficile à exprimer, mais tout ce qu'on produit, on le donne "gratuitement", au sein d'un système qui fait circuler des billets. Les billets (que vous avez gagnés) ne font qu'autoriser qu'en retour une autre personne vous donne "gratuitement" ce qu'elle possède.

Si on enlève les billets de cette équation, si on ne compte pas parce qu'on a confiance dans le fait qu'au final tout le monde s'y retrouve (si tout le monde est honnête), alors au final tout peut être simplement gratuit.
C'est cela le fondement du système social, "ce" qui justifie les transactions, ou plutôt les transferts. Et la réponse est simple, elle tient en un mot, c'est leur socialisation.
Seule une décision, au moins collective, au mieux rationnelle, en tenant compte de toute une situation à n instant "t", permet de justifier les échanges, de sorte qu'ils servent le bien commun, qui au-delà d'un simple terme consiste en réalité en une somme incroyable d'injustices à éviter.

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L'exfiltration de l'ancien système

Si, avec telle ou telle méthode, une parcelle de civilisation décide de faire sécession avec le capitalisme, tout en ayant la stratégie de s'allier avec le maximum de monde, ce sera avec l'argument aux lèvres selon lequel le monde dans lequel on veut vivre, est celui auquel nous contribuons.
Que nos échanges doivent être motivés par l'intérêt collectif (ou mieux encore, en dépendre).

Alors se pose la question, comment ne plus contribuer au monde d'avant ?

Il est clair que pour s'en défaire c'est comme vouloir semer un chien enragé qui vous aime beaucoup. Tout ce que vous gagnez étant taxé à 50%, ils peuvent toujours faire ce qu'ils veulent. De même les banques qui possèdent votre argent peuvent l'utiliser comme s'il était à eux, ce qui en pratique est le cas.

Donc déjà on sait que le nouveau système ne fera pas référence à de l'argent, ni même sous une quelconque forme convertible avec l'argent (monnaie alternative, blockchains, etc...). Parce que forcément ça va être racheté et pourri de l'intérieur.

Il n'est absolument pas question du moindre contact avec l'ancien système. Non seulement il faut y être hermétiques, mais surtout il faut être inoffensifs. C'est plus que de la non-violence, c'est juste de faire autre chose, dans son loisir.

Dans la pratique les habitants du nouveau monde seront à la fois sans revenu, sans propriété (pour ne pas être taxés), et avec rien sur leur compte en banque. Ah mais oui j'y pense, c'est déjà notre cas à nous les 1/6ième de pauvres.

Le principal pour se déconnecter du système c'est d'avoir une activité qui ne soit pas rémunérée sous forme d'argent. On a tout à fait le droit de passer sa vie à jouer à un jeu stupide où on gagne des bonus virtuels.

Le but n'est pas tant d'ôter tous les moyens à l'ancien système que de lui ôter tout son personnel. C'est à dire que le fait de minimiser autant que possible l'usage d'argent est suffisant pour provoquer un basculement, puisqu'en même temps de plus en plus de gens seraient actifs dans le nouveau réseau.

Il s'agit véritablement, au final, de créer un circuit économique de circulation de biens totalement indépendant de celui du capitalisme, sans les banques et sans les états.

J'admets qu'il serait plus simple de simplement faire une révolution citoyenne destinée à se réapproprier les instances gouvernementales et publiques, et qui devraient l'être. Ensuite une fois installé, il suffit en pratique d'une loi, d'une seule phrase, pour dire "Toutes les banques sont à l'état (point)".

Et voilà, problème résolu.
Sauf que non.

C'est vrai que ça arrangerait grandement les choses. Mais les causes des problèmes, à savoir l'appât du gain, et même plus largement la nécessité de l'appât du gain, à savoir l'esclavage, ne sont pas résolus.

