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Après une courte phase expérimentale, les Émirats arabes unis ont approuvé la généralisation du vaccin contre le covid Sinopharm pour les enfants de 3 à 17 ans. Cette nouvelle n'est pas vue avec le même optimisme partout dans le monde. Même dans les pays les moins réticents aux vaccins, la stratégie de vaccination pour les enfants n'est pas bien acceptée par les spécialistes.
Pour rouvrir les écoles sans risques, les Émirats arabes unis généralisent la vaccination dès 3 ans
Après l'approbation en mai du vaccin Pfizer-BioNTech pour une utilisation d'urgence chez les enfants âgés de 12 à 15 ans, lundi, le ministère de la Santé et de la Prévention des Émirats arabes unis, Mohammad Falaknaz, a annoncé en urgence l'utilisation du vaccin Sinopharm covid-19 pour les enfants à partir de 3 ans. Ce vaccin était en phase de test, qui comprenaient des essais cliniques et des évaluations approfondies, depuis juin dernier. "Cela signifie désormais que tous les membres de la famille seront protégés contre le virus", a déclaré le ministre. Des parents interviewés par le Khaleej Times se déclarent favorables à la vaccination de leurs enfants car celle-ci assurera l'ouverture d'écoles et de collèges, relancera le secteur des voyages et du tourisme, reconstruira l'économie et permettra à leurs familles de mener une vie normale.
La Chine, premier distributeur au monde de vaccins anti covid pour enfants
Dubaï, le deuxième membre le plus important de la fédération des Émirats Arabes Unis, a commencé à vacciner les enfants de 3 ans en juin dernier. Le vaccin Sinopharm n'est pas le premier sérum chinois contre le Covid-19 disponible pour les enfants et les adolescents puisqu'en juin, l'utilisation d'urgence du vaccin de Sinovac Biotech avait aussi déjà été autorisée pour cette même tranche d'âge. La Chine était alors devenue le premier pays au monde à distribuer des vaccins aux jeunes enfants.
En Espagne, oui à la vaccination, mais pas besoin de vacciner les enfants
Alors qu'en France, le gouvernement rêve d'imposer la vaccination dès 12 ans sans se soucier de la balance bénéfice/risque pour les populations, en Espagne, pays qui compte le moins de réticence aux vaccins en Europe (4%), et qui est placé comme l'un des pays les plus avancés du monde dans la vaccination, les enfants, qui constituent 11% de la population, devraient normalement aussi être vaccinés pour atteindre l'immunité collective de 100%. Cela n'est pas sans poser quelques problèmes éthiques. Le journal El Pais a publié le 2 août un article expliquant les limites de cette stratégie. Il est peut-être nécessaire de remettre en cause l'objectif de l'immunité collective, car contrairement à d'autres épidémies, celle du Covid est composée de nombreux variants, et l'imperfection des vaccins rapidement développés rend l'immunité collective difficile à atteindre.
Est-il éthique de faire prendre un risque aux enfants pour protéger la société ?
Pour atteindre des pourcentages de près de 100 % d'immunité collective, il est indispensable de vacciner également les enfants. Mais dans ce cas, le rapport bénéfice-risque des vaccins diminue, car la gravité de la maladie diminue également chez les plus jeunes. Dans des pays comme l'Espagne ou les Emirats arabes unis, qui cherche à atteindre une immunité collective avec la vaccination des enfants, la stratégie est aussi remise en cause lorsqu'on la regarde par le prisme d'un monde globalisé où des pays comme les États-Unis ou Israël stagnent dans leurs objectifs de vaccination. D'autres pays non occidentaux sont très loin de leurs objectifs, et par ailleurs au Royaume-Uni, le gouvernement a décidé que les enfants de plus de 12 ans et les adolescents ne seront vaccinés contre la Covid-19 que s'ils sont vulnérables ou s'ils vivent avec une personne immunodéprimée.