22/04/2020 telex.ovh  20 min #172747

Discernement - Analyse sur le Crédit social tel que pratiqué sous une dictature aliénée

Dans ces commentaires dirigés d'articles, j'étudie une idée précise, simple, mais qui mérite d'être longuement explicitée.

Sur un plan tactique il s'agit de l'idée qui consiste à mettre un processus qui tourne en boucle en "pause" pour analyser patiemment son fondement, afin de s'extraire de cette boucle.

Il s'agit d'une technique psychologique.

Le problème qui veut être résolu est celui d'une tautologie.

Nous étudions ce phénomène à un niveau générique, en s'aidant d'exemples, qui sont assez communs, tels que le totalitarisme, et en terme général le manque de discernement qui va avec.

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Le premier article,  La pandémie de Covid-19 et la montée du nationalisme économique, met en relation deux thème qui opèrent, l'un pour l'autre, un tenseur attractif (la pandémie et le nationalisme).

Les citations permettent d'impulser les réflexions qui s'imposent dans le cadre de notre étude.

La source des grands problèmes auxquels l'humanité est confrontée n'est pas la mondialisation économique et l'intégration de la vie économique et sociale à l'échelle mondiale.

C'est une remarque très importante.
Elle permet de procéder au discernement essentiel pour comprendre la nature des erreurs humaines auxquelles le capitalisme appartient :

souvent deux critères sont conjugués en un seul, l'un est salvateur, l'autre est un poison, mais, mariés, ils sont tous deux jugés catastrophiques, et le plus souvent, la responsabilité en revient à celui qui est innocent.

Il en est, ici, de la globalisation et du fait que les états, entreprises et groupes sociaux soient en concurrence commerciale, au lieu de conjuguer leurs efforts dans un but rationnel.

Le contexte formé par la mise en concurrence, le système social, fait de la globalisation une "mauvaise chose". Mais lui imputer cette responsabilité c'est oublier de prendre en compte l'influence du contexte.

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Il en va de même avec le totalitarisme et l'intelligence artificielle, telle que décrite dans le documentaire sur Arte :  Tous surveillés - 7 milliards de suspects.

On en vient à haïr l'outil qui est salvateur à cause du contexte qui le rend destructeur. en effet on peut voir dans le reportage une rescapée du fascisme chinois (tel qu'il est décrit dans le reportage) lutter pour se convaincre que les chansons qu'on lui a inculquées par la force ne sont pas celles qu'elle aime. Mais elle ne parvient pas à critiquer la dictature qui utilise les outils, plus que ces outils eux-mêmes, qu'elle "déteste".

Dans le reportage on voit le créateur du crédit social, un être faible au regard vide et aux propos insensés, exprimer l'idée selon laquelle

En soit

Laurent Mucchielli, directeur de la recherche CNRS.

C'est très dommage qu'on ne perçoive pas le caractère paranoïaque de cette idée, qui implique comme réponse qu'il faudrait pouvoir surveiller en permanence tout le monde, parce qu'à tout moment, quelqu'un peut venir vous planter un couteau dans le dos. Pour arriver à un tel niveau de conception paranoïaque de la société, il faut soi-même avoir une représentation du monde complètement apeurée.

Et juste après, cet imbécile de reporter pose la question de façon frontale à Christian Estrosi, maire de Nice, collaborateur fanatique d'israël, "n'êtes-vous pas un peu paranoïaque ?". Bien sûr il ne faut jamais tendre l'argument qui est la conclusion d'une réflexion sans d'abord explorer cette réflexion, qui consiste à démontrer l'inanité d'un processus intellectuel, parce que le psychopathe va directement s'en défendre avec un argument-massue :

"Si c'est de la paranoïa pour vous, pour moi ce sont des faits, et des menaces. La France est en guerre, à l'extérieur et à l'intérieur, où nous avons à faire à des ennemis, que moi je qualifie de cinquième colonne, qui avance de manière rampante, tels des pieuvres, et qui tissent leur réseau de partout".

C'est quand même sidérant, qu'une vision ouvertement raciste et infantile le pousse à déclarer que "nous sommes en guerre", alors que c'est faux. Une telle déclaration devrait être condamnée. Ou du moins, cette guerre dont il fait mention, est un mensonge d'état, et même d'états au pluriel, puisqu'il s'agit d'évoquer "la menace islamiste", qui est une émanation de la CIA dans le but de déstabiliser les frontières des pays visés par un programme de "nouveau moyen-orient". Mais cela, ces imbéciles croient que nous ne le savons pas. Et pire, ils croient eux-mêmes en leurs mensonges.