Tien, la citation du jour, de Brandon Smith (http://newsnet.fr/160002) :

Le problème central est que le système n'est pas seulement géré par des personnes corrompues, il a aussi été construit par elles. Le système actuel est une machine de corruption qui fabrique le mal. Ajouter de bonnes personnes à une machine maléfique ne va pas l'arrêter.
Et si vous ne pouvez pas changer un système corrompu de l'intérieur, alors il doit être démonté de l'extérieur et reconstruit de zéro. Un cadre constitutionnel et la Déclaration des droits peuvent contribuer à cet effort, mais ce sont des lois sur papier qui ne peuvent se défendre. Sans une vigilance farouche de la part des citoyens, les lois et les droits peuvent être effacés.

Comme je l'ai dit le problème du système obsolète du capitalisme c'est qu'il se base sur un système de valeurs qui est déraisonnable (hors de portée de toute raison).

Le principe de la valeur a pour seul intérêt de permettre la gestion de l'existant, mais si l'existant est mal géré à cause du principe de la valeur, il faut changer la façon de formaliser la valeur des choses.
On peut aussi tout aussi bien rendre possible de déléguer une partie de cette charge concernant les questions humaines, mais on ne peut pas décemment se contenter de tout mettre sur une échelle allant de zéro à l'infini. A l'ère de l'informatique on a des moyens bien plus puissants pour calculer, par truchement de scores, l'état d'une situation.
Certaines choses sont inestimables, et parmi elles, la gratuité.

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Le fait de réussir à mettre sur pied une communauté qui utiliserait avec succès une méthode de partage du travail et des ressources, autour du principe de base de la mise en commun des moyens d'agir, signifierait qu'ils ont réussi et accompli la révolution tant attendue qui sauvera l'humanité.

Parce que cela signifierait que les gens y trouvent leur compte malgré qu'ils n'ont pas de compte en banque. Ils contribueraient à un modèle qui s'enrichit de la multitude, et qui voudra s'étendre.

C'est peut-être en s'étendant qu'il retomberait dans les vieilles habitudes, en se disant inexorablement "ah mais il faut investir", "ah mais il faut capitaliser, etc...".

Ce genre d'expérience existe, et les villageois de ces économies circulaires sont très contents, mais elles n'apportent aucune solution, hormis la mise en pratique du "bien-vivre".

Une des solutions que j'avais proposé, tout au début de ma carrière de chercheur de systèmes, était le modèle du but non-lucratif. Au final ça revenait à une centrale d'achat à l'intérieur de laquelle tout se faisait de façon quasi-familiale.

Le calcul est simple, il dit : "Imaginez la même chose que votre quotidien, mais où tout est à prix coûtant". ou plutôt "Sans qu'un tiers ne vienne ponctionner de la richesse tout au long des diverses et multiples chaînes de circulation des biens et services". C'est à dire "sans pertes". C'est à dire au fond "Sans les banques" (disons-le franchement), et sans les états. Le calcul est simple : on y gagne.

Pour que les chaînes de fabrication soient sans but lucratif, il faut se dire qu'avant tout elles sont motivées par des raisons rationnelles. Le fait de poursuivre des buts et de les atteindre, est un constitutif consistant de la valeur.

Mais cette proposition n'était que le fondement d'une bonne solution. Pour que cela soit réalisable, il aura fallu disloquer la valeur-travail de la valeur marchande des biens. En effet si toute une chaîne est sans but lucratif, on s'attend à ce que cela inclue les salaires, mais si on veut aller plus loin on peut les régenter autrement, en mettant tout le monde sur une même échelle, décidée collectivement. Dès lors il reste quoi ? Les tomates poussent toutes seules, des robots pourraient très bien les cultiver et les transporter, que reste-t-il de la valeur d'un bien ?

Eh bien rien du tout.
En fait dans notre système, on ne s'en rend pas compte, mais en achetant une tomate on paye pour des centaines de choses, mais la tomate elle, est totalement gratuite. D'ailleurs vous pouvez en faire pousser vous-mêmes. Toute l'économie est à cette image, on ne cesse de devoir payer pour des trucs en plus greffés aux produits, à tel point que leur prix initial est multiplié par mille, au moins. C'est vraiment un système extrêmement polluant, mentalement au moins !

