Après l'arrêt de la contribution américaine décidé par Donald Trump, l'Organisation mondiale de la santé refuse toute polémique en pleine crise sanitaire. La France, qui «regrette» la décision, déplore des «manques» dans son fonctionnement.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a «regretté» le 15 avril la décision du président américain Donald Trump de suspendre le financement de l'organisation, qu'il accuse d'être trop proche de la Chine et de mal gérer la pandémie.
Au cours d'une conférence de presse virtuelle à Genève, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a annoncé que l'agence spécialisée de l'ONU, engagée dans de multiples situations de crises sanitaires et de conflit dans le monde, était «en train d'examiner l'impact» de la décision américaine. «En temps opportun, les performances de l'OMS dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 seront examinées par les Etats membres de l'OMS et les organismes indépendants qui sont en place pour assurer transparence et responsabilité []... Cela fait partie du processus habituel», a encore assuré Tedros Adhanom Ghebreyesus.
«C'est le moment pour chacun d'entre nous d'être unis dans notre combat commun contre une menace commune», a encore lancé le directeur général de l'OMS en conférence de presse.
Et de couper court, pour l'heure, à toute polémique : «Sans aucun doute, des domaines d'amélioration seront identifiés et nous tirerons tous des leçons. Mais pour l'heure, notre priorité, ma priorité, est de stopper le coronavirus et de sauver des vies.»
La France déplore des «manques», mais souhaite «renforcer» l'OMS
La France, pour sa part, a affirmé qu'elle «regrett[ait]» la décision de Donald Trump, selon la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.
Lors d'une audition devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, le ministre Jean-Yves le Drian a toutefois estimé que le fonctionnement de l'organisation avait montré des «manques» dans sa gestion de la crise du coronavirus. Appelant à un nouveau «multilatéralisme de la santé», le ministre des Affaires étrangères a affirmé : «Il y a sans doute des choses à dire sur le fonctionnement de l'OMS, peut-être un manque de réactivité, d'autonomie par rapport aux Etats, peut-être un manque de moyens de détection, d'alerte et d'information, de capacité normative.»
«Mais ce n'est pas automatiquement la responsabilité des acteurs de l'OMS, c'est aussi dans les fondamentaux de l'institution et je pense que la crise actuelle devrait nous permettre de revoir le rôle de chacun des grands outils qui existent aujourd'hui», a-t-il ajouté, rappelant qu'il déplorait l'annonce de Donald Trump.
Selon le ministre, l'OMS est en effet «indispensable à la gestion de la crise actuelle» car étant la seule capable «de travailler avec l'ensemble des gouvernements pour coordonner la réponse sanitaire et le partage rapide d'informations scientifiques». «Son action est indispensable pour aider les pays avec des systèmes de santé fragiles et pour éviter l'apparition de foyers durables et de résurgences qui pourraient toucher l'ensemble du monde», a-t-il poursuivi. Jean-Yves Le Drian a également promis une action européenne pour «renforcer» l'OMS : «Nous serons au rendez-vous, avec l'Europe, pour aider l'OMS à poursuivre l'ensemble de ses activités et pour renforcer l'organisation.»
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