Le 7 mai, des heurts ont éclaté sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, alors que des dizaines de milliers de fidèles étaient réunis pour la dernière grande prière du vendredi avant la fin du mois de ramadan, face à plusieurs centaines de policiers en tenue anti-émeute.
La police israélienne a tiré des balles en caoutchouc et des grenades assourdissantes en direction de jeunes Palestiniens leur jetant des pierres et protestant contre la possible expulsion de Palestiniens d'un quartier de la ville sainte. Des «centaines d'émeutiers ont lancé des pierres, des bouteilles et d'autres objets en direction des officiers qui ont riposté», a indiqué la police israélienne, dont le porte-parole, Wassem Badr, a évoqué des «troubles violents».
Certains tirs de la police israélienne ont été réalisés jusque dans l'enceinte de la mosquée al-Aqsa.
Selon le Croissant-Rouge palestinien, cité par Haaretz, 205 Palestiniens ont été blessés, dont 88 ont été hospitalisés après avoir été touchés par des tirs de balles en caoutchouc sur l'esplanade. 17 policiers israéliens ont également été blessés.
Ces manifestations sont les plus violentes à Jérusalem depuis les heurts ayant fait 125 blessés fin avril, mais aussi depuis des échauffourées liées au transfert en 2018 de l'ambassade des Etats-Unis dans la ville disputée, voire à celles de l'été 2017 liées à la mise en place par Israël de détecteurs de métaux à l'entrée de l'Esplanade, troisième lieu saint de l'Islam.
Les Etats-Unis et l'UE font part de leur inquiétude
Depuis plusieurs jours, après la rupture du jeûne du ramadan, des accrochages nocturnes opposent la police à de jeunes Palestiniens dans le quartier voisin de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, où de nombreuses familles palestiniennes sont menacées d'expulsion au profit de colons juifs. Une audience de la Cour suprême israélienne est attendue le 10 mai sur ce dossier.
«Nous tenons Israël pour responsable des dangereux développements dans la Vieille Ville», a affirmé le président palestinien Mahmoud Abbas, en qualifiant les Palestiniens rassemblés sur l'Esplanade des Mosquées de «peuple héroïque». Le ministère israélien des Affaires étrangères a quant à lui accusé les Palestiniens de «transformer un différend foncier entre parties privées en cause nationaliste afin d'inciter à la violence à Jérusalem».
Alliés clé d'Israël, les Etats-Unis ont appelé à la «désescalade» des tensions et à «éviter» l'éviction de familles palestiniennes. Le porte-parole du Département d'Etat américain Ned Price a ainsi averti le 7 mai qu'il était «essentiel» d'éviter toute action susceptible d'aggraver la situation, comme les «expulsions à Jérusalem-Est, les activités de colonisation, les démolitions de maisons et les actes de terrorisme». La veille, cinq pays européens dont la France avaient demandé au gouvernement israélien de «mettre un terme à sa politique d'extension des colonies de peuplement», la jugeant illégale au regard du droit international.
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