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La valeur de l'information

Et là, donc, on en arrive à la deuxième instance de la réflexion sur le système social et la justification de la valeur des biens et services qui permet leur transfert au sein d'une mécanique qui soit pensée et contrôlée pour atteindre des buts nobles.

L'expérience mentale du système sans but lucratif a montré que la valeur des biens était finalement la somme de la valeur des coûts de l'infrastructure du système capitaliste, c'est à dire tout ce qui lui permet d'exister, tels que le coût des prêts, le coût des négociations, le coût des impôts, le coût de la corruption et de la pub...

Or quand on achète quelque chose, et qu'on envoie de l'argent à son marchand de tomate, on effectue une opération qui a bien plus de valeur que cet argent : on signale l'existence d'un besoin, et on signale que ce besoin a été satisfait. On en donne la valeur (en nombre de tomates) mais aussi le lieu et la date.
Ce sont ces informations qui ont une réelle importance de point de vue d'un système qui a pour but (je le rappelle, il faut le savoir par cœur) de répondre à l'ensemble des besoins lorsqu'il fonctionne le plus normalement du monde.

De ce point de vue (je l'ai expliqué dans mon livre) il est évident que tout doit être complètement gratuit si on veut d'avoir une vision objective des besoins.
Le calcul de boutiquier qui consiste à dire "oui mais lui il a eu plus que moi" doit être relégué dans une sous-routine d'un système pensé correctement (et non pas en être le fondement technico-systémique).

Le seul moyen pour un système régenté de produire des résultats convenables, c'est pour lui d'avoir l'information la plus fiable possible sur la réalité d'une situation à un moment "t".

Ainsi ce qui a le plus de valeur pour le système, c'est l'information. Car c'est elle qui est constitutive de la valeur.

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La valeur de la structuration

Avec, d'une part la formalisation de buts sociaux, et d'autre part une information précise sur "ce qui existe" (les biens, les ressources et les besoins), il ne reste plus qu'à trouver la règle du jeu qui permet de les faire coïncider.

Le seul fait de constituer des buts au système, le différencie de l'ancien d'une manière tellement radicale, qu'elle le ridiculise. Le système capitaliste lui, ère sans but (et conduit l'humanité au néant).

La vertu de faire ceci est que "le progrès" ou "la croissance" ne s'exprimeront pas de façon quantitative, mais de façon qualitative. C'est quand même tout un autre monde.

D'autre part on instaure une base souple au système, pour qu'il soit dynamique, dans la mesure où les buts macroscopiques et les buts locaux doivent coïncider, parfois sans le vouloir. Ce qu'on veut c'est que le système soit assez intelligent pour faire que toute activité humaine, quoi qu'elle soit pourvu qu'elle soit libre, contribue finalement au système global.

En pratique le système et les résultats du système doivent (comme dans tout système qui se respecte) s'influencer mutuellement.

Au final, si on peut jouer à la fois sur les règles et les paramétrage des règles, on obtient des "variables d'ajustement" autres que le seul "coût des travailleurs".

Pour procéder à cela, on opère (de façon conventionnelle dans tout système) à des regroupements de spécialisation de tâches macroscopiques. En d'autres termes, on confie à des routines génériques des tâches qui, anciennement, relevaient des individus et des sociétés.

Outre le fait de régenter le travail de façon centralisée, il s'agit de régenter la comptabilité, les assurances, let toute la partie "logicielle" du système. Et même de lui confier de plus en plus de tâches, dont les humains seraient débarrassés. Et en effet, ces tâches ne peuvent être accomplies que d'une seule manière : la meilleur possible.

Ainsi la structure du système doit être celle qui permet de minimiser les tâches récurrentes et laborieuses, en les automatisant autant que possible.

