Par Anthony Torres
16 mars 2020
Dans un contexte de montée de l'épidémie de coronavirus en Europe et craignant un scénario à l'italienne, le gouvernement français a déclenché samedi soir le stade 3 provoquant la fermeture des établissements publics non essentiels. Cherchant à ralentir la pression qui s'exerce sur le système hospitalier déjà au bord du gouffre, le gouvernement ne peut empêcher de couvrir sa politique égoïste et criminelle.
Le coronavirus continue de faire des malades partout dans le monde avec 156.000 cas recensés et presque 6.000 décès, dont 53 pour cent en Chine. Plus de 1.500 nouveaux cas de coronavirus ont été annoncés en un jour en Espagne. En Italie, deuxième pays le plus touché dans le monde, 21.000 cas de coronavirus sont confirmés pour 1.441 morts. En France, 5.423 cas sont confirmés et 127 décès, dont 924 cas confirmés et 36 morts depuis samedi.
La décision du gouvernement Macron de déclencher le stade 3 provient comme le souligne Le Monde des «modélisations confidentielles» d'un conseil d'experts qui estime qui avertit du risque de désastre en «l'absence de mesures radicales de prévention et d'éloignement social qui viennent d'être prises. Dans ce cas de figure, entre 30 000 et 100 000 lits de soins intensifs seraient nécessaires pour accueillir les patients au pic de l'épidémie.»
L'État a déclenché le «plan blanc maximal», ordonnant aux hôpitaux et cliniques d'annuler toute chirurgie non-urgente pour accueillir le maximum de malades du coronavirus. Le stade 3 viserait à ralentir le rythme du nombre de personnes atteintes nécessitant une hospitalisation afin d'éviter que les hôpitaux ne soient débordés alors que ceux ci sont déjà sous pression depuis plusieurs décennies. Pour autant, en dépit des annonces du ministre de la santé, aucun chiffre n'est sorti sur les montants ni sur les moyens matériels qui seraient mis à disposition du personnel soignant.
Mardi 10 mars, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a annoncé que 5.000 lits de réanimation étaient disponibles en France et 7.364 lits dans les unités soins intensifs. Mais ces capacités risquent d'être vite débordées. Le nombre de cas de Covid-19 double maintenant toutes les 72 heures et 300 personnes sont déjà hospitalisées en réanimation. Dans les régions les plus touchées par la présence du virus, les services de réanimation font depuis quelques jours face à un afflux de patients graves, et redoutent de ne plus pouvoir faire face si le rythme de l'épidémie ne ralentit pas.
Le professeur Xavier Lescure constate que «Nous avons déjà 61 patients Covid hospitalisés, dont 20 en réanimation. Tous les lits sont occupés. Lundi, il ouvrira la dernière aile de son service, soit 18 lits, pour accueillir les nouveaux malades. Les six derniers lits de réanimation seront aussi ouverts, et d'autres sont en train d'être installés dans d'autres secteurs de l'hôpital.» Le professeur pointe le manque de personnel soignant. Le docteur Gilles Pialoux, chef du service infectiologie de l'hôpital Tenon de Paris a indiqué «Soyons clairs, il faut se préparer au pire ».
Dans une vidéo qui a fait beaucoup parler après le premier décès en France lié au coronavirus, Macron avait été secoué par le neurologue François Salachas de l'hopital de la Pitié-Salpêtrière à Paris: «Le personnel hospitalier a fait tous les efforts nécessaires. Nous sommes au bout. Il faut absolument refinancer l'hôpital public».
Il ajouta, «Quand il a fallu sauver Notre-Dame, il y avait beaucoup de monde pour être ému. Là, il faut sauver l'hôpital public, qui est en train de flamber à la même vitesse que Notre-Dame a failli flamber. Ça s'est joué à rien et là, en ce moment, ça se joue à rien. Vous pouvez compter sur moi. L'inverse rester à prouver.»Revenant sur l'épidémie de coronavirus, le neurologue a expliqué à Macron que «sans injection de moyens rapides, nous ne pourrons pas faire face à ce type de crise.»