Et de toutes manières, si on est en danger pour avoir provoqué des morts et des destructions, n'est-ce pas de la simple logique ? Qui a voulu cette guerre ? Si les peuples l'avaient voulu, ils se seraient acquis des conséquences. Mais là, cette guerre est voulue par des intérêts géostratégiques et financiers, en n'étant pas du tout au service des peuples, alors pourquoi devraient-ils en subir les conséquences ? Si on veut la paix, il suffit de faire la paix, pas de se protéger contre la guerre.

Non, de toute évidence, le but de la guerre est directement l'imposition d'une surveillance de masse dans le cadre de l'instauration d'une dictature, et l'argument de la sécurité est simplement une construction opérée dans ce sens.

Dans cette mesure, les industries de la sécurité, tels qu'ils sont décris dans ce même reportage, sont eux-mêmes la cause des solutions qu'ils vendent. Leur business-plan est invalide dans un monde de paix, qui n'est surtout pas leur intérêt. L'excitation des tensions nationalistes fait partie de leur fond de commerce.

Et là on en revient à l'article sur la relation avec le nationalisme et le covirus OGM.

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Un troisième exemple est très caractéristique et très courant, quand la définition de la réalité supplante le constat de la réalité :

Les régimes autoritaires ont cette spécialité qui consiste à vouloir forcer la réalité à ressembler à ce qu'elle devrait être, en faisant d'une propriété d'évidente bonne santé sociale un but primaire objectif, ignorant superbement tout ce qui l'explique ; et même, piétinant ce qui pourrait l'expliquer.

Dans le reportage d'Arte on peut assister à cette "dictature du sourire forcé" imposée par la Chine, qui cherche par la force à prétendre à une sorte d'indice du bonheur", qui consisterait simplement à exposer les visages souriants et fiers des citoyens les mieux"notés".

Là encore, en tant que programmeur, je dois faire un aparté sur le fait que cette notation relève de la loi, que la répression est infligée comme une peine légale, et qu'au niveau logiciel, pour que la loi soit légitime, il faudrait que les paramètres d'attribution ou de retrait des points soient dictés par le peuple lui-même.

Bref, pour exprimer l'ineptie qui consiste à conditionner les peuples par la technique des réflexes conditionnés imposés par la force, c'est comme si pour guérir une maladie on mettait du fond de teint et on forçait le malade à se tenir droit et souriant. C'est exactement aussi idiot que cela. C'est pourtant le commun des régimes autoritaires.

C'est à dire que les causes et les conséquences sont confondues ; l'absence des conséquences attendues et traité comme une cause du problème, sans aucun recul sur la situation. À ce moment-là, le distinguo n'a pas été opéré entre le but et la méthode, cette dernière se limitant à être l'égal du premier.
C'est un comportement primitif.

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Cet autre article,  L'institution totale (Sinistra in Rete), est encore l'occasion d'explorer ce même concept d'ineptie intellectuelle.

C'est un extraordinaire article qui s'engage dans les méandres psychotiques de la politique.

Là encore, les citations servent de point d'appui à notre réflexion.

« Il est clair que le pouvoir politique - mais aussi le sens d'appartenance des citoyens à une collectivité nationale - peuvent être prêts à de telles cessions [de souveraineté] seulement quand le coût politique et psychologique de ne pas les faire devient supérieur au coût de les faire, parce qu'il y a une crise en acte visible, avérée.

Là, il est question du moment où l'impulsion du crime devient trop forte.
La crime est fomenté par une obsession qui porte sur un constat qui est mené de façon litigieuse, et qui donc ne cesse de se renforcer puisqu'il n'a pas de réponse.

Il en va de même avec ces personnels autoritaires qui font passer la sécurité au-dessus de toutes les autres priorités de la gouvernance. Normalement elle doit revenir à des institutions subalternes, pas à la direction politique, sauf en cas de guerre. Ces véhéments se considèrent en guerre permanente, contre des ennemis invisibles et rampants, d'une façon très exactement paranoïaque.