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Sur la planète GoogleBank

Ce que je viens de dire à propos de ces "spécialisations macroscopiques" n'est pas évident à comprendre mais c'est une sorte de mouvance qui est très contemporaine.

Cela se fait de plus en plus : les tâches récurrentes des entreprises sont confiées à d'autres entreprises chargées de cette spécialisation. Il en va ainsi pour le recrutement (de façon déplorable), pour la comptabilité des ventes (via des CRM), et pour plein de choses, dès que les entreprises ont besoin de services génériques. Ils ne peuvent pas se spécialiser dans ces services et pourtant ils font partie de leurs besoins.

Si on regarde le chemin qu'indique cette évolution, au final les entreprises seront des entités composées de hubs d'autres entreprises, parfois connectées à la chaîne, et l'ensemble des travailleurs travailleront pour à peu près tout le monde en même temps. C'est intéressant. Il s'agit seulement d'une tendance évolutive. Le sens du travail est en train de radicalement être transformé. L'identité même des entreprises est soumise à une sorte de régence comportementale. Et ce n'est pas toujours pour de meilleurs résultats, puisque 1) c'est balbutiant et que 2) c'est dans le cadre d'un système prédateur et inhumain. (Et que les humains sont très dogmatiques, y compris avec des pratiques qui changent tout le temps et qui évoluent vite).

(Entre parenthèses ce modèle économique est né de Google, qui a centralisé, dans sa grandiloquence, rien d'autre que les communications, surtout celles entre les états, et les états et les entreprises. L'étape suivante c'est d'en posséder les briques logicielles.)

Au final toutes les entreprises, devenues dépendantes aux briques logicielles et aux services techniques génériques, vont simplement se faire racheter.

Et donc le contexte d'une dictature mondiale dirigée par une seule entreprise, GoogleBank (on va la nommer comme ça), revient finalement au même qu'à ce je préconise ici, à savoir centraliser ce qui est récurrent, l'automatiser, chercher le rendement maximum c'est à dire l'efficacité dans la poursuite des buts de la civilisation-entreprise, et surtout et enfin un toit pour tous, une gestion commune et globale, et l'assurance de contribuer à quelque chose de grand.

Non, en fait ce que je propose, c'est exactement la même chose mais en définissant "quelque chose de grand" comme étant un destin meilleur pour l'humanité (non comme un nouveau slogan de Google).

La principale différence c'est que lorsqu'ils s'agit de faire des économies, il s'agit d'économies en terme d'énergie humaines utilisée pour rien. Alors que chez GoogleBank les économies recherchées sont d'autant plus de fortunes colossales pour les propriétaires.

En fait en pratique, ça ne consiste pas moins qu'à faire que les bénéfices de cette organisation soient reversés à l'intérieur de cette organisation, sous forme de plus grands et meilleurs moyens d'agir.

La grande question qui différencie l'empire GoogleBank tel que j'ai supposé son futur, et une civilisation humaine, c'est la façon et pour l'intérêt de qui ont été élaborés les buts.

En passant on peut se dire, dans cette expérience mentale, que si GoogleBank est la seule et dernière société au monde, à quoi lui sert sa richesse ? Et si au contraire on laissait advenir tranquillement cet avenir très peu prometteur afin, une fois qu'on y est, de la faire éclater comme une bulle et de se retrouver avec des procédés puissants pour la gestion du monde ?

Mais bon c'est un peu risqué de faire ce pari. On a déjà tout ce qu'il faut : les richesses qu'ils possèdent, c'est nous, les vrais gens. Le point de bascule sera quand les gens seront conscients de ça, et qu'ils apprendront à en faire usage avec témérité et fierté.

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La technique subversive du système social inoffensif

Il y a aussi une solution amusante à laquelle j'ai pensée, c'est le réseau des centimes.

