De nombreux acteurs du monde politique et de la société civile ont lancé des actions contre la limitation des déplacements des Français, jugée injuste et inefficace dans la lutte contre le Covid-19.
Alors que le nouveau confinement limite les déplacements loin de son domicile, des acteurs politiques, mais aussi membres du corps médical ou simples citoyens, s'organisent pour réclamer l'abrogation de la mesure dite «une heure/un kilomètre». Ces démarches s'accompagnent d'une défense du sport et des activités de plein air, indispensables au bien-être et à la santé publique.
Le 13 novembre 2020, 45 députés Les Républicains ont signé une lettre destinée à la ministre déléguée aux sports, Roxana Maracineanu, dans laquelle ils demandent la suspension de l'interdiction de sortir à plus d'un kilomètre de chez soi et pendant plus d'heure, qui a cours depuis le retour des mesures de confinement, le 29 octobre.
A l'initiative du député Fabien di Filippo, ces membres de la représentation nationale ont voulu attirer l'attention de la ministre sur «la détresse du monde sportif et de tous ses bénévoles et pratiquants». Comme relevé par L'Equipe, ils lui demandent donc «de prendre au plus vite deux mesures urgentes qui permettront à toutes les disciplines de subsister dans les règles sanitaires les plus strictes. D'une part la suspension de la règle « 1h/1 km » pour l'activité physique individuelle quotidienne des personnes. Et d'autre part, l'autorisation pour les collectivités de rouvrir leurs équipements sportifs aux associations pour des groupes réduits dans le respect de protocoles sanitaires renforcés».
Pour les signataires, la pratique d'une activité sportive est en effet une «nécessité vitale» pour une «population déjà très sédentaire» et pour «l'équilibre psychique... de nos concitoyens».
Un référé liberté déposé par les écologistes
Quatre jours plus tard, le 17 novembre, les partis politiques Europe Écologie - Les Verts et Génération écologie ont quant à eux annoncé dans un communiqué commun demander au Conseil d'Etat de faire abroger par le gouvernement la limite «une heure/un kilomètre». Il s'agit d'un référé liberté déposé selon eux en association avec «plusieurs dizaines de requérants privés d'accès à tout espace vert ou naturel de taille suffisante» contre cette limitation qui leur apparaît «disproportionnée et contraire à l'objectif poursuivi de protéger la santé des Français», car elle conduit «à ce que de très nombreuses personnes soient privées de toute possibilité d'exercer une activité physique». Cette règle génèrerait aussi «des regroupements au sein d'espaces publics de taille insuffisante pour garantir le respect des gestes barrières».
Il s'agit par ailleurs pour les requérants d'une «atteinte manifestement grave à plusieurs libertés fondamentales au premier rang desquelles le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé proclamé à l'article 1er de la Charte de l'environnement». Une situation qui renforcerait les «inégalités environnementales», raison pour laquelle les deux partis écologistes réclament également des mesures pour assurer «un égal accès à la nature», beaucoup de Français disposant de peu ou pas d'espaces verts dans un rayon d'un kilomètre autour de leur domicile.
Une pétition qui mobilise 190 000 signataires
L'argument dénonçant la contre-productivité et l'injustice de la mesure «une heure/un kilomètre» est également au cœur de la pétition lancée par le guide de montagne Billy Fernandez et un médecin, le Dr. Solène Petitdemange. Adressée à Emmanuel Macron, leur pétition demandant un «accès à la nature» par la modification de cette règle a déjà été signée par plus de 190 000 personnes, sur un objectif de 200 000. «Nous avons appris du virus depuis le printemps. Les études montrent que le risque de transmission en extérieur est très faible», expliquent ses auteurs. Un argument confirmé par Billy Fernandez sur France info : «Aucun cluster n'a été recensé par Santé publique France en extérieur. Nous n'avons aucun cas documenté de contamination par des pratiquants de sports de nature».
La pétition affirme elle aussi que «nous savons aussi à quel point les inégalités du confinement sont fortes, et à quel point l'accès à la nature permet de les réduire.» Une plus grande liberté qui pourrait selon eux se faire sans négliger la sécurité, les gestes barrières étant «beaucoup plus faciles à appliquer dans la nature».
A l'échelle locale, certains élus ont en revanche choisi prendre acte de la règle «une heure/un kilomètre» et de joindre l'utile à l'agréable. Pierre Buisseret, maire du petit village de Lignan-de-Bordeaux, a ainsi lancé le défi «Nettoie ton kilomètre» lors du week-end du 15 novembre. Celui-ci propose aux participants de poster sur la page Facebook de la commune les déchets qu'ils ont ramassés lors de leur promenade... réglementée.
source: francais.rt.com