Ce constat alarmant met en lumière la politique de négligence criminelle du gouvernement Macron et plus largement du rôle parasitaire de l'aristocratie financière qui pillent les richesses produites par la classe ouvrière pour ses guerres et ses profits, incapable de satisfaire les besoins vitaux de la population au nom de ses profits.
Alors que les autorités sanitaires en Chine ou au Singapour menaient des mesures de quarantaine pour tenter d'éviter une propagation de l'épidémie montrant la voie à suivre vers laquelle l'Europe et le monde devaient s'orienter, les gouvernement français et européens s'inquiétaient des conséquences d'une telle épidémie sur les marchés financiers tout en étant conscient que l'épidémie se développerait rapidement en Europe méprisant la vie de millions de personnes qu'ils ont mis en danger en minimisant la pandémie en cours.
Les autorités françaises insistaient sur le fait qu'ils étaient déjà dans l'impossibilité de tester et de traiter tous les malades. En conséquence, les français qui présentaient des symptômes de coronavirus après l'avoir contracté d'un autre porteur de coronavirus étaient souvent renvoyés chez eux sans avoir subi de tests. Adoptées en Italie, ces méthodes ont entraîné une augmentation des décès chez les patients de 30 à 40 ans, qui n'arrivent à l'hôpital pour se faire soigner que lorsqu'ils sont déjà en train de mourir d'une pneumonie.
Cette pandémie aurait pu être évité ainsi que les morts si depuis des décennies, les différents gouvernements n'avaient pas mené une politique d'attaque contre les services sociaux et le système de santé pour transférer les ressources nécessaire à leur fonctionnement dans l'accumulation de richesse vers le 1 pour cent les plus riches et la modernisation de leur armée pour préparer les guerres en cours et à venir.
Cela fait bientôt un an que le milieu urgentiste lutte contre le plan stratégique du gouvernement Macron qui prévoit des réductions du budget de santé, l'attaque contre le personnel de santé. Le budget de 2019 prévoyait une baisse de 3,8 milliards de budget pour la santé soit 11,4 milliards sur 4 ans ce qui aurait largement pu contribuer à l'achat de matériels comme les appareils respirateurs indispensables pour les personnes qui ont besoin qu'on leur oxygène le sang pour vivre ce qui a entraîné un nombre de morts si important.
Sur les 3036 établissements de soins recensés, 17 500 lits permettant aux patients de dormir à l'hôpital ont été fermés en six ans. Une tendance qui ne faiblit pas, au contraire: entre 2017 et 2018, 4 172 lits ont encore disparu. Depuis 20 ans, 100 000 lits ont fermé ce qui auraient pu permettre l'accueil des malades et continuer à recevoir les personnes malades d'autres pathologies.
Dans le même temps Macron faisait des milliards de cadeaux fiscaux aux riches en supprimant l'ISF. Comme l'a relevé le journal économique Bloomberg lundi 1er juillet, les 14 milliardaires français parmi les 500 plus riches de la planète se sont enrichis de 78 milliards de dollars (nets) au premier semestre 2019, avec un taux de croissance de 34,6 pour cent: une vitesse d'enrichissement record parmi les pays comptant plus de deux milliardaires.
Les travailleurs ne peuvent rien attendre du gouvernement Macron. Il faut mobiliser les travailleurs politiquement pour exiger le traitement gratuit de tous les malades du coronavirus; un soutien financier à tous les travailleurs, indépendants et commerçants dont l'activité est menacée par les mesures de quarantaine; et un programme international d'investissements publics, financés en réquisitionnant les fortunes des milliardaires afin d'assurer les ressources financières et industrielles nécessaires pour traiter les centaines de milliers de malades du coronavirus à l'international.