14/05/2021 les-crises.fr  10 min #189554

A son tour, la grande Ong Human Rights Watch (Hrw) adopte la définition de l'apartheid pour les crimes d'Israël

Human Rights Watch accuse Israël de crime d'apartheid

Human Rights Watch a déclaré que les politiques et les actions du gouvernement israélien à l'encontre du peuple palestinien constituent un « apartheid » systématique et une persécution illégale qui doivent être arrêtés. Parmi les recommandations formulées dans le rapport, il est demandé à la Cour pénale internationale d'enquêter sur de présumés crimes contre l'humanité.

Source :  Consortium News, Andrea Germanos

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Rappelons qu'un  déluge de feu s'est abattu, dans la nuit de mardi à mercredi, sur la bande de Gaza et le sud d'Israël, tuant au moins 35 Palestiniens et cinq personnes côté israélien. L'armée israélienne a de nouveau mené des raids, mercredi, à Gaza, tandis que le Hamas et le Jihad islamique ont continué de viser Tel Aviv. La tour Al-Shorouk, qui abritait des bureaux de la chaîne de télévision palestinienne Al-Aqsa, a été détruite.

Human Rights Watch a déclaré que les politiques et les actions du gouvernement israélien à l'encontre du peuple palestinien constituent un « apartheid » systématique et une persécution illégale qui doivent être arrêtés.

Les accusations liées aux actions d'Israël dans les territoires occupés (TPO) et à l'intérieur d'Israël sont exposées dans un nouveau rapport intitulé « Une limite dépassée : les autorités israéliennes et les crimes d'apartheid et de persécution. » Les conclusions sont basées sur plus de deux ans de recherche et de documentation, notamment des déclarations officielles du gouvernement, des documents de planification internes et des entretiens.

« Human Rights Watch conclut que le gouvernement israélien a démontré son intention de maintenir la domination des Israéliens juifs sur les Palestiniens à travers Israël et les TPO » indique le rapport. « Dans les TPO, y compris à Jérusalem-Est, cette intention s'est doublée d'une oppression systématique des Palestiniens et d'actes inhumains commis à leur encontre. Lorsque ces trois éléments sont réunis, ils constituent le crime d'apartheid. »

L'étiquette spécifique d'apartheid, note le groupe, est exacte sur la base des définitions de la Convention sur l'apartheid et du Statut de Rome.

L'accusation de persécution est fondée sur « la confiscation généralisée de terres privées, l'interdiction effective de construire ou de vivre dans de nombreuses régions, le déni massif des droits de résidence et les restrictions radicales, depuis des décennies, de la liberté de mouvement et des droits civils fondamentaux » indique la publication.

HRW note également que le rapport n'est pas complet, car il n'inclut pas toutes les violations des droits de l'homme dans les zones, y compris celles commises par les groupes armés ou les autorités palestiniennes.

« Des voix éminentes ont averti depuis des années que l'apartheid guettait au coin de la rue si la trajectoire de la domination d'Israël sur les Palestiniens ne changeait pas » a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de HRW, dans un communiqué. « Cette étude détaillée montre que les autorités israéliennes ont déjà pris ce virage et commettent aujourd'hui les crimes contre l'humanité que sont l'apartheid et la persécution. »

Réplique d'une section du mur israélien construit à Londres en 2013 dans le cadre de la manifestation internationale contre le mur israélien. (Timothy Titus, CC BY-SA 3.0, Wikimedia Commons)

Parmi les actions discriminatoires détaillées dans le rapport figure l'attribution, ou l'absence d'attribution, d'eau aux Palestiniens par Israël. Extrait du rapport :

« Israël a utilisé son contrôle sur certaines parties de l'aquifère de montagne en Cisjordanie pour servir ses propres citoyens et colons, en violation du droit humanitaire international qui interdit aux occupants d'exploiter les ressources naturelles pour leur propre bénéfice économique. Alors que 80 % de la zone de recharge en eau de l'aquifère de montagne se trouve sous la Cisjordanie, Israël extrait directement environ 90 % de l'eau qui est prélevée de l'aquifère chaque année, ne laissant aux Palestiniens que les quelque 10 % restants à exploiter directement.

