03/12/2019 histoireetsociete.wordpress.com  8 min #165410

Le savoir vivre communiste : le démantélement du système d'abord, les élections après ?

Le savoir vivre communiste: les Usa et la Chine, y a-t-il démocratie sans souveraineté?

Nous les communistes avions jadis non seulement un solide bon sens mais la fibre anticolonialiste, j'ai eu l'impression ces derniers temps que nous perdions la boussole et que nous avons encore un peu de mal à nous positionner tant depuis Robert Hue et sa tolérance inouïe au droit d'ingérence en Yougoslavie, suivie d'une complaisance manifeste à d'autres ingérences de la Libye à la Syrie en passant par l'Ukraine et le Mali, nous ont fait perdre la boussole.

Il serait temps de se reprendre et d'affirmer qu'en droit international, il n'y a pas de démocratie pour les peuples sans reconnaissance de leur souveraineté sur leur territoire, leurs ressources et sans remise en cause donc de tous les pillages coloniaux. Ce n'est même pas le communisme qui a prôné ce principe, il est hérité de Kant, c'est le seul à garantir la paix.

Pourtant si le PCF semble avec sa nouvelle direction reprendre pied dans les tragédies des peuples qui se révoltent contre l'ordre impérialiste néolibéral en particulier en Amérique latine, si le secrétaire du parti Fabien Roussel impose enfin un soutien à Cuba, au Venezuela, au Chili, à la Bolivie, nous avons encore quelques difficultés dans notre conception du droit international par rapport à la Chine. Face à la campagne qui est menée contre la Chine et son absence de respect de la démocratie, nous sommes encore complexés. Si c'est parce que nous voulons un socialisme à la française, parce que nous récusons le modèle, l'idée se défend, mais si c'est pour continuer ce que nous pratiquons depuis 20 ans, la soumission à la social-démocratie sous toutes se formes et de fait l'allégeance aux bonnes œuvres de la CIA, il faut en finir.

Deux poids, deux mesures, la Chine sur son propre territoire et les USA en Amérique latine ?

Il faudrait tout de même avoir le courage de regarder la manière dont nos médias traitent de l'ingérence des Etats-Unis partout dans le monde comme si au nom de leur excellence ce pays avait tous les droits et la manière dont ils dénient le droit à la Chine d'intervenir sur son propre territoire.

Deux exemples s'offrent à nous, prenons le cas de l'Amérique latine aujourd'hui. L'ingérence en Bolivie et ailleurs ne souffre pas le moindre débat, l'atrocité de la répression, l'arrestation de journalistes, le crime contre ceux qui veulent témoigner en Bolivie mais aussi au Chili. Alors même que ceux qui sont installés au pouvoir sont des pitres dangereux, liés à tous les trafics.

Mieux ou pire encore, le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, lors d'une conférence de presse lors d'une visite au siège de l'Université de Louisville, située dans l'état du Kentucky, hier lundi 2 décembre, a déclaré que les manifestations pacifiques contre la politique néolibérale des dirigeants de l'Équateur, du Chili et de la Colombie - alliés à l'administration Trump - « ne représentaient pas la volonté démocratique du peuple ».

Alors que bien sûr le coup d'Etat fasciste en Bolivie était la traduction de cette volonté démocratique contre un président élu avec 47% des voix et 10% de plus que son adversaire le plus proche, ce qui correspond à la Constitution électorale du pays.

Selon Mike Pompeo, les manifestations en Amérique latine contre le néolibéralisme ne représentent pas le sentiment démocratique du peuple. | Photo: Reuters

Le gouvernement des États-Unis d'Amérique affirme son droit à s'ingérer dans les affaires intérieures des pays d'Amérique latine en annonçant son « aide » à des « gouvernements légitimes » pour empêcher les manifestations sociales « de devenir des soulèvements ».

Qu'est-ce qui lui permet ce droit d'ingérence aussi manifestement contraire au droit international ? Dans son discours, le diplomate américain a souligné les États-Unis. comme « le plus grand exemple de démocratie de l'histoire du monde », c'est pourquoi il a justifié son action interventionniste contre l'autodétermination des peuples de la région.

En parallèle, le président des États-Unis, Donald Trump, a signé un décret visant à sanctionner une entité nicaraguayenne et 10 membres haut placés de l'État nicaraguayen, dans le cadre de sa stratégie visant à nuire à l'administration du président Daniel Ortega.

