Un logiciel est un processus, une mécanique, une machine. Le terme de la logique signifie qu'on a su formaliser de façon objective des actions qui, cumulées, produisent une émergence. L'émergence d'un système est la réalisation de son but, sa raison d'être. Le principe de sérendipité est exact, la fonctionnalité d'un système produit une valeur supérieure à l'addition de ses seuls composants. Si une unité produit de l'énergie, qu'une autre la consomme, et enfin une autre se sert de ce qui produit par la précédente pour générer du combustible pour la première, on a un système en circuit fermé qui, théoriquement, fonctionne pour toujours. Cette machine à mouvement éternel (symbole de l'arnaque), est en réalité ce que le système social doit faire.
Et pour cause, la planète a ses limites, le but visé est donc l'auto-suffisance. Même à petite échelle les dépendances sont toujours dangereuses et doivent être minimisées.
Le secret pour obtenir un système global qui soit fonctionnel est de savoir s'extraire du culte du composant, où seules leurs valeurs respectives sont comptabilisées, pour aller chercher la valeur de ce que leur addition produit, bien plus que leur addition, leur fonctionnalité ou raison d'être. C'est dans ces raisons que doit se loger la justification des activités (et non dans les activités pour elles-mêmes). Si on pouvait trouver un terme pour en estimer la valeur, on la considérerait comme supérieure à l'addition des composants. Dans ce sens, chacun des composants n'aurait plus pour prérogative unique de chercher un rendement optimal, mais de chercher un rendement optimal du point de vue du système dans son ensemble.
On le sait car on l'apprend de la vie, tous les excès sont fâcheux. L'avarice tout autant que l'inconséquence, peuvent avoir des justifications dans le cadre de certains composants, mais jamais dans le cadre du système. Comme dans tout, trop ou trop peu sont aussi mauvais l'un que l'autre, si on boit trop on meure de déshydratation autant que si on ne boit jamais, si on donne tout son argent inutilement ça revient au même que de ne pas en avoir du tout, et ces comportements sont symptomatiques d'une incapacité à incorporer dans ses raisons d'agir celles qui concernent les autres composants d'un système.
Tout est un système, tout est un logiciel, la nature, le corps humain, le cerveau, un travail, ce ne sont que des suite cumulées de "composants" qui servent à produire une émergence, qui se définit par des buts plus ou moins bien compris. Il est en effet difficile de comprendre la raison pour laquelle les humains sont vivants dans cet univers, mais cette question fait partie intégrante de ce qu'il faut savoir pour concevoir un système social destiné aux humains. Et ceci, de façon inéluctable, au point que de ne pas en tenir compte peut corrompre tout le système.
De ce point de vue, un système social n'est pas fonctionnel quand il ne remplit pas les contraintes élémentaires qui permettent sa propre continuité, parmi lesquels ce qui fait que les humains puissent être heureux.
Un système viable est un système pérenne, fait pour durer et pour le temps joue en sa faveur. L'instinct primitif de l'accroissement de richesse n'est, dans cette optique, qu'une incidence du fait de vivre dans un monde où c'est cela qui est constaté, partout autour de nous, à de nombreux niveaux. On grandit, on s'améliore, les techniques se perfectionnent, on apprend de plus de plus de choses parce qu'on a besoin de les apprendre, et à chaque fois qu'on oublie de tenir compte de l'une ou l'autre on est pénalisés.
En ce sens, un système correct est capable de tenir compte de toute la comme de connaissances acquises au fil du temps, qui lui-même est parcouru grâce à ce système. Ainsi on peut dire qu'un système, tout système, engendre lui-même les motifs de sa perpétuation.
La difficulté est de rendre formel et utilisable, très simplement sous forme de chiffres et sous forme mathématique, toutes les connaissances qui peuvent être utiles à un système. Il est légitime que dans une phase primitive de son évolution, un système ne tienne compte que de peu de connaissances. C'est le cas pour chacun des composants d'un système social, qui sont autant de systèmes ou micro-systèmes. Ils ont des objectifs délimités, des fonctionnements qui s'accommodent de contraintes, et il n'est pas utile dans chacun d'eux d'aller puiser toute la connaissance de l'univers pour les faire fonctionner. En somme un système qui n'est pas universel doit quand même être fait pour s'intégrer à un système universel.
Cependant après une étape évolutive où on s'intéresse de près à la technique et aux technologies, il arrive un moment où il faut faire en sorte que tous ces systèmes disparates deviennent les composants d'un plus grand système, un système social, qui lui a des but et des émergences aussi bien attendues, que souhaitables, que, parfois, simplement agréables. Cette dernière notion de l'agréabilité n'est pas vaine ou innocente, elle peut revêtir un rôle très important dans le confort, l'aisance, le plaisir, le bonheur, et permettre l'épanouissement, ce qui en termes systémique se traduit par une liberté évolutive.
