01/05/2020 logic.ovh  5 min #173233

L'or de la life

Bien que tout le monde ait oublié pourquoi, l'or est devenu historiquement la matière la plus précieuse du monde. Elle fait saliver les imbéciles et briller les yeux des voleurs.

Car quiconque se pavane avec des bagues et amulettes en or s'économise de devoir expliquer pourquoi il est préférable de se soumettre à chacun de ses caprices et de rester poli avec lui. Et les gens qui gisent sur les trottoirs leur tendent leurs plus belles pièces de tissu soyeux, de babioles magiques et de denrées précieuses, ainsi que toute la nourriture qu'ils veulent, avec la plus grande frénésie tout en chassant les maudits mal-habillés qui traînent dans le coin.

La question de savoir à partir de quand le monde est devenu fou se rapproche de la question de savoir à partir de quand on a oublié pourquoi l'or était si précieux. Non que cela soit une rareté, sur laquelle fut fondé tout le système économique de la fabrication de la rareté (pour faire pareil) c'est avant tout un symbole, un symbole de ce à quoi les humains les plus intelligents et cultivés tiennent le plus : le fait que l'or ait une durée de vie infinie. Car ce qui a vraiment de la valeur, est de ce dure.

Si dès lors ont s'était attachés à cette propriété plutôt qu'à ce qui transporte cette propriété, parmi mille autres exemples qui peuvent se vanter d'avoir la même propriété, on aurait bâti une toute autre civilisation ; celle de l'éternité plutôt que celle de la rareté.

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En plus c'est idiot car l'or est maintenant concentré dans les coffres-forts des banques du monde, dans l'espoir de servir d'assommoir contre les peuples avides d'un métal qui n'a aucun intérêt en lui-même ; et qui permet d'acquérir ce que ces humains ont déjà. Ils auraient aussi bien pu jeter leur dévolu sur l'herbe à chat ou sur les coquilles d'escargots, les coffres-forts des banques en seraient tout autant remplies jusqu'à ras-bord, toujours dans le même but de tout posséder et de ne rien laisser aux autres.

Donc pourquoi ne pas (les questions qui commencent comme ça finissent mal mais bon) élire un autre truc comme étant, non pas précieux, mais de valeur, et ayant un caractère éternel ?
Et qu'y a-t-il de plus éternel que le sens moral (même si dans ses modalités il peut fluctuer avec le temps) et tout du moins, les valeurs essentielles qui garantissent et assument le devenir de l'humanité ?

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En substance cet argent, qui est de l'or, et qui est de la monnaie, n'est que le droit de procéder à des transactions inéquitables, ou du moins dont l'équité, c'est à dire la justification, se situe à un niveau supérieur que celui où se situent les deux protagonistes de cette transaction.

Et ce niveau supérieur quel est-il ? Il est très vague et approximatif. Disons que la méthode de l'argent n'est que le prémisse, sur le plan historique, de ce que doit, ou peut, devenir le système social, qui se résume à un système de justification des transferts de biens.

Si on l'appelle comme ça, quel est-il ? Il consiste à justifier le transfert par la détention de richesse, plaçant cette dernière comme une priorité sur la nature des biens et la raison de leur transfert. La richesse devient le but du système, ce qui est sommairement idiot.

Pour que le but du système soit axé sur la nature des biens et la raison des transferts, leur justification doit se loger dans ce qui a le plus de valeur pour l'humanité, ce qui est éternellement immuable, ses aspirations, ses besoins, la paix, la prospérité et la pérennité.

Ce sont des critères subjectifs. Ce qui est un problème. Au moins l'or se pèse, ce qui est pratique. Il faut donc pouvoir rendre ces critères subjectifs palpables, mesurables, c'est à dire en somme les formaliser.

Bien sûr avant l'invention de l'informatique, cette formalisation via des algorithmes était aussi laborieuse qu'impossible à faire connaître, à l'ensemble des acteurs des échanges.

Mais c'est là que les choses ont changé. Aujourd'hui on peut le faire instantanément, et surtout, on peut nourrir ces algorithmes pour qu'ils renvoient les résultats les plus corrects possibles. On peut les nourrir à la fois avec des données tangibles, telles que les besoins, les capacités, les stocks, les distances, la mesure du temps, etc. et on peut les nourrir avec des données intangibles, telles que les appréciations, la satisfaction, et des notions de responsabilité ou d'éthique.

Et à son tour, c'est là que je trouve que ce système serait génial, les notions d'éthiques peuvent se consolider, à force de faire des recherches et des études, en données tangibles, par exemple lorsqu'il s'agit de mesurer les chaînes de conséquences en amont et en aval d'un bien de production. C'est ça le vrai or !

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Pour procéder correctement, il faut en revenir à l'essentiel, et savoir qu'on peut s'autoriser à le faire puisque dorénavant, maintenant qu'on est entrés dans l'ère du traitement de l'information, on a toute latitude d'introduire des conceptions plus vastes et plus morales pour déterminer ce qui a vraiment de la valeur.

Toute la question à laquelle ce travail revient consiste bel et bien à déterminer ce qu'est la valeur, ce qui a de la valeur ; aux yeux de qui et de quoi, à quel moment, en mesure de l'état des lieux, et surtout dans quelle optique générale, c'est à dire, en suivant quelle politique, à l'échelle locale ou à l'échelle globale.

On est donc (devenus) totalement libres de donner de la valeur à ce qu'on veut, de faire de n'importe quelle notion, éthique ou morale, écologique ou sociale, le nouvel or de demain.

Et en prime, cet or, les gens ne se battront pas pour l'avoir, car la possession n'a plus de sens. Ce qui fait la valeur est ce qui justifie les transactions, et c'est cette justification qu'il faut chercher, et avec elle, la raison de tout ceci, le grand pourquoi, pourquoi sommes-nous là, vivants, ensemble, dans ce monde ? C'est à cette question que le nouvel or va pouvoir répondre. Et il le fera, encore une fois, de façon tangible.

 logic.ovh

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