La Chine éternelle colonisée, illégitime sur son propre territoire

Il s'agit de brosser un tableau de l'autoritarisme chinois, de son refus de respecter les règles de la démocratie en lui déniant tous droits sur son propre territoire.

Ignorer que Hong Kong a été arraché à la Chine par le colonialisme britannique, par la guerre de l'opium dans laquelle la pire des humiliations a été infligée à ce peuple drogué de force est nier l'histoire et la manière dont elle joue un rôle dans l'identité des nations. Il est évident que les manifestations pourtant extraordinairement violentes à Hong Kong n'ont pas reçu la réponse qui est celle de la Bolivie fasciste contre ceux qui protestent contre le coup d'Etat ou au Chili, en Colombie... Pourtant la couverture en continu par nos médias témoigne d'un soutien sans faille des émeutiers qui en fait réclament le retour à un statut colonial.

Dans le fond, il n'est pas étonnant que ceux qui pensent ainsi tolèrent aussi aisément ce qui se passe en Bolivie, le sort réservé aux populations autochtones, c'est la même logique, reconnaitre à jamais le primat de la colonisation blanche sur les territoires et les cultures autochtones. Que les Etats-Unis se fassent le chantre et nous les vassaux d'une telle conception relève de notre identité colonisatrice et pas de notre droit à l'excellence par la démocratie.

Mais poussons plus loin l'analyse: que dire des rumeurs parce qu'il s'agit bien de cela sur les camps de concentration Ouïghours ? J'ai dans un autre article montré le caractère peu fiable d'une telle démonstration.

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mais l'intéressant dans l'affaire ont été les remarques d'un lecteur plein de bonne volonté qui tout en me félicitant d'avoir démonté la propagande me dit que je sous-estime la répression et que le fait qu'il n'y ait que 40% de Ouïghours dans cette région autonome prouve que comme au Tibet, il y a colonisation. Là encore je signale à ce lecteur que le Tibet comme cette zone font partie de la Chine depuis le XIIIème siècle, à peu près au même moment que lorsque la Bretagne est devenue française. D'ailleurs à la limite à cette époque-là ce sont plutôt les peuples mongols qui ont envahi la Chine et construit un empire qui englobait y compris l'Inde et toute la route de la soie que l'inverse. Que cette zone comme le Tibet a fait partie du dépeçage de la Chine y compris par l'empire tsariste et quand l'armée populaire de Mao reprend pied au Tibet elle n'envahit rien du tout elle dénonce le dépeçage colonial. C'est la force du parti communiste de se présenter comme celui qui partout met fin à l'humiliation et au sous développement colonialiste.

Quant à la répression, je dis simplement que celle décrite par les médias occidentaux, de seconde main, premièrement elles ne concerne pas la religion d'un peuple mais l'intégrité territoriale de la Chine et que la description qui en faite ne se défend pas au vu des informations de première main que j'ai sur le sujet.

Si l'on admet ce point de vue de l'appartenance au terfritoire chinois, il parait tout de même à peu près normal que tous les peuples qui composent la Chine, à commencer par les han les plus nombreux se retrouvent partout sur le territoire, c'est du moins notre conception à nous français.

Voilà, je crois que si nous voulons avancer en tant que communistes vers une autre vision du monde qui respecte les souverainetés et refuse les pillages, nous devons nous débarrasser d'une certaine vision du monde. Il s'agit de nous en débarrasser non seulement parce qu'elle est injuste mais parce que visiblement elle est condamnée par l'Histoire.

Ce que les Etats-Unis et leurs vassaux, sont encore en capacité d'infliger à la Bolivie dans le sang et l'humiliation des peuples, ils ne sont plus en mesure de l'imposer à la Chine qui a recouvré sa souveraineté. Elle l'exerce d'ailleurs et ceci n'est pas non plus niable en respectant deux principes: le premier est justement le respect de la souveraineté des autres peuples, c'est à eux à choisir leur gouvernement et les modes de transaction qui sont les leurs sur le plan commercial. En outre, la Chine a exercé sa souveraineté pour accélérer son développement scientifique et technique d'une manière phénoménale, mais aussi en arrachant à la pauvreté toujours plus de ses concitoyens. C'est sa conception de la sortie de l'ingérence occidentale.

Danielle Bleitrach

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