Ils ne peuvent s'extraire de cette vision absurde de la réalité parce que pour cela il faudrait réviser un des fondements que justement ils tentent de protéger ; Quand par exemple Israël rêve de sécurité (tel qu'on le voit dans le reportage d'Arte), ils ne rêvent pas d'arrêter d'énerver tout le monde et de créer des conflits, ni ne pensent utile de remettre ceci en cause. Au contraire leurs mesures sécuritaires exacerbent ces tensions qui engendrent leur propre insécurité, étant donné qu'en faisant cela, ils assument leur belligréance.

Il en va de même avec l'usage du crédit social en Chine, qui aurait pu être un outil de libération populaire, et qui est utilisé comme un outil de contrôle mental : ils se servent de la honte infligée ou de la récompense, qui se produit au moyen d'un affichage public des visages, afin de valoriser leur propre système de valorisation et dévalorisation des gens.

La dictature psychologique qui en résulte constitue une oppression dont il n'est possible de s'extraire que si les gens acceptent de ne plus prêter attention à ce système, de ne plus se réjouir des récompenses, et de ne plus craindre la répression, qui par définition est absurde.

« Ne soyons pas surpris si l'Europe a besoin de crises, crises graves, pour aller de l'avant »

Pour s'extraire des situations endomiques (on va les appeler comme cela) il faut un choc, au moins celui d'une prise de conscience claire et indubitable, et à défaut, une situation qui force l'objectivité à admettre la nouvelle réalité.

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Aujourd'hui, le grand problème c'est que les personnes sont soumises à une pression psychologique du type terroriste (dans le sens propre de 'apte à susciter la terreur') susceptible de convaincre de vastes couches de la population, que le coût de la désobéissance à n'importe quelle chose que le Pouvoir lui imposera avec la motivation de la santé publique pourrait être très élevé. Mais pas à cause de la répression qui peut toujours être combattue, mais à cause d'un mécanisme biologique invisible, et donc, comme dans Alien, effrayant parce qu'indétectable, un monstre que les Élus, et seulement les Élus, peuvent percevoir et combattre. Autant une crise peut être naturelle (...) elle peut toujours prêter à une utilisation politique.

Pendant la période où le discernement l'a pas eu lieu, des mirages peuvent apparaître, exportant de manière symbolique le cauchemar gluant dans lequel on est empêtré. Le monstre d'Alien résume bien la"pieuvre"du maire fasciste de Nice.
Et ce monstre est bien sûr la peur du terrorisme ; alors que cela peut se résoudre simplement en disant au gars (hypothétique)"si tu as un problème, vient en parler calmement, on peut le régler facilement".

Mais non, un truc aussi simple paraît impossible.
Pourtant ce n'est que cela, la solution : la discussion, l'échange d'idées, le partage, et le contact.
Et la déficience de cette capacité à dialoguer est le parent direct de ces situations.
Cette incapacité à dialoguer provient objectivement du blocage psychologique qui est le thème de notre étude.

Là, on en arrive au chef d'œuvre, parce que la vie, la santé, la souffrance physique (pas nécessairement la nôtre mais celle des êtres qui nous sont chers) constituent des leviers plus essentiels que l'économie. C'est un chef d'œuvre qui dépasse l'imagination dystopique d'un George Orwell.

Comme disent nos amis,"l'argent, la religion et l'orgueil nationaliste sont sans conteste les principaux ressorts dont usent vos dirigeants à votre encontre"( oumo.fr). La justification des décisions ne repose que sur des sentiments irrationnels. Comment alors les conséquences peuvent-elles être autres que fâcheuses ?

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Le général Wolters sera donc notre maître dans le lutte contre le coronavirus. Ce général devant le Sénat américain a déclaré officiellement être « un 'fan' de l'utilisation flexible de la première attaque [nucléaire]

Ce qui conforte le lien entre le covirus OGM et Defender 2020.

Il est impossible de passer à côté d'un commentaire sur ce principe d'attaque préventive, qui consiste à déclencher l'arme nucléaire"de crainte"que l'autre ne le fasse. C'est à dire que d'une situation hypothétique on passe à une situation réelle, en étant motivé par... par quoi ? Le fait d'éviter d'utiliser l'arme nucléaire, la pire destruction dont l'homme est capable en un temps très court ?
Provoquer ce qui veut être évité, fait tout sauf l'éviter.
C'est vraiment la stupidité la plus extrême possible et imaginable.

Et encore une fois, il n'y a rien ici qu'un bon dialogue ne saurait résoudre.
Le besoin pathologique de déclencher un événement qui force l'objectivité relève très exactement d'une incapacité cérébrale à résoudre des problèmes simples.

