La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet, a dénoncé l'incidence sur les systèmes de santé des sanctions économiques imposées à des pays comme l'Iran, qui doivent faire face à la pandémie de coronavirus.
La Haut-Commissaire de l'Organisation des Nations unies (ONU) aux droits de l'Homme Michelle Bachelet a demandé, dans un communiqué publié le 24 mars, que les sanctions internationales frappant l'Iran et d'autres pays comme le Venezuela, Cuba, la Corée du Nord ou le Zimbabwe soient «assouplies ou suspendues» en cette «période cruciale» de pandémie de Covid-19, qui a déjà fait plus de 18 000 morts à l'échelle mondiale. Ces pays font l'objet de lourdes sanctions économiques imposées par les Etats-Unis (dont le nom ne figure pas dans le communiqué) et leurs alliés.
Selon Michelle Bachelet, ces sanctions économiques et commerciales «doivent être réévaluées de toute urgence dans les pays faisant face à la pandémie de coronavirus, en raison de leur incidence potentiellement négative sur le secteur de la santé et sur les droits de l'homme».
«Il est primordial d'éviter l'effondrement du système médical de tout pays»
«Il est nécessaire d'appliquer des dérogations vastes et pragmatiques pour raison humanitaire face à ces sanctions, et d'accorder des autorisations rapides et flexibles pour obtenir les fournitures et équipements médicaux essentiels», a déclaré la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme.
Et d'ajouter : «En cette période cruciale, tant pour des raisons de santé publique mondiale que pour appuyer les droits et la vie de millions de personnes dans ces pays, les sanctions sectorielles doivent être assouplies ou suspendues. Dans ce contexte de pandémie mondiale, entraver les efforts médicaux dans un pays accroît les risques pour nous tous.»
«Il est primordial d'éviter l'effondrement du système médical de tout pays, compte tenu de l'impact explosif que cela aura sur le nombre de décès, la souffrance et la contagion généralisée», a-t-elle enfin insisté.
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Les sanctions ont un lourd impact sur l'accès aux médicaments et aux équipements médicaux essentiels
Pour Michelle Bachelet, l'Iran constitue la situation la plus préoccupante. En effet, en plus de subir un embargo international mis en place par les Etats-Unis depuis la Révolution islamique de 1979 et le renversement du Shah, l'Iran est l'un des pays les plus touchés par la pandémie de Covid-19, avec 1 934 décès et 24 811 personnes contaminées, selon un dernier bilan officiel rapporté le 24 mars de l'AFP. Des rapports ont à maintes reprises souligné l'impact de ces sanctions sur l'accès aux médicaments et aux équipements médicaux essentiels, comme les respirateurs et les tenues de protection pour les travailleurs sanitaires, souligne-t-elle ensuite.
La Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme rappelle que plus de 50 membres du personnel médical iranien ont déjà perdu la vie à cause du virus, depuis que les premiers cas ont été détectés fin février. En outre, la pandémie, si les autorités et le personnel soignant iraniens n'arrivent pas à endiguer sa propagation, pourrait également atteindre les pays voisins, «ce qui mettra à rude épreuve les systèmes de santé de pays comme l'Afghanistan et le Pakistan», s'inquiète-t-elle.
«Les populations de ces pays ne sont en aucun cas responsables des politiques visées par ces sanctions»
De surcroît, d'autres pays que l'Iran subissent de nombreuses sanctions commerciales et financières qui risquent également d'entraver leurs efforts médicaux, rendant plus compliquée la gestion de la crise sanitaire mondiale.
Citant en exemple Cuba, la Corée du Nord, le Venezuela et le Zimbabwe, Michelle Bachelet signale : «La majorité de ces Etats disposent de systèmes de santé fragiles ou instables. Il est primordial de réaliser des progrès en matière de droits de l'Homme pour améliorer ces systèmes - mais les obstacles à l'importation de fournitures médicales essentielles, notamment le respect excessif des sanctions par les banques, causeront des dommages durables aux communautés vulnérables.»
«Les populations de ces pays ne sont en aucun cas responsables des politiques visées par ces sanctions et vivent déjà, à des degrés divers, dans une situation précaire depuis un certain temps», ajoute la responsable.
De son côté, la Russie (qui n'est pas citée dans le communiqué, même si elle fait elle aussi l'objet de sanction étasuniennes) a appelé les Etats-Unis à lever immédiatement les «sanctions inhumaines» imposées à l'Iran, et qui empêchent de lutter efficacement contre le Covid-19, selon un communiqué publié le 24 mars sur le site du ministère des Affaires étrangères.
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