16/05/2021 europalestine.com  6 min #189654

Israël assume ses destructions de médias

Israël bombarde la presse

 16 mai 2021

L'armée du régime d'apartheid a franchi samedi un nouveau cap dans son offensive pour réduire au silence l'exposition de ses crimes, en pulvérisant carrément l'immeuble qui abritait à Gaza les bureaux de la chaîne al-Jazeera, de l'agence de presse états-unienne et mondiale Associated Press (AP), et d'une série d'autres médias arabes et internationaux.

La tour Jala : une bombe frappe la base de l'immeuble, qui s'écroule ensuite en quelques secondes

L'aviation israélienne a eu la « bonté » de prévenir les occupants de la tour de 15 étages, leur allouant généreusement une heure pour dégager, mais pas une minute de plus, ce qui fait que la plupart des journalistes n'ont pas pu sauver leurs équipements, les caméras notamment.

Ce nouveau crime de guerre, car c'en est incontestablement un et les dirigeants d'al-Jazeera ont indiqué qu'ils allaient porter plainte devant des juridictions internationales, a toutes chances d'être le prélude à une aggravation des bombardements sur le territoire martyre, qui ont fait plus de 160 morts dont une large majorité de civils, selon un bilan établi dimanche matin.

On passera rapidement sur les mensonges de la propagande israélienne pour justifier le bombardement : l'immeuble al-Jala aurait également servi de repaire à des militants du Hamas.

« Nous sommes des gens responsables ; nous sommes installés dans cette tour depuis 13 ans et avons pour ligne constante de ne pas exposer le personnel d'AP à des risques évitables », a répliqué la direction de l'agence états-unienne. D'ailleurs, le porte-parole de l'armée israélienne, sommé de fournir un minimum de preuves sur la présence de la résistance palestinienne dans l'immeuble, en a été rigoureusement incapable.

Ce même porte-parole, le colonel Jonathan Conricus, s'était livré peu auparavant à une vicieuse tentative de désinformation des correspondants étrangers en poste en Israël et dans la bande de Gaza.

Il leur avait annoncé le début d'une offensive terrestre contre le territoire palestinien, sachant que son « information » allait être immédiatement reprise, et lue par les Palestiniens.

Mais après avoir répercuté cette annonce d'offensive terrestre, et constaté que les médias israéliens n'en parlaient pas, les correspondants étrangers ont eu comme un doute, et sont revenus vers le porte-parole Conricus.

Ce dernier a alors avoué qu'il leur avait livré une fausse information, mais « sans faire exprès ». A l'entendre, il aurait donc « menti de bonne foi », pour reprendre le mots célèbre d'un escroc devant ses juges.

On a appris ensuite que la désinformation israélienne faisait partie d'un plan calculé : l'annonce de l'offensive terrestre avait pour objectif de conduire les combattants du Hamas et d'autres groupes de résistance à se réfugier dans des tunnels déjà identifiés par la surveillance israélienne, et il aurait alors facile à l'aviation d'en tuer plusieurs centaines d'un seul coup. Cerise sur le gâteau, les médias étrangers auraient perdu toute crédibilité aux yeux des Palestiniens pour les avoir trompés.

Mais cette manoeuvre a échoué, et le bilan des succès militaires de Tsahal restait dimanche bien en-deçà des objectifs de cette armée surpuissante.

Les journalistes palestiniens et étrangers non occidentaux connaissent depuis longtemps le lourd tribut qu'ils doivent payer pour rendre compte du non respect par Israël de la liberté de la presse.

UN RAPPORT ACCABLANT DE RSF

Reporters Sans Frontières (RSF), un organisme qui se caractérise en général par une certaine frilosité quand il s'agit d'Israël, a tout de même publié un rapport accablant sur le sujet jeudi 13 mai, 48 heures avant le bombardement de la tour « Al-Jazeera/AP ».

«  Alors que de violents affrontements continuent de secouer Jérusalem, le bilan des victimes s'aggrave, notamment parmi les journalistes palestiniens. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un usage disproportionné de la force contre les professionnels de l'information, qui ne doivent en aucun cas être traités comme des acteurs du conflit armé », indique RSF.

« Au moins sept journalistes ont été  blessés, vendredi 7 mai, par des tirs de balles en caoutchouc de soldats de l'armée israélienne qui cherchaient à disperser des manifestants sur l'esplanade des Mosquées. Les journalistes palestiniens indépendants Saleh Zighari, Atta Awisat, Baraah Abo Ramouz et Abdul Afu Zughayer, qui couvraient les heurts, ont tous les quatre été blessés par des impacts au corps.

« Le même jour, la police israélienne a  agressé le journaliste indépendant palestinien Ibraheem Sinjlawi, s'y prenant à quatre reprises pour l'empêcher de filmer les affrontements entre les résidents et les forces de l'ordre dans le quartier de Sheikh Jarrah, où une décision de justice visant à évacuer des maisons palestiniennes avait déclenché le cycle de violence qui secoue actuellement la ville sainte.

« Le lendemain, les journalistes indépendants palestiniens Mahmoud Maatan et Ahmed Al-Safdi ont été interpellés pour leur couverture des affrontements de la veille.

« Trois photographes de l'agence turque Anadolu ont également été touchés : le Turc Turgut Alp Boyraz et les Palestiniens Mustafa Al-Kharouf et Faiz Abu Rmeleh. Un autre photographe turc, Esat Firas, a également était visé  aa.com.tr par une grenade assourdissante le lundi 10 mai, tandis que plusieurs de ses confrères indépendants, Usaid Amarneh, Mohammad Samreen, Liwa Abu Armila, Ethar Abu Gharbia et Ahmed Jaradat ont été la cible de bombes lacrymogenes. Le même jour, une  vidéo a circulé montrant le photographe palestinien indépendant Rami Al-Khatib acculé contre un mur par deux agents des forces de l'ordre israéliennes puis roué de coups.

« Les journalistes palestiniens, qui peinent déjà à travailler dans les conditions imposées par les autorités israéliennes, se retrouvent une fois de plus en première ligne lorsque les tensions éclatent, déplore la responsable du bureau Moyen-Orient de RSF, Sabrina Bennoui. Nous appelons les autorités israéliennes à cesser cet usage disproportionné de la force contre les reporters palestiniens, qui ne doivent en aucun cas être mis sur le même plan que des parties prenantes au conflit. »

« Après les tirs de roquettes lancés à Jérusalem par le Hamas, les forces armées israéliennes ont bombardé, dans la nuit du mardi 11 au mercredi 12 mai, la tour Jawhara, située à Gaza, qui abrite les bureaux de 14 médias, dont le quotidien Palestine Daily News et la chaîne de télévision panarabe Al-Araby. Ce jeudi 13 mai, c'est la tour Al Shorouk qui a été détruite, ainsi que les sept médias qui s'y trouvent, notamment le groupe radio et TV Al-Aqsa. De son côté, l'armée israélienne a assuré avoir ciblé des « entrepôts d'armes du Hamas cachés dans des bâtiments civils ».

CAPJPO-EuroPalestine

 europalestine.com

 Commenter