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le président Macron a déclaré que ce navire partait pour une « opération militaire sans précédent » dans le cadre de « la guerre contre le coronavirus ». Cette déclaration pourrait résonner absurde pour n'importe quel idiot. Mais personne n'ose broncher.

L'absurdité est portée à son paroxysme quand il est impossible d'émettre la moindre opinion. C'est ce qui fait du totalitarisme un événement de situation du manque d'intelligence.

De même, par exemple, la crise du covirus OGM aurait pu être résolue en faisant un appel à l'intelligence pour établir les meilleures décisions à prendre. Mais cela n'a pas été le cas. Au contraire les gouvernements se sont empressés - de se faire une joie - d'imposer par la force leurs décisions subites et inflexibles.
C'est de cette inflexibilité qu'ils retirent leur jouissance.
Elle démontre, comme pour se rassurer, que la réflexion erronée qui est à l'origine du blocage psychologique n'est pas la cause de ce blocage, mais qu'il est donc dû à une cause extérieure. C'est le moment habituel du racisme.
Et dès lors tout le monde trouve normal de tirer en l'air pour abattre un virus ; qui en réalité est un virus psychologique.

La Grande Bretagne envoie parallèlement un navire de guerre vers - surprise, surprise - la Guyane britannique, juste à côté. Et le États-Unis envoient une flotte de guerre dans la mer des Caraïbes. Au milieu de ces navires, il y a le Venezuela. (...) Mais personne n'est là pour ça, que diable. En fait, les États-Unis descendent jusque là « pour combattre une guerre contre le narco-trafic » (et donc, au fond, toujours pour la santé publique). Pour la gagner, ils doivent défaire le chef de ce narco-trafic, qui se trouve être par hasard Nicolas Maduro, incidemment président démocratiquement élu de ce même Venezuela. Un récit qui dépasse par manque de pudeur plus encore que celui de la fameuse preuve de Colin Powell.

Il suffisait de montrer une fiole coincée entre les doigts pour déclencher une terreur nationale.
Ici, le fait qu'un ennemi soit désigné pour représenter très exactement la crainte paranoïaque, qu'il y ait une égalité entre eux deux, est typiquement l'erreur de non-distanciation que je cherche à décrire. Une distinction a manqué d'être faite. Un discernement n'a pas eu lieu.

Et comme le suggère l'auteur en faisant un parallèle avec"le souci de la santé", qui est carrément subconscient, l'acte de guerre peut toujours être défini comme la volonté de garder refoulées les conceptions qui permettent le dégagement salutaire tant recherché.
C'est pourtant en explorant ce point de vue, cette petite anecdote, qu'on peut trouver un sens logique à tout ce qui est en train de se produire.
La précipitation et l'empressement jouent objectivement comme des méthodes qui visent à empêcher de réfléchir correctement aux choses.

*

Tout cela se passe pendant qu'est en cours une expérience de stérilisation cognitive politique et sociale, d'hibernation collective des neurones et du sens critique.

Nos analyses se rejoignent.

Une expérience qui sera menée par intermittence, puisqu'on ne peut assigner une nation entière à résidence pour une période indéfinie et parce que la pression doit être réduite par moments. Ces intervalles de « liberté » seront exploités pour faire croire que l'on retourne à la normalité démocratique et détourner les soupçons. En réalité cette fameuse phase 2 sera caractérisée par la pré-installation d'instruments de censure et par une campagne des media mainstream pour que la censure soit acceptée comme « naturelle », comme un instrument évident pour la sauvegarde du salut public.

Wow, c'est vraiment puissant.
L'auteur suggère que tout le processus décrit est si bien maîtrisé qu'il est injecté par petites doses.

Le monde ne pourra se sortir de ces ornières qu'en révisant ses propres fondements et en admettant ses erreurs qui sont d'ordre psychologiques.

*

Pour finir sur le thème de l'incapacité cérébrale à s'extraire d'un problème causé par l'incapacité cérébrale à s'extraire d'un problème (etc...), voici une petite expérience menée par le professeur Dietrich Dorner, dans l'article  Models: the Logic of Failure, est un test qui consiste à confronter la réalité à la perception de la réalité.

Le nœud central, qui est visible dans chacun des exemples que j'ai cité, est la confrontation entre la perception de la réalité et la connaissance de la réalité. C'est quand les deux se confondent, qu'en théorie on est sûrs d'avoir raison, sauf que croire cela est oublier à quel point notre perception de la réalité peut l'influencer de sorte à ce qu'elle devienne comme on craint qu'elle soit, alors qu'à l'origine elle ne l'est pas.