En monopolisant cette ressource partagée, les autorités israéliennes limitent fortement la capacité des Palestiniens à exploiter directement leurs propres ressources naturelles et les rendent dépendants d'Israël pour leur approvisionnement en eau. Pendant des décennies, les autorités ont refusé aux Palestiniens les permis de forer de nouveaux puits, en particulier dans les bassins de l'aquifère occidental les plus productifs, ou de réhabiliter les puits existants. Alors que les accords d'Oslo de 1995 comprenaient des dispositions qui promettaient d'accroître l'accès des Palestiniens à l'eau, les niveaux d'extraction palestiniens sont largement restés au niveau d'avant Oslo alors que la population a augmenté.

Malgré la création d'une « Commission mixte de l'eau » (CME) dans le cadre des accords d'Oslo, la Banque mondiale a noté en 2009 qu'Israël a conservé « pratiquement tous les pouvoirs », y compris le droit de veto, sur les ressources en eau de la Cisjordanie. Tout en approuvant pratiquement toutes les demandes de projets proposés par Israël pour desservir les colons, le CME a rejeté de nombreux projets initiés par les Palestiniens, notamment toutes les demandes de forage dans le bassin aquifère occidental.

Les Israéliens sont souvent autorisés à forer plus profondément dans les nappes phréatiques, développent régulièrement des réseaux d'eau internes aux colonies sans demander l'approbation du CME, et peuvent extraire l'eau sans limite lorsqu'elle s'écoule en aval vers Israël sans avoir besoin de l'approbation du CME, alors que les Palestiniens sont soumis à des quotas d'extraction stricts

En outre, les autorités israéliennes ont presque entièrement privé les Palestiniens de l'accès à l'eau du Jourdain, la seule ressource importante en eau de surface en Cisjordanie, en détournant son débit en amont de la Cisjordanie. »

HRW estime que ces conclusions doivent servir d'appel à l'action à la communauté internationale.

L'approche adoptée jusqu'à présent par des puissances mondiales comme les États-Unis et l'Union européenne à l'égard d'Israël « ne tient pas compte de la nature profondément ancrée de la discrimination et de la répression israéliennes à l'égard des Palestiniens [et] minimise les graves violations des droits de l'homme en les traitant comme des symptômes temporaires de l'occupation auxquels le « processus de paix » remédiera bientôt. » Cette incapacité à tenir Israël pour responsable de ses abus, poursuit le rapport, a permis au régime d'apartheid de « métastaser et de se consolider. »

Parmi les recommandations formulées dans le rapport, la Cour pénale internationale doit enquêter sur les crimes présumés contre l'humanité. Les Nations Unies doivent également prendre des mesures en créant un poste d'envoyé chargé de mettre fin aux persécutions et à l'apartheid dans le monde entier, et les entreprises opérant dans les TPO doivent cesser de contribuer à toute action facilitant la privation des droits des Palestiniens, comme la démolition de leurs maisons.

Israël, pour sa part, a rejeté ces conclusions. Son ministère des Affaires étrangères a qualifié les affirmations du rapport de « grotesques et fausses. »

Au début de l'année, un autre groupe de défense des droits de l'homme - B'Tselem, basé en Israël - a également déclaré qu'Israël agissait comme un régime d'apartheid en raison de ses politiques « qui favorisent et perpétuent la suprématie d'un groupe - les Juifs - sur un autre - les Palestiniens. »

Le directeur exécutif de B'Tselem, Hagai El-Ad, a déclaré à l'époque : « Ce regard sur la réalité qui donne à réfléchir ne doit pas conduire au désespoir, bien au contraire. C'est un appel au changement. Après tout, ce sont les gens qui ont créé ce régime, et les gens peuvent le changer. »

Roth de HRW, dans sa déclaration de mardi, a transmis un message similaire.

