Interrogé sur une possible diffusion du coronavirus depuis un laboratoire de Wuhan, Trump a assuré que son pays procédait à «un examen très approfondi» de l'origine de l'épidémie. Poutine a lui salué les «actions cohérentes et efficaces» de Pékin.
Le président américain, Donald Trump, a déclaré le 15 avril lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche, que les Etats-Unis menaient un «examen très approfondi» de l'origine de la diffusion du Covid-19 après qu'un journaliste de Fox News l'a interrogé sur la possibilité que le virus soit issu d'un laboratoire, une thèse développée dans ce média.
«Nous avons de plus en plus vent de cette histoire. []... Nous sommes en train de faire un examen très approfondi de cette situation épouvantable qui s'est produite», a déclaré le Donald Trump. Interrogé pour savoir s'il avait abordé le sujet avec son homologue Xi Jinping, Donald Trump a éludé : «Je ne souhaite pas évoquer ce dont je lui ai parlé concernant le laboratoire. Je ne veux pas en discuter maintenant, c'est inapproprié». Le président américain a par ailleurs tenu à souligner la coopération entre son pays et la Chine, sur laquelle les Etats-Unis s'appuient pour s'approvisionner en protections médicales pendant la pandémie.
Je ne veux pas en discuter maintenant, c'est inapproprié
«Nous avons vraiment besoin que le gouvernement chinois dise la vérité», a pour sa part estimé le secrétaire d'Etat Mike Pompeo le même jour sur Fox News. Le chef de la diplomatie américaine a exprimé son souhait que le pays explique «exactement comment ce virus s'est répandu», ajoutant : «Le gouvernement chinois doit être transparent.»
Les déclarations du Secrétaire d'Etat, qui jusqu'à récemment qualifiait ce coronavirus de «virus de Wuhan», faisant un parallèle dans ses termes entre le pathogène et la Chine mal perçu par Pekin, semblent rompre avec la prudence précédemment affichée par d'autres responsables américains.
Le chef d'état-major de l'armée américaine Mark Milley a estimé la veille que d'après les services de renseignement américains, le virus était plus probablement apparu naturellement. Le ministre américain de la Défense Mark Esper a quant à lui évoqué des «rumeurs et spéculations» que rien ne permettait de vérifier ni confirmer.
Fox news a révélé le 15 avril que ses «sources» faisaient part d'une «certitude grandissante» que le virus soit passé de la chauve-souris à l'homme par le biais d'un «patient zéro» employé de laboratoire qui aurait ensuite contaminé des habitants de Wuhan.
Selon le média conservateur, le marché de Wuhan, d'abord considéré comme le lieu initial de propagation du virus, n'a «jamais vendu de chauves-souris» et l'hypothèse selon laquelle l'épidémie serait partie de ce point a été, toujours selon ces «sources», mis en avant par la Chine pour «dévier» les soupçons sur le laboratoire.
Le Washington Post expliquait lui, le 14 avril, que des diplomates américains s'étaient inquiétés dès 2018 des mesures de sécurité sanitaires «inadéquates» d'un laboratoire de la ville chinoise de Wuhan, qui menait des «études risquées sur des coronavirus [venant] de chauves-souris».
Des allégations non «fondées sur la science» pour Pékin
Répondant spécifiquement à cette série de spéculations, le porte-parole de la diplomatie chinoise Zhao Lijian a rappelé le 16 avril lors d'un point presse que les responsables de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) «ont déclaré à plusieurs reprises qu'il n'y avait aucune preuve que le nouveau coronavirus a été créé dans un laboratoire». Le porte-parole a par ailleurs rappelé que de «nombreux experts médicaux renommés» à travers le monde estiment que ces allégations «ne sont pas fondées sur la science».
La ville de Wuhan est la seule de Chine à être équipée d'un laboratoire épidémiologique de haute sécurité de type P4, ouvert en 2017 avec la coopération de la France. Ce type de laboratoire permet des recherches sur des germes extrêmement pathogènes. Il n'en existe qu'une trentaine dans le monde, dont trois en France. Jusqu'à présent, la thèse la plus communément admise est que le Covid-19 est apparu fin 2019 dans un marché de la ville, où des animaux exotiques étaient vendus vivants. Le virus d'origine animale aurait pu y muter naturellement et devenir transmissible à l'homme.
Vladimir Poutine salue des actions «cohérentes et efficaces» contre le Covid-19
Le 16 avril, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue, le président russe a quant à lui apporté son soutien à la Chine dans les accusations de dissimulation de l'ampleur de l'épidémie à laquelle elle fait face. Vladimir Poutine a ainsi salué les «actions cohérentes et efficaces des Chinois, qui ont permis de stabiliser la situation épidémiologique dans le pays», selon un communiqué du Kremlin.
Le président russe a également dénoncé «le caractère contre-productif des tentatives d'accuser la Chine de ne pas avoir informé le monde assez tôt de l'apparition d'une nouvelle infection dangereuse», appelant à renforcer la coopération russo-chinoise dans la lutte contre la pandémie. L'administration Trump accuse en effet par ailleurs Pékin d'avoir «dissimulé» la gravité de l'épidémie à son début en Chine et a gelé mardi la contribution financière américaine au fonctionnement de l'Organisation mondiale de la santé, lui reprochant de s'être alignée sur les positions chinoises.
Lire aussi Une seule priorité, «sauver des vies» : l'OMS répond au retrait du financement américain