Chef d'entreprise multimilliardaire aux trois nationalités, dont la citoyenneté américaine, Elon Musk est un habitué des extravagances. Dernière sortie fracassante en date, un tweet dans lequel il s'est exprimé sur la situation politique en Bolivie.
«Nous renverserons [les systèmes politiques] que nous souhaitons ! Faites avec.» C'est en ces termes directs que l'homme d'affaires Elon Musk (PDG de SpaceX et directeur général de Tesla) a décidé de répondre sur Twitter à l'internaute Armani (historyofarmani) qui venait de l'interpeller sur la situation politique en Bolivie. «Le gouvernement américain organise un coup d'Etat contre Evo Morales en Bolivie pour que vous puissiez y obtenir du lithium», écrivait-il.
En substance, l'homme d'affaires à la triple nationalité (Etats-Unis, Afrique du Sud et Canada) ne semblerait donc pas opposé à l'ingérence étasunienne dans certains processus politiques à travers le monde, dès lors qu'elle optimiserait ses propres intérêts économiques.
Ce tweet d'Elon Musk s'inscrit dans un fil de publications à travers lequel il exprimait initialement ses réserves sur un tout autre sujet, celui d'un potentiel nouveau plan de relance pour l'économie américaine. «Un autre plan de relance du gouvernement n'est pas dans le meilleur intérêt du peuple []... Le but du gouvernement devrait être de maximiser le bonheur du peuple. Donner de l'argent à chaque personne lui permet de décider de ce qui répond à ses besoins, plutôt que de recourir à un instrument brutal de la législation, qui crée des intérêts particuliers», a-t-il notamment écrit.
Quant à la filière du lithium bolivien, sur laquelle a été interpellé Elon Musk sur le réseau de microblogging, le chef d'entreprise a tenté une diversion avec un autre tweet publié quelques minutes plus tard : «Nous obtenons aussi notre lithium d'Australie.»
Le lithium du Salar de Uyuni revêt depuis longtemps des enjeux majeurs d'indépendance économique pour la Bolivie. Mais comme le rapporte un article du Monde Diplomatique daté de janvier 2020, cette exploitation minière, «un projet d'industrie nationale» porté par l'ex-président Evo Morales, a été «torpillée par le coup d'Etat».
Bolivie : un départ de Morales plébiscité par Washington
Pour rappel, en novembre 2019, l'administration américaine avait ouvertement soutenu le départ du président bolivien Evo Morales, alors poussé à la démission après des allégations de fraude électorale - dont les preuves sont aujourd'hui réduites à peau de chagrin.
«Total soutien aux conclusions du rapport de l'OEA [l'Organisation des Etats américains basée à Washington] qui recommande de nouvelles élections en Bolivie pour assurer un processus véritablement démocratique et représentatif de la volonté du peuple. La crédibilité du système électoral doit être restaurée», avait par exemple écrit le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, 𝕏 le 10 novembre 2019, jour même de la démission d'Evo Morales.
La Bolivie a entamé un virage à droite depuis l'accession à la présidence par interim de Jeanine Áñez, dont la politique s'inscrit en totale rupture avec celle de son prédécesseur Evo Morales, tant sur les questions intérieures que sur le volet des relations à l'international.
Alors que des élections générales anticipées sont prévues en Bolivie en octobre 2020 après la récente annonce d'un report lié au Covid-19, l'ex-président bolivien a été écarté du jeu politique dans son pays en février dernier par le Tribunal suprême électoral. Il est actuellement exilé en Argentine.
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