Cela devient même primordial quand on s'aperçoit que ce qui est fait avec bonheur a des vertus telles qu'elles permettent d'éviter les erreurs évolutives qui aurait pu être faites. En ce sens, réciproquement, les mauvais choix résultent le plus souvent d'un mauvais état d'esprit, confus, opprimé, et régis par l'urgence. En même temps il faut garder une certaine discipline permettant de continuer à faire les bons choix malgré des conditions difficiles, et pour cela, de s'accrocher à ses rêves.
Elle-même cette liberté évolutive devient très vite fondatrice des futurs systèmes, de la façon dont ils vont muter, et dont ils auront besoin ou envie de muter. La recherche d'une souplesse structurelle, une capacité à faire que le système social puisse accomplir les mêmes résultats en passant par différentes voies, est un vrai moteur pour l'innovation. Cette innovation est rendue indispensable par la pratique et l'usage. Toutes les notions de ce qui a été jugé "agréable" par le passé peuvent s'user, en étant battues par d'autres qui semblent l'être encore plus. En terme systémique, cette idée se formalise par une constante recherche de l'automatisation des tâches courantes.
Dans tout système, compris et exécuté de façon logicielle, les tâches redondantes peuvent être réduites à une seule tâche générique. Si on poursuit ce schéma indéfiniment, on obtient à peu près "quelque chose qui marche tout seul", comme l'est la nature. Seules les limites du système, de son utilité ou de sa compétence, sont marquées par des processus qu'il semble encore trop inutiles d'automatiser. Tout système est borné dans ses limites par une absence d'automatisation des tâches, et un recours à des techniques plus anciennes, archaïques mais néanmoins amplement suffisantes et même, mieux adaptées que de lourds processus modernes.
C'est à dire que le niveau évolutif d'un système se mesure à la variété des techniques utilisées par ses composants, et non pas à celle qui est la plus poussée. Dans un système on retrouve toutes les étapes évolutives passées de ce système. Les techniques avancée ne peuvent et ne doivent pas remplacer les précédentes, mais seulement permettre de mieux les servir. De plus il faut toujours pouvoir revenir à une technique ancienne au cas où la nouvelle s'avère inefficace.
La technologie d'un système varie au fur et à mesure qu'on s'éloigne de son noyau, qui régit de façon législative tous les fonctionnements. Ils ne sont pas moins importants, car ils agissent comme une bulle de protection du système contre d'autres systèmes, comme le fait l'atmosphère avec le froid de l'espace. Et chacun d'eux peut potentiellement, au détour d'une nouvelle évolution, qui répond à de nouveaux besoins, subir une complexification phénoménale, et repousser encore les limites du système. Les développements des systèmes tendent à en produire d'autres, qui devront ensuite se mettre sous l'égide des premiers, et ce faisant, en modifier la nature.
Souvent il s'avère nécessaire qu'un système soit bi-hémisphérique, c'est à dire qu'il y ait deux noyaux principaux, l'un qui s'occupe des tâches les plus fréquentes, et l'autre qui s'occupent des nombreuses tâches moins fréquentes, avec une proportion de 80/20 : 20% des tâches qui font 80% des résultats, et 80% des tâches qui produisent 20% des résultats, les deux blocs étant régis par des systèmes distincts. De cette manière on peut avoir deux processus spécialisés, qui n'ont pas d'influence négative l'un sur l'autre, de sorte que tout le système ne soit pas mit en berne à l'occasion d'une modification mineure dans un sous-système mineur, ou au contraire qu'il ne soit pas paralysé dans son évolution par l'inertie de ses sous-systèmes. Cette conception peut se répéter à toutes les échelles.
Car dans tout système, ce qui compte plus que les composants est la façon dont ils sont reliés entre eux. C'est la raison de la sérendipité, c'est à dire qu'il faut aussi comptabiliser le câblage. Avec de mêmes composants et un autres câblage, deux systèmes distincts peuvent produire des résultats très différents et remplir des fonctionnalités qui peuvent être antinomiques. Dans tout système, dès que ce câblage est rompu ou modifié, toute la nature, les buts et les émergences du système sont modifiés. Imaginez la portée de cela à l'échelle de l'univers.
La façon dont les composants sont reliés entre eux relève de la législation du système. C'est à dire, ce qu'on nomme le système social, est un entité purement informative, psychologique, constituée d'une structure de fonctionnement, et d'une règle du jeu. Cela pèse zéro gramme, et prend environ 0,26 secondes à être réécrit entièrement (le temps d'une idée). Les relations entre les composants peuvent et doivent faire l'objet d'une étude attentive. Dans les systèmes complexes, des boucles de rétroaction peuvent influer des mécanismes, autant que des effets d'amortissement ou d'interférence peuvent fausser la compréhension des causes des dysfonctionnements.
