Mercredi 23 octobre, Donald Trump a donné une conférence de presse, sur la situation dans le nord de la Syrie, diffusée en direct sur CNN. La presse française n'en a pas fait état, pourtant, ses propos en valaient la peine...
Très solennel, le président américain a lancé en vrac une série de phrases fortes pour justifier son désengagement en Syrie et a mis le doigt sur les problèmes qui font mal.
Il a repris les arguments de campagne qui lui avaient réussi « le travail de nos militaires n'est pas de surveiller le monde. Les autres nations doivent faire leur part. ». Le retrait de Syrie est donc « un pas décisif dans cette direction. »
Il a montré une volonté d'en finir avec les engagements tous azimuts des USA en déclarant :
« Cela ne se reproduira plus, nos forces armées sont épuisées, nous combattons dans des régions du monde où ne nous devrions pas être. »
Au passage, il a étrillé les commentateurs et les conseillers va-t'en guerre :
« Certains experts politiques ont réagi à l'offensive de la Turquie en Syrie en réclamant une autre intervention militaire américaine. Mais pour arrêter l'incursion militaire, il aurait fallu déployer des dizaines de milliers de soldats américains contre la Turquie - un allié de l'OTAN et un pays avec lequel les États-Unis entretiennent de très bonnes relations, y compris le président Erdogan. » et il poursuit : « les mêmes personnes que j'ai regardées et lues, étaient celles que je regardais et lisais depuis de nombreuses années. Ce sont eux qui nous ont mis dans le pétrin au Moyen-Orient mais ils n'ont jamais eu la vision ni le courage de nous en sortir. Ils ne font que parler. »
Donald Trump s'est aussi, comme souvent, chargé de donner le coup de pied de l'âne à son prédécesseur :
« Huit longues années après la tentative malheureuse du président Obama de changer de régime, les troupes américaines sont toujours sur le terrain en Syrie. Plus d'un demi-million de personnes sont mortes, des centaines de milliers sont terriblement blessées et des millions de Syriens sont déplacés. C'est vraiment un cauchemar... »
Mais l'ancien président n'est pas le seul à en prendre pour son grade, les Européens sont aussi servis. D'une part, il les oublie dans ses remerciements :
« Les forces américaines ont vaincu 100% du califat d'ISIS au cours des deux dernières années. Nous remercions les forces démocratiques syriennes pour leurs sacrifices dans cet effort. Ils ont été formidables. »
D'autre part, il les prie de bien vouloir prendre leurs responsabilités en rapatriant leurs djihadistes :
« De plus, nous implorons les pays européens de venir prendre les combattants capturés par les États-Unis et de les ramener dans leur pays pour les incarcérer et les juger. Jusqu'il y a peu, l'Europe s'est montrée très réticente à faire ce qu'elle aurait dû faire depuis longtemps. C'est maintenant leur chance d'agir enfin. »
Enfin, Donald Trump, toujours égal à lui-même, a assuré qu'il gardera le contrôle d'une partie du pétrole syrien :
« Nous avons sécurisé le pétrole et, par conséquent, un petit nombre de soldats américains resteront dans la zone où ils ont le pétrole. Et nous allons le protéger, et nous déciderons de ce que nous allons en faire à l'avenir. » Ce à quoi, la Russie s'est empressée de répondre : « le pétrole du nord-est de la Syrie doit être placé sous le contrôle de Damas. »
La partie n'est pas finie...
source : iveris.eu