Donald Trump a annoncé la suspension de la contribution américaine à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), coupable à ses yeux d'avoir commis de nombreuses «erreurs» sur le coronavirus et d'être trop proche de la Chine.
«Aujourd'hui, j'ordonne la suspension du financement de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pendant qu'une étude est menée pour examiner son rôle dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus», a déclaré le président américain Donald Trump, depuis les jardins de la Maison Blanche.
Si l'OMS avait fait son travail et envoyé des experts médicaux en Chine pour étudier objectivement la situation sur le terrain, l'épidémie aurait pu être contenue
Dans un long et violent réquisitoire, le chef d'Etat a dénoncé les «erreurs» de cette agence de l'ONU dans sa gestion de la pandémie de Covid-19, ainsi que son supposé parti-pris pro-Pékin : «Si l'OMS avait fait son travail et envoyé des experts médicaux en Chine pour étudier objectivement la situation sur le terrain, l'épidémie aurait pu être contenue à sa source avec très peu de morts», a-t-il fait valoir. «Le monde a reçu plein de fausses informations sur la transmission et la mortalité» du Covid-19, a-t-il également lancé.
Soulignant que les Etats-Unis contribuaient à hauteur de 400 à 500 millions de dollars par an à l'organisation, contre environ 40 millions de dollars pour la Chine, Donald Trump a estimé que son pays avait le «devoir» de réclamer des comptes. De fait, Washington est le premier contributeur de cette agence sanitaire dont le siège est à Genève.
«Nous avons eu des problèmes avec eux depuis des années», a-t-il encore dit à propos des responsables de l'OMS. Donald Trump a été particulièrement agacé par les critiques de cette institution à l'encontre de sa décision, fin janvier, d'interdire l'entrée aux Etats-Unis aux voyageurs en provenance de Chine - une mesure dont le locataire de la Maison Blanche s'enorgueillit encore, assurant qu'elle a ralenti l'arrivée du virus. Aux yeux de l'OMS, «la Chine a toujours raison», a encore déploré le président américain.
Le 7 avril, Donald Trump avait menacé de suspendre le financement américain de l'OMS, martelant notamment : «Ils ont critiqué la fermeture des frontières [aux personnes venues de Chine] quand je l'ai annoncée, et ils ont eu tort. Ils ont eu tort sur beaucoup de choses». Et de faire valoir, déjà, un tropisme pro-Pékin : «Etrangement, ils sont largement financés par les Etats-Unis et pourtant très centrés sur la Chine.»
«Pas le moment de réduire» le financement de l'OMS, proteste le chef de l'ONU
Le secrétaire général de l'ONU a aussitôt marqué sa réprobation, en assurant que ce n'était «pas le moment de réduire le financement des opérations» de l'OMS, qui selon lui «doit être soutenue car elle est absolument essentielle aux efforts du monde pour gagner la guerre contre le Covid-19». Il sera toujours temps d'étudier par la suite «comment ont réagi tous ceux qui ont été impliqués dans la crise», a estimé Antonio Guterres dans un communiqué.
Le 8 avril, le chef de l'ONU avait déjà réagi aux critiques américaines à l'égard de l'OMS, en affirmant que cette organisation, avec ses milliers de personnels, était à l'avant-poste de la lutte contre la pandémie, en soutenant les Etats membres de l'ONU comme leurs sociétés avec des directives, de la formation ou de l'équipement.
Dans sa critique de la décision américaine, Antonio Guterres a néanmoins reconnu que «les mêmes faits [pouvaient] être interprétés différemment par différentes entités».
Quatre mois après l'apparition du virus en Chine, la pandémie a infecté quelque deux millions de personnes. Elle a fait près de 125 000 morts officiellement dans le monde, et elle continue de tuer plusieurs milliers de personnes par jour et de s'étendre à des pays jusqu'ici peu touchés.
Lire aussi Tests de vaccins en Afrique ? Le directeur de l'OMS dénonce «l'héritage d'une mentalité coloniale»