Dans un système comme dans n'importe quel réseau, si un câblage est rompu, évidemment tout le système dans sont ensemble s'arrête brusquement. Ce n'est pas le cas des systèmes peu complexes où le ver de terre coupé en deux peut se régénérer, mais plus un organisme est sophistiqué, plus il est sensible à la rupture de câbles. Un parmi les systèmes les plus précieux de la vie sur terre est la chaîne alimentaire, et son haut degrés de complexité lui permet de continuer à fonctionner malgré le constat de larges entailles dans ses chaînes de conséquences. Mais au-delà d'une certaine limite, tout le système s'arrête brusquement.
Les composants, comme les humains d'un groupe de travail, ne peuvent produire un travail qui n'a que la valeur de l'intelligence de la façon dont ils sont reliés entre eux, bien plus que celle de leurs compétences respectives. Ainsi selon les groupes, une même personne peut revêtir aussi bien un rôle mineur dans lequel il est peu efficace qu'un rôle majeur dans lequel il excelle. Les couronnes de compétences (complémentaires) permettent de produire, et de formaliser, la notion la plus importantes de tout les systèmes : son harmonie.
Elle peut être décrite par l'optimisation à la fois des rôles de chacun, de la fluidité de l'échange d'information, de la synchronisation des activités, et d'une providentielle capacité à prévoir les réactions de chacun pourvu que tous poursuivent les mêmes objectifs. En ce sens, ce qui fait un système se loge principalement dans l'entendement, ce sur quoi tout le monde est d'accord, et ce qui les unie.
Les systèmes pouvant être autres que mécaniques et physiques, quand ils sont idéologiques on peut s'imaginer les dégâts causés par une simple évolution. C'est pour cela que les évolutions sont très freinées par les psychologies, faisant qu'elles doivent, en quelque sorte, prouver leur efficience de façon théorique dans le cerveau des gens, avant de s'appliquer à la réalité. C'est pour cela aussi que l'évolution d'un système social dépend uniquement du niveau culturel et technique des populations.
De même, je dis cela en m'amusant, dans une démonstration rhétorique on peut examiner à la fois les composants, qui sont parfaitement exacts et indiscutables, ainsi que la façon dont ils sont câblés, et cela d'une manière qui est rarement discutable, et le plus souvent confiée à une fausse évidence, ou le simple fait de se moquer, alors que précisément de faire cela fait passer complètement à côté de la vérité, voire même comme on l'a vu, peut inverser complètement le sens de ce qu'on est train de faire. Ainsi il en va du cas d'école de la laïcité, littéralement retournée contre elle-même dès lors qu'on substitue le bien de tous par le confort de quelques uns, qui se veulent dominants : l'ensemble de la démonstration reste fonctionnelle quel que soit le point de vue, et les débats s'éternisent, tournent en rond, et les gens se fâchent.
Avoir un esprit entraîné à formaliser objectivement, dans tout système, les composants et les câblages, les fonctionnements et les possibilités de fonctionnements, la structure des câblages et les écueils habituels dans la conception des logiciels qui dysfonctionnent, permet d'avoir une vision claire et fugace d'une quantité infinie de processus, parmi les plus obscurs ou les plus philosophiques. Cela permet de démasquer rapidement les illogismes dans les démonstrations sensées nous convaincre d'agir d'une manière que nous n'aurions pas faite naturellement.
Comme je dis souvent, aucun programmeur ne peut être sensible à la rhétorique, à l'art de la persuasion ou à intimidation. Une conception logique des choses permet simplement de voir que là où il y a des excès, il y a de la souffrance. Et la pratique montre très souvent que la seule défense des imbéciles, devient la première caractéristique qui les dénonce comme tels, consiste précisément à brouiller ou rendre impossible, ou à dissuader ou accabler, dans le seul but de se prémunir contre une argumentation logique et simple à faire, qui remettrait en cause tout un édifice objectivement fallacieux. Ils passent leur vie à se préparer et se muscler le cerveau à savoir déjouer des considérations qui se situent dans leur angle mort.
A la fois le niveau culturel des populations et leur équilibre respectifs sont des conditions majeures de l'équilibre d'un système social. L'harmonisation des cerveaux permet de réduire de façon substantielle la quantité de discussions inutiles et donc la perte d'énergie du système dans son ensemble. La culture logicielle, qui est stupidement combattue par les détenteurs de connaissances spécialisées qui n'en ont pas besoin, devrait être une priorité dans l'éducation, d'autant plus que son modus operandi consiste à, pour toute chose, se demander "comment ça marche". Ne pas faire cela ouvre la voie à la l'acceptation sans compréhension, l'impossibilité de contribuer au système dans son ensemble, le rejet de la liberté, et à la fin il ne reste que des utilisateurs peu consciencieux, dont la seule question consiste à se demander "comment en profiter", sans jamais avoir conscience des conséquences, par réplication ou par réciprocité, de leurs actes.
Le monde est un système, un système est un processus, un processus est une mécanique, une mécanique est un système, tout cela ce sont les mêmes termes. La seule notion qui vaille est celle de la logique, de la façon dont les choses sont faites pour s'emboiter les unes avec les autres, afin de produire une harmonie, en laquelle se loge la maîtrise du système.