par Karine Bechet-Golovko.
Autant les manifestations globalistes en Biélorussie sont applaudies, surmédiatisées et encouragées autant les Gilets Jaunes sont dénigrés, évités et condamnés. Étrange ? Non, les uns luttent pour le monde global, les autres en sont fatigués. Donc, la première opposition est étiquetée « démocratique », la seconde n'a pas sa place. Un monde global doit conquérir les territoires qui échappent encore à sa tutelle, sinon il ne peut être global. Un monde global doit contraindre les corps faute de convaincre les esprits, car il ne peut être que totalitaire. Donc silence, sinon on a une énième vague et tout le monde retourne à la maison.
Pour manifester, allez à Minsk, à Caracas ou à Moscou, mais pas à Paris. Car, dans le premier cas vous serez des « combattants de la démocratie ». A Minsk, pour bénéficier d'une absolution politico-médiatique totale, il a suffi de ressortir un drapeau rouge et blanc institué sous l'occupation allemande de la Biélorussie, d'invoquer un rapprochement avec l'OTAN, de chercher à restreindre la langue russe et d'engager un grand programme de privatisations de l'industrie nationale. Alors, vous êtes un héros et quoi que vous fassiez, ou que vous soyez, vous serez l'enfant-chéri des dirigeants occidentaux alignés et des médias, qui le sont tout autant.
Si jamais les forces de l'ordre repoussent les manifestants à Minsk, Caracas ou Moscou, la communauté internationale s'inquiétera des « violences policières ». Elle condamnera un « régime » qui maltraite sa population, qui la prive de ses droits les plus élémentaires.
Mais ça, c'est possible uniquement en dehors du monde global. Car quelle serait votre légitimité à manifester contre les effets désastreux de la globalisation dans les pays alignés ? Aucune, ce ne sont pas des « régimes », mais des « gouvernements ». A priori aucune et ça ne se discute pas. De quel droit voudriez-vous un salaire décent ? De quel droit voudriez-vous des services publics qui fonctionnent ? De quel droit vous battre pour vos acquis sociaux ? C'est absurde, l'URSS est tombée et avec elle le modèle socialiste qui obligeait le monde libéral à faire des concessions pour créer un pôle d'attraction. Maintenant, c'est fini et les concessions également.
Donc, les forces de l'ordre ont le droit de frapper, elles en ont même ordre. Et si jamais ça ne devait pas se passer assez bien, des hommes en noir sont là pour provoquer. Eux, bizarrement, ne sont jamais interpellés...
Donc quelques milliers de personnes dans les rues, 300 arrestations, les gaz et les grenades de désencerclement, car ici, la contestation et les revendications ne sont pas acceptables.
Et malgré la médiatisation et la création de figures totalement décalées comme Rodriguez, malgré l'insistance médiatique sur le soutien des Traoré, malgré la poussée en avant de LFI, rien n'y fait, les Français malgré tout cela soutiennent le mouvement contestataire qui n'en finit pas. Entre ceux qui se sentent proches et ceux qui se sentent Gilet Jaune, on arrive à 51%.
51%, même si les médias insistent sur les 10%.
Selon que vous serez à Minsk ou à Paris, la violence sera légitime soit du côté des manifestants, soit du côté des forces de l'ordre. Car, soit votre contestation sera légitime et soutenue par la communauté internationale, puisqu'elle va dans le sens du renforcement de la globalisation, soit elle sera condamnée et vous avec elle.
Et cela ne changera pas tant que ces 51% resteront derrière leurs écrans à épuiser leur énervement dans les pétitions électroniques, dans des commentaires et des reposts. Car seuls les mouvements contestataires dans le réel ont un poids politique, le reste n'est qu'un rideau de fumée permettant de faire sortir le surplus de mécontentement pour que surtout rien ne change. Et rien n'a changé, ni les salaires, ni les privatisations, ni la destruction des services publics. Rien. La seule différence est que ce monde est masqué et manie la peur et le chantage sanitaire comme une matraque, par ailleurs efficace. Bref, sans aucun doute, il y aura une deuxième, troisième, dixième vague. Peu importe de quoi, lorsque l'on cherche bien, l'on trouve.
Et cela, tant qu'il y aura des Hommes pour relever la tête, mais pas suffisamment pour nettoyer ce marasme politique.
source : russiepolitics.blogspot.com