Le professeur Dorner m'a gentiment envoyé une simulation de la gestion d'un pays que j'ai utilisée avec des cadres et des équipes politiques gouvernementales. Les résultats étaient généralement médiocres et souvent désastreux. Le principal problème était que les gens cherchaient à savoir comment ils voulaient que le pays fonctionne, plutôt que comment il fonctionnait réellement. Je travaillais avec un gouvernement en attente, et je pense qu'ils ont été châtiés par leur optimisme mal placé. Avec un peu de chance, c'était un bon avertissement que la formulation des politiques doit toujours être basée sur une bonne compréhension de la façon dont les systèmes fonctionnent réellement.

Dans une expérience élémentaire, qui démontrer comme"le cerveau"fonde sa réflexion sur des théories qui n'ont absolument pas été testées en réalité. Pour eux, appuyer sur un bouton revenait à obtenir une réaction immédiate. Faire tourner le cadran dans un sens ou dans l'autre, signifiait forcément faire changer le sens du curseur. Mais ces règles n'étant pas celle de la programmation du petit logiciel, tous, enfin la plupart, furent surpris de n'arriver à rien.

Son premier exemple était extrêmement simple. Les sujets devaient tourner un cadran de contrôle de manière à faire bouger une petite cible du haut de l'écran vers une ligne tracée horizontalement au milieu. La solution consistait évidemment à tourner le bouton dans le sens des aiguilles d'une montre de manière à ce que la cible descende jusqu'à la ligne médiane. Cela s'est avéré difficile. Dorner avait arrangé le système de sorte que la cible ne se déplace qu'après un certain délai. La plupart des sujets ont trouvé cela très déroutant. Ils continuaient à tourner le cadran pour faire descendre la cible, pour découvrir qu'après une période d'absence de réponse, la cible descendait soudainement au-delà de la ligne médiane souhaitée, au bas de l'écran. Irrités et confus, les sujets ont alors tourné le cadran dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, le faisant ainsi revenir en haut de l'écran. Il a fallu de nombreuses corrections et beaucoup de temps pour amener la cible sur la ligne médiane souhaitée. Une minorité de sujets n'ont fait qu'un seul mouvement prudent et ont ensuite attendu de voir ce qui se passait. Ces sujets étaient capables de placer la cible sur la ligne médiane rapidement et avec très peu de mouvements.

C'est à dire que"le cerveau"s'est imaginé des fonctionnements en se basant seulement sur des habitudes, des acquis, la mémoire, ou des croyances, et non pas sur les faits tels qu'ils pouvaient facilement être observés.

Cette erreur"élémentaire"est extrêmement courante. Elle est le thème central de dessins animés comiques pour les enfants. Mais les politiciens, eux, la font sans se douter de rien, sans jamais vouloir se remettre en cause, et en assumant l'inflexibilité de leur vision du monde, en l'associant avec le pouvoir qui est le leur, ainsi qu'avec leur autorité, qui serait remise en cause si on le voyait ou s'ils avouaient leur erreur.

Eh bien c'est là que nous en sommes.

*

Pour finir, un dernier petit tour dans la tête de Lin Junyue, théoricien"inventeur"du crédit social, rencontré dans le reportage d'Arte :

Le journaliste demande (à 50'50") : "Cela revient à dire que les citoyens sont comme des enfants, qu'il faut éduquer, non ?"

Jin répond :

"L'éducation est nécessaire. Le système de crédit social est le meilleur moyen de gérer efficacement une société. Avec cela on peut non seulement contrôler les risques financiers, les risques bancaires, mais aussi rétablir l'éducation morale, l'honnêteté, les comportements vertueux.
La résolution des problèmes par le crédit social n'est pas l'envoi en prison quand on a enfreint les lois, c'est le regard du reste de la société qui trouve que votre attitude n'est pas bonne."

C'est difficile pour moi tant il y a de vices de langage dans ces propos, mais bon on va se limiter aux plus évidents :

1. "gérer une société" : Qui ordonne qu'il faille gérer une société ? Que cette gestion soit "efficace" ? Quel est le critère de cette efficacité ?.

On voit bien que le premier argument de cette "gestion", est l'économie (capitaliste, ne lui en déplaise). On a donc une situation où la finance, pas seulement au figuré mais au sens propre, dirige les comportements. C'est littéralement ce qu'il ose dire !!