Dans le réseau des centimes tout ce qui est en euros est exprimé en centimes, les prix comme les salaires. Donc si quelqu'un triche et gagne des euros, il est gagnant, pour lui c'est "argent facile". Par contre dans le réseau des centimes les ventes ne peuvent se faire qu'avec l'accord de tous les membres du réseau des centimes, qui sont prioritaires dans les achats. Seules les exportation vers "le monde extérieur" des surplus serait vendu, en centimes.

Ainsi la petite fédération pourra proposer des biens et des services, des surfaces et des habitations, à prix défiant toute concurrence à quiconque voudrait rentrer dans le réseau des centimes. Par contre il n'y rentrerait que par la petite porte, car s'il veut y contribuer, sa contribution sera évaluée elle aussi, en centimes. Mais dès lors il aura un plein accès aux produits que la fédération aura été capable de produire, et de répartir.

D'office il faut que les circuits monétaires soient sévèrement surveillés, et que seuls les centimes gagnés permettent des achats en centimes. De cette manière, mine de rien, on ne vend qu'aux personnes qui contribuent, ou du moins qui sont à la charge de l'association. C'est à dire qu'aux personnes que l'ensemble de la communauté veut bien soutenir, en mesure d'un petit calcul simple sur ses droits d'accès aux biens.

Au final ce réseau des centimes serait à la fois parfaitement légal, sans aucune monnaie alternative, sans aucune provocation ou nuisance pour le système capitaliste, et totalement inintéressant pour lui. De plus avec un salaire de 1500 centimes par mois, aucun risque de devoir quelque chose aux impôts.

On pourrait acheter des maisons pour cent mille centimes, directement avec notre monnaie actuelle !

Pour faire cela il faut simplement que les circuits monétaires à l'intérieur de cette association soient rationnellement cultivés.

Finalement on n'a pas besoin de grand chose, et même que ce dont on a besoin, ne pèse rien, ce ne sont que des idées, des fonctionnements, des méthodes et des principes.

*

Cette expérience mentale de la "fédération des centimes" aurait ses limites, mais montre encore une fois de façon flagrante à quel point on a besoin, dans un système social, de tracer exactement qui fait quoi, et quoi va où, et quand.

Puisque le système social ne fait que justifier les "dons", ce système de justification doit être surveillé de sorte que, par mégarde, quelqu'un ne donne pas ses produits à une personne ayant un rôle négatif sur l'ensemble du système.

Ce qui change radicalement, et ce qui est inexorable maintenant, c'est que le futur système social produira une information fiable sur son état global, et que cette information sera disponible à tout le monde en temps réel.

A partir de là il n'y aura plus un grand pas à franchir pour qu'un système utilise ces données de façon intelligente au point de décider de la valeur des biens, services et des ressources, dans l'optique qu'ils soient utilisés de la meilleure manière possible dans le cadre de la recherche du bien commun.

Un technologie et un pôle de pouvoir aussi puissants ne pourront être utilisés correctement que par des motivations durables.

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Le mec qui veut des sous, j'ai vu ça à la télé, finalement il veut :

- avoir
- le droit
- d'acquérir
- des biens
- qui lui seront transférés
- gratuitement
- (dans la limite maximale de ce montant)
- tel qu'il est convenable de le faire
- envers des concitoyens
- qui eux aussi contribuent au système.

Bon, reprenons.
Parce ce que ce n'est pas simple.

"contribuer au système" signifie en fait :

06/08/2019 socialnetwork.ovh  10min #160039

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Stratégie de rénovation systémique : Le logiciel de la licence globale

A l'époque où on se posait la question d'une licence globale, je m'étais déjà figuré ce que je vais décrire ici.

La licence globale était une solution portée par feu Francis Muguet en réponse à la loi Hadopi, qui est aberrante. Il s'agissait de financer les créateurs de contenu de façon globale, grâce aux subventions et aux dons, ce qui permettait immédiatement et par conséquence de garantir leur gratuité complète et définitive.