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Une semaine après le tollé provoqué par une pancarte antisémite brandie par une enseignante