En l'espace d'un peu plus d'une semaine, en plein confinement, Carrefour et Grand Frais ont cédé face à l'indignation des 1,4 millions d'abonnés de la page Facebook de Mr Mondialisation à la suite de deux publications dénonçant le suremballage criant de produits alimentaires dans le cadre de l'opération #balancetonproduit. Les réponses ne se sont pas fait attendre : après avoir rejeté la faute sur leurs employés, ces enseignes ont toutefois promis de modifier leurs consignes afin de mettre fin à l'usage abusif du plastique dans les situations décriées par la communauté. Un pas de plus dans la lutte contre l'utilisation démesurée de plastique à usage unique grâce à la mobilisation citoyenne.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE du jeudi 14 mai 2020
Visiblement, l'effet de masse sur les réseaux sociaux n'a pas fini de porter ses fruits. Le 10 mai, une publication de Mr Mondialisation, concernant des barquettes sous cellophane entièrement vides disposées auprès des produits du rayon crémerie d'un magasin Grand Frais, suscite de vives réactions auprès des internautes. Contacté par les membres, l'enseigne explique que l'objectif est esthétique et vise à créer une impression d'abondance dans les rayons. Constatée au départ par un des lecteurs de Mr Mondialisation, cette opération de marketing mettant en scène des emballages vides régulièrement jetés et remplacés, révolte profondément les fans de la page, de même que la justification de ce geste. La publication aura touché plus de 1,6 millions de personnes sur Facebook avec 13.000 likes et 6.500 partages. Dès le lendemain, Grand Frais réagit à cette publication et au mécontentement des clients, assurant « qu'il s'agit de malencontreuses initiatives personnelles » non cautionnées par l'enseigne qui s'engage à ne plus avoir recours à ces barquettes plastiques vides à l'avenir. Pourtant, comme l'indique Mr Mondialisation et plusieurs ex-employés : « la pratique était commune chez Grand Frais, laissant présager une consigne globale de longue date ».
Ce n'est pas la première fois qu'une grande enseigne rejette la faute du suremballage sur ses employés alors que cette pratique fait fureur dans la grande distribution, et ce davantage encore depuis le début de la crise sanitaire. Une situation similaire s'était déjà produite une semaine auparavant, impliquant cette fois Carrefour. En cause, « 4 petites tranches de melon sur son lit vert plastifié absorbant, dans sa barquette de Styrofoam, le tout enrobé de son film plastique industriel. Le tout vendu 3 fois le prix au kg d'un melon en vrac ». Suite à cette dénonciation publique par Mr Mondialisation le 29 avril 2020 et à l'indignation généralisée des internautes (2,5 millions de personnes touchées et 20.000 partages), Carrefour s'est rapidement engagé à ne pas réitérer ce type de pratique, rejetant sans surprise la faute sur un employé qui aurait soi-disant souhaité éviter du gaspillage. Pourtant, au vu du prix faramineux des barquettes, il semblerait plutôt que le but ait été d'augmenter la marge sur ces produits.
Il existe de nombreuses pratiques efficaces pour lutter contre le gaspillage sans avoir besoin de générer une quantité monstrueuse de déchets. Plus globalement, au vu du contexte pandémique actuel, le suremballage des aliments dans du plastique est d'autant plus absurde, voire dangereux, que l'on sait que le plastique est le matériau sur lequel le SARS-CoV-2 reste infectieux le plus longtemps (jusqu'à 7 jours à température ambiante selon une étude récente publiée dans la revue scientifique médicale The Lancet).
Ce recours en masse au plastique à usage unique semble s'être généralisé dans les enseignes de la grande distribution qui se plaisent à se dédouaner de ces actions. Depuis le lancement de l'opération #balancetonproduit, Mr Mondialisation invite régulièrement ses fans à lui faire part de ce type de découvertes dans le monde de la consommation afin d'exposer ensuite ces aberrations aux yeux de tous et générer des changements. Ces deux victoires consécutives démontrent que les internautes ont du pouvoir même face aux géants de la grande distribution.
Face à un recours massif et délétère en tout point au plastique dans ces enseignes, le partage d'informations est essentiel et peut peser lourd dans la balance. Cependant, il faut demeurer vigilant quant aux promesses dont personne ne dispose de garanties qu'elles seront tenues. De même, il ne faudrait pas oublier que le problème de l'utilisation massive et à large échelle du plastique réside dans les rouages de nos sociétés qui vivent encore sous le joug d'une économie débridée et de ses fidèles serviteurs, les lobbies industriels.
Mr Mondialisation
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