Par Candice Vacle
« Il existe différents mutants [du covid-19] actuellement qui sont corrélés avec l'existence de formes qui sont moins graves en terme d'hospitalisation, de réanimation et de mortalité. » Pr. Raoult, le 22 septembre 2020
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Le COVID-19 a-t-il muté?
Pr. Didier Raoult, infectiologue et microbiologiste à l'Institut Hospitalo-universitaire de Marseille (IHU) répond dans la vidéo de l'IHU du 22 septembre 2020, à partir de la minute 6:48
Il commence par parler d'une étude scientifique de Singapour datant de fin août 2020 intitulée « Effets d'une délétion (1) majeure dans le génome du SRAS-CoV-2 sur la gravité de l'infection et la réponse inflammatoire : une étude de cohorte d'observation. » (2) A ce propos, il dit:
« cette étude montre quelque chose de très intéressant. Qui montre un mutant qui a perdu toute une partie d'un gène (qui s'appelle l'ORF 8). Ce gène avait aussi disparu dans le premier SARS et on avait compris que le premier SARS avait perdu sa pathogénicité en perdant ce gène. Et, là, il s'est passé la même chose. C'est à Singapour et il trouve ce que nous voyons, c'est-à-dire que la sévérité de l'infection, la réponse inflammatoire... les troubles de la coagulation diminuent, et les embolies pulmonaires diminuent d'une manière très significative dans cet épisode. Et, donc, on a commencé à chercher les mutants (3) avant que ce travail soit publié. Mais, on a des données qui confirment ces données là (3)... Il y a un bond qui s'est fait.... Et, donc, l'impression que l'on a, actuellement, c'est que l'on a de petites épidémies qui se font avec chacun de ces mutants et qui disparaissent, et qui donnent plutôt des formes moins graves. Et, si on regarde les mutations, il y a effectivement des mutations de cet ORF 8 et qui donnent des formes moins graves.... Et, donc, il y a un phénomène dans ce virus qui est un phénomène de mutation accéléré... Il existe différents mutants actuellement qui sont corrélés avec l'existence de formes qui sont moins graves en terme d'hospitalisation, de réanimation et de mortalité. C'est la situation dans laquelle on est. »
Parmis les données qui confirment cette étude de Singapour, il y a, comme le dit Pr. Raoult, celle de son équipe qui est intitulée « Augmentation dramatique du taux de mutation de Sars-Cov-2 et faible taux de mortalité lors de la deuxième épidémie de l'été à Marseille », datant du 7 septembre 2020. Cette étude en se basant sur « l'évolution de 691 séquences génomiques complètes obtenues à partir de patients SRAS-CoV-2 diagnostiqués entre février et août 2020 » montre « que les séquences de l'épidémie passée (février-mai) ont majoritairement disparu et celles de l'épidémie actuelle (juin-août) appartiennent à de nouveaux génotypes (4) présentant un taux de mutation nettement plus élevé. »
La question de la mutation du génome du COVID-19 est fondamentale car d'une manière générale les mutations du génome (5) d'un virus « vont vers un atténuation de la virulence. » (6) Un virus dont la virulence est atténué est un virus qui se multiplie moins rapidement. (7)
Étonnamment, Jean-François Delfraissy Président du Conseil scientifique semble ignorer les études susmentionnées ou bien avoir une autre perception du sujet de la mutation du covid-19. En effet, interrogé, le 16 septembre 2020, lors de la commission d'enquête du Sénat sur la gestion de la crise du coronavirus, sur la mutation du covid-19, il dit à partir de la minute 12:30:00 (pour voir la vidéo cliquez ICI):
« Sur mutation, non, à ma connaissance, le sujet est énormément étudié au niveau mondial... il y a de multiples petites mutations qui existent, une un peu plus importante. Il y a-t-il une mutation actuelle qui pourrait expliquer, par exemple[Blanc de la vidéo officielle. Le son est coupé]. il n'y a aucune preuve actuelle, et il n'y a pas de mutations décrites de ce virus de façon significative dans les laboratoires internationaux. » Il semble que J.-F. Delfraissy fasse fi du fait que la nature même des virus soit de muter. (6)
Puis, interrogé lors de cette audition sur la virulence du COVID-19, Jean-François Delfraissy répond d'abord à côté de la question puis élude la question. (A partir de la minute 13:09:00)
Les mutations, la virulence du covid-19 sont des points cruciaux car ils posent indirectement la question de la dangerosité de ce virus.
Candice Vacle
Journaliste
Notes
(1)Délétion: Perte d'un fragment plus ou moins important d'ADN, constituant une cause de mutation.
(2)« Effects of a major deletion in the SARS-CoV-2 genome on the severity of infection and the inflammatory response: an observational cohort study »
(3)« Dramatic increase in the the Sars-Cov-2 mutation rate and low mortality rate during the second epidemic in summer in Marseille » mediterranee-infection.com
(4)Génotype: Patrimoine héréditaire (d'un individu) dépendant de l'ensemble des gènes (génome).
(5)Génome: Ensemble des chromosomes et des gènes (d'une espèce, d'un individu).
(6)Mail Pr. La Scola le 21 septembre 2020
(7)La virulence « correspond au degré de rapidité de multiplication d'un virus dans un organisme donné, donc à sa vitesse d'envahissement. Cela ne présume nullement de la gravité de l'affection. » fr.wikipedia.org
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