« Alors qu'une grande partie du monde traite l'occupation israélienne d'un demi-siècle comme une situation temporaire à laquelle un « processus de paix » de plusieurs décennies va bientôt remédier, l'oppression des Palestiniens a atteint un seuil et une permanence qui correspondent aux définitions des crimes d'apartheid et de persécution » a-t-il déclaré.

« Ceux qui aspirent à la paix israélo-palestinienne, qu'il s'agisse d'une solution à un ou deux États ou d'une confédération, devraient entre-temps reconnaître cette réalité pour ce qu'elle est, a ajouté Roth, et mettre en œuvre les outils de défense des droits de l'homme nécessaires pour y mettre fin. »

Source :  Consortium News, Andrea Germanos, 28-04-2021

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises


Human Rights Watch accuse Israël de « crime d'apartheid » - par Christian Chesnot

Source :  France Inter, Christian Chesnot

Dans un rapport publié ce mardi, Human Rights Watch (HRW) accuse les autorités israéliennes de commettre des crimes d'apartheid et de persécution à l'encontre des Palestiniens vivant dans les Territoires occupés. L'ONG dénonce « la permanence » de ces violations des droits de l'homme.

À Bethlehem, comme sur les autres limites des Territoires palestiniens, des barrières physiques - murs, barbelés, barrages - contraignant ou empêchent les déplacements. © AFP / ARTUR WIDAK / NURPHOTO

Le rapport de Human Rights Watch (HRW) publié ce mardi et intitulé « Un seuil franchi : les autorités israéliennes et les crimes d'apartheid et de persécution », est un signal d'alarme sur la situation dramatique dans les Territoires palestiniens occupés. Un pavé dans la mare diplomatique jusque-là ronronnante.

Un mot lourd de sens politique et historique

Le terme « apartheid » est lourd de sens politique et historique. Ce n'est pas la première fois qu'il est employé pour qualifier l'occupation israélienne en Palestine. Déjà, en 2006, Jimmy Carter, l'ancien président américain et prix Nobel de la Paix en 1982, avait assimilé les pratiques et politiques israéliennes à de l'apartheid.

Un terme choc, emprunté à la situation d'Afrique du Sud, où, jusqu'en 1991, la minorité blanche avait construit un système juridique, politique, économique et social de développement séparé et de ségrégation raciale avec la majorité noire pour maintenir sa domination sur le pays. Visitant Israël et la Palestine occupée, Jimmy Carter avait alors consigné ses notes de voyage et ses réflexions dans un livre intitulé « Palestine : la paix, pas l'apartheid », qui avait fait grand bruit à l'époque.

Depuis, en 1993, les accords d'Oslo ont été signés sur la pelouse de la Maison-Blanche entre Yasser Arafat, chef de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine), et Yithzak Rabin, Premier ministre israélien, mais ils n'ont jamais été vraiment appliqués. Au fil des années, les colonies juives n'ont cessé de grignoter la Cisjordanie mais aussi la partie orientale de Jérusalem, toujours considérée comme occupée selon le droit international.

Lire la suite sur le site de l'article sur le site de  France Inter


Israël : des centaines de Palestiniens blessés lors de heurts avec la police devant la mosquée Al Aqsa

Source :  Midi Libre - 10/05/2021

Des Palestiniens armés de pierres ont affronté lundi des policiers israéliens qui ont répliqué avec des tirs de grenades incapacitantes devant la mosquée Al Aqsa, lors d'une nouvelle vague de violences à Jérusalem qui suscite l'inquiétude de la communauté internationale.

Lire l'article complet sur  Midi Libre

Selon le Croissant-Rouge palestinien, plus de 180 Palestiniens ont été blessés dans les violences, dont plus de 80, y compris une personne dans un état critique, ont été transférés dans des hôpitaux.

La tension est particulièrement vive en cette journée qui marque la célébration de Yom Yeroushalayim, la Journée de Jérusalem, durant laquelle Israël commémore la prise de la partie orientale de Jérusalem durant la guerre des Six Jours en 1967.

Les tensions ont également été alimentées par le projet d'expulsions de plusieurs familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est.

Source :  Midi Libre - 10/05/2021

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