23/03/2021 europalestine.com  5min #187185

 Covid à l'israélienne

Israel préfère jeter ses surplus de vaccins anti-covid, plutôt que de les donner aux Palestiniens

 22 mars 2021

Alors que les hôpitaux de Cisjordanie sont à plus de 110 % de leur capacité et que 216.000 cas de covid, ainsi que 2343 décès, selon rapport de l'OMS publié début mars, ont été recensés depuis le début de l'épidémie, soit une une augmentation de 38 % des contaminations et 61 % des décès, Israël se refuse à donner aux Palestiniens ses doses de vaccin en surplus.

Dans un article cinglant, le quotidien israélien Haaretz révélait récemment que « des centaines de doses sont jetées à la poubelle chaque jour » en israel, en raison des Israéliens qui ne se présentent pas pour se faire vacciner.

La campagne de vaccination a ralenti ces dernières semaines en Israël et les autorités ont un surplus de vaccins que les responsables de la santé peinent à écouler, engendrant un gaspillage de milliers de doses de vaccin chaque semaine, souligne le quotidien.

Mais pas question de les donner aux Palestiniens.

« Avec les terroristes, vous devez être mauvais parmi le mal. Au Moyen-Orient, nous avons appris que cette règle est la clé de notre succès », a déclaré à ce sujet Nir Barkat du Likoud.

« Il est clair que pour Israël, les Palestiniens ne méritent pas nos restes de vaccins », conclut Haaretz en ironisant amèrement : « Nous ne pardonnerons jamais aux Palestiniens de nous avoir forcés à ne pas les vacciner ».

Comme cela nous est répété tous les soirs au JT, Israel est un « modèle » en matière de vaccination, puisqu'il a acheté (au prix fort) 8 millions de doses de vaccins à Pfizer et 6 millions à Moderna. Étant donné qu'il y a environ six millions de personnes de plus de 15 ans en Israël, la couverture vaccinale de la population israélienne qui le souhaite est totale, selon les spécialistes, selon lesquels, dans les mois à venir, les surplus de vaccins pour six millions de personnes supplémentaires devraient s'accumuler dans les entrepôts israéliens.

Surplus qui suffiraient à couvrir les 2,5 millions de Palestiniens adultes vivant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza (Il y a beaucoup plus de jeunes en Palestine occupée qu'en Israel, d'où le décalage des chiffres, NDLR).

On est donc en plein apartheid médical, mais cela ne dissuadera sans doute pas nos commentateurs préférés de continuer à nous faire tous les jours l'éloge du « modèle israélien », le président Macron de faire des mamours au président israélien sans aborder cette question, censée pourtant lui tenir tellement à coeur.

« En vertu de la quatrième Convention de Genève, Israël a l'obligation d'assurer l'approvisionnement en fournitures médicales, notamment pour lutter contre la propagation de pandémies, aux habitants des territoires qui sont occupés depuis plus de 50 ans », déclarait en janvier dernier Human Rights Watch (HRW).

« Ces responsabilités, outre ses obligations en vertu du droit humanitaire international, comprennent la fourniture de vaccins sans discrimination aux Palestiniens vivant sous son contrôle, en prenant comme critère de référence son attitude envers ses propres citoyens », indique leur communiqué.

Si certaines informations suggèrent que des dirigeants israéliens caressent l'idée de revendre les surplus aux Palestiniens, une telle mesure ne sera probablement pas adoptée avant les élections israéliennes de la semaine prochaine.

À ce jour, Israël a donné seulement quelques milliers de doses du vaccin aux soignants palestiniens en première ligne dans un effort « humanitaire » et s'est lancé dans une campagne de vaccination des Palestiniens travaillant en Israël et étant donc directement en contact avec des Israéliens, et cela après des pressions répétées des ONG internationales.

Solidarité entre Palestiniens

« Nous avons vu le nombre de cas de COVID-19 grimper en flèche dans notre communauté, à des niveaux sans précédent depuis le début de la pandémie, et nous savions que les choses n'allaient faire qu'empirer », rapporte à Middle East Eye Mohamed Abu Srour, qui travaille au sein du comité populaire dans le camp de réfugiés d'Aïda à Bethléem.

Certains patients COVID-19 dans le camp sont tombés gravement malades et nécessitaient une hospitalisation mais n'ont pas pu trouver un hôpital ou une clinique en capacité de les accueillir, ni de respirateur.

« Nous avons travaillé avec le centre pour la jeunesse d'Aïda pour collecter les dons et acquérir deux respirateurs et nous avons réuni une équipe d'infirmières, de médecins et d'étudiants en médecine bénévoles issus de notre communauté pour aider à soigner les résidents du camp qui ont attrapé le COVID-19 », raconte-t-il.

« On n'a pas les moyens et ressources nécessaires pour faire ce travail, mais on fait le maximum «, explique Abu Srour, ajoutant que le groupe a déjà reçu des dizaines d'appels d'autres communautés en Cisjordanie, leur demandant de partager leur modèle. « On a le devoir de protéger nos communautés lorsque nos "dirigeants" et occupants nous laissent tomber, et c'est ce qu'on tente de faire », conclut-il.

CAPJPO-EuroPalestine

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