Les Biélorusses élisent leur président au terme d'une campagne mouvementée

Les Biélorusses élisent ce 9 août leur président. Tandis que le chef d'Etat Loukachenko se pose en garant de la souveraineté et de l'unité nationales, sa principale opposante Tikhanovskaïa promet notamment la libération des «prisonniers politiques».

La Biélorussie organise ce 9 août son élection présidentielle.

Les urnes avaient ouvert dès le mardi 4 août pour les citoyens qui ne pouvaient pas se déplacer dimanche, avait rapporté notamment  Le Monde.

Quels candidats sont en lice ?

En lice,  cinq candidats enregistrés et validés par la Commission électorale centrale (CEC) :

  • L'actuel président du pays Alexandre Loukachenko, à la tête de l'ex-république soviétique depuis 1994.
  • Svetlana Tikhanovskaïa, une enseignante d'anglais de formation qui a remplacé au pied levé son mari, le vidéo-blogueur de renom Sergueï Tikhanovsky, après son arrestation en mai pour «organisation et préparation d'actions violant gravement l'ordre public».
  • Anna Kanopatskaïa, ancien membre de la chambre basse du Parlement biélorusse.
  • Andreï Dmitriev, coprésident de l'association «Dire la vérité».
  • Sergueï Tcheretchen, président du Parti social-démocrate biélorusse Gramada.

Arrestation ou disqualification d'opposants

Deux autres candidatures ont été écartées de la course présidentielle.

Valeri Tsepkalo, ancien diplomate de haut rang, s'est vu disqualifié en raison d'un nombre insuffisant de signatures collectées pour être candidat. Il est «parti à Moscou avec ses enfants par crainte pour sa sécurité», a déclaré fin juillet à l'AFP son porte-parole. Valeri Tsepkalo a indiqué au média en ligne  Tut.byque que son épouse et lui-même avaient pris cette décision après avoir reçu des informations de sources au sein des services de sécurité selon lesquelles «l'ordre avait été donné de [l']arrêter».

Viktor Babaryko, ancien banquier, a lui été arrêté mi-juin puis emprisonné car soupçonné d'être à la tête d'un «groupe organisé» accusé de «fraudes» et de «blanchissement d'argent» via la banque Belgazprombank, filiale du géant gazier russe Gazprom qu'il a précédemment dirigée. L'ONG Amnesty International estime de son côté qu'il s'agit d'un «prisonnier de conscience».

Par ailleurs, le soir du 8 août, à la veille du scrutin, Maria Kolesnikova, ancienne directrice de campagne de Viktor Babaryko qui s'est rangée aux côtés de Svetlana Tikhanovskaïa, a été arrêtée par les forces de l'ordre, selon son service de presse citée notamment par les agences AFP et  Tass. Plus tard le même jour, elle a été relâchée, a fait savoir la même source. Son équipe de campagne a en outre expliqué qu'elle avait été arrêtée «par erreur». Les autorités biélorusses n'ont de leur côté pas précisé le motif de cette arrestation.

Le phénomène Tikhanovskaïa

Svetlana Tikhanovskaïa, qui se présente comme une «femme ordinaire, une mère et une épouse», n'avait initialement pas d'ambitions politiques et ne se voyait dans cette campagne qu'au côté de son mari, mais l'éviction de la course à la présidentielle de nombreux opposants à Loukachenko, dont son époux, l'a poussée à se jeter dans la bataille. Par la suite, elle a été rejointe dans sa campagne par Veronika Tsepkalo (femme de Valeri Tsepkalo) et Maria Kolesnikova.

Dans une interview publiée par le site d'informations  meduza.io, Tikhanovskaïa a affirmé qu'elle partageait une stratégie commune avec les équipes de Viktor Babaryko et Valeri Tsepkalo, les deux candidats exclus de la campagne présidentielle évoqués plus haut.

L'émergence de cette coalition fait de Tikhanovskaïa la principale candidate de l'opposition, selon la presse russe.

En cas de victoire, Svetlana Tikhanovskaïa envisage de «libérer les prisonniers politiques et économiques» et de réunir les conditions pour la tenue d'élections anticipées incluant la participation, notamment, des opposants actuellement derrière les barreaux Viktor Babaryko, Valeri Tsepkalo et Sergueï Tikhanovsky. Le message principal de sa campagne présidentielle consiste ainsi à inciter les électeurs à voter pour l'organisation de nouvelles élections jugées justes et équitables, et non à la soutenir personnellement.

Svetlana Tikhanovskaïa est parvenue à galvaniser une partie de l'opposition. En particulier, le 30 juillet, plusieurs dizaines de milliers de ses partisans ont participé à un grand rassemblement à Minsk.

Loukachenko se veut le garant de la souveraineté et de la stabilité du pays

Alexandre Loukachenko, arrivé au pouvoir en 1994, présente sa candidature à l'élection présidentielle pour la sixième fois. Fort de ces années d'expérience, il se positionne comme un dirigeant fort et soucieux des intérêts nationaux.

A la suite de nombreuses manifestations d'opposition, lors d'une prise de parole le 15 juillet, le dirigeant biélorusse n'a pas hésité à accuser à la fois Moscou et l'Occident de vouloir intervenir dans le scrutin d'août 2020, sous-entendant que certains candidats étaient financés par le Kremlin. Partant, Alexandre Loukachenko a assuré qu'il défendrait son pays «avec toutes les méthodes légales» et qu'il ne donnerait «son pays à personne».

La question principale et la plus importante est de préserver le pays

La préservation de la Biélorussie est la priorité absolue du chef d'Etat sortant. «Vous et moi, nous devrions être surtout préoccupés par le fait de n'admettre en aucun cas la déstabilisation de la situation dans notre pays. C'est notre objectif le plus important. La question des élections présidentielles est secondaire. La question principale et la plus importante est de préserver le pays», avait déclaré le président biélorusse, cité par le site d'information officielle  belta.by.

Tensions entre la Russie et la Biélorussie à l'approche du scrutin

A l'approche du scrutin présidentiel, les relations de la Biélorussie se sont tendues avec son voisin et allié traditionnel, la Russie, après  l'arrestation de ressortissants russes sur le territoire biélorusse le 29 juillet.

Les enquêteurs biélorusses ont accusé ces individus d'être des employés de la société militaire privée Wagner et d'avoir voulu organiser des «émeutes massives» en lien avec deux opposants biélorusses incarcérés depuis plusieurs semaines. Le président  Alexandre Loukachenko a également déclaré que les détenus avaient avoué avoir été «envoyés spécialement en Biélorussie» et avaient l'intention «d'organiser un massacre dans le centre de Minsk».

Moscou, de son côté, a formellement démenti toute volonté d'intervenir dans les affaires biélorusses.  « La Russie est intéressée au maintien d'une situation politique intérieure stable en Biélorussie», a encore rappelé le Kremlin le 7 août. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a également dénoncé «le spectacle qui a été organisé autour de leur arrestation».

 Lire aussi Présidentielle en Biélorussie : une campagne sous haute tension

 francais.rt.com

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