2. L'incitation aux "comportements vertueux", dont la vertu est décidée arbitrairement mais écrite nulle part (ce qui fait toute dictature), contrevient évidemment à la nature de ce qui est véritablement vertueux". Est-ce vertueux d'imposer la vertu par la force ? Est-ce vertueux d'être vertueux par crainte des représailles ? Que reste-t-il de la vraie et authentique vertu dans un monde qui juge chacun de vos actes ? N'est-ce que pour soigner les apparences ? Quelle folie en vérité ! La vraie vertu est quelque chose qui doit être spontané, désintéressé, naturel, et bien qu'il n'y ait aucune récompense à la clef, on doit pouvoir y tenir par principe. Ici, relâchez la pression (coupez le courant), et toutes les vertus disparaissent !

3. Toute honte bue, Yin justifie le système par la pire de ses procédures, celle qu'on voit dans le film"La ligne verte", quand le violeur"se sert de l'amour des sœurs l'une contre l'autre". Il s'agit de se servir de la honte et de la fierté du peuple, contre le peuple, pour qu'il se soumette à des règles qui elles, ne viennent pas du peuple, ni ne servent ; et même qui desservent son élévation spirituelle.

Pour encore donner une référence à des sketchs comiques, dans Malcom, le tortionnaire (militaire à la retraite avec des crochets aux mains), se défoule sur des vieux retraités :"Vous collage est mal fait, voilà, bravo ! Vous venez de priver toute votre section de dessert !"Et là les autres vieux se tournent vers la vieille dame avec un air réprobateur. C'est dingue qu'une telle tactique puisse marcher ! Qu'elle ne marche que sur des très vieux ou des très jeunes est à peine croyables, mais sur des citoyens, sur tout un peuple, c'est inimaginable.

Puis, à 54'15" :

"Vous n'avez pas peur d'avoir créé un monstre ?" (c'est un peu la même question qu'avec Estrosi sur la paranoïa - et la même technique qui consiste à donner l'argument à réfuter plutôt qu'à en démontrer les fondements)

"Non, je ne le vois pas comme cela. D'abord il faut la paix et la stabilité, que chacun vive bien. Et après seulement, on réfléchira aux droits de l'homme. Vous comprenez ? Quand vous n'arrivez même pas à vivre, tout le reste est superflu. Je pense qu'on a mit en place une bonne méthode technologique. Et j'espère vraiment qu'on arrivera à l'exporter dans un pays capitaliste. Je trouve que la France devrait vite adopter notre système de crédit social... pour régler ses mouvements sociaux !
Si vous aviez eu le système de crédit social, il n'y aurait jamais eu les Gilets Jaunes ! On aurait détecté cela avant qu'ils n'agissent. On aurait pu le prévoir, il n'y aurait pas eu ces événements. C'est l'un des atouts, l'un des grands avantages du crédit social."

Vous avez bien entendu, oui !

Comme le disait l'auteur de l'article "L'institution totale", cela va au-delà des espoirs de Orwell.

Si on ne veut pas que les gens manifestent, ne suffit-il pas simplement de répondre positivement à leurs revendications ? Ne sont-elles pas légitimes, puisque populaires ? Que les peuples soient considérés comme "des enfants", qui ne comprennent rien à la politique, qui sont gâtés, et qu'il faut "éduquer", fait totalement partie de l'argumentaire entendu allant contre les Gilets-Jaunes. Mais au contraire ils sont instruits, au moins autant que les politiciens, et leurs demandes sont raisonnables, et mieux, elles sont le fondement de la légitimité elle-même.

S'opposer à cela est proprement dictatorial.

Quant à dire "d'abord il faut la paix, et ensuite on verra pour les droits de l'homme", constitue un renversement de causes et de conséquences qui est carrément criminel. Non, les droits de l'homme sont à la fois les garants, la raison, et ce qui justifie la paix sociale. Les droits de l'homme sont un guide, un moyen de concrétiser les droits de l'homme. Ce ne sont pas "un cadeau en fin de partie pour ceux qui auront été sage" !!!
Ce n'est qu'en étant sans cesse à la poursuite des droits de l'homme, en faisant tendre la société vers cet idéal, qu'ils peuvent se concrétiser. En premier lieu, la liberté, puis la liberté, et enfin la liberté !

22/04/2020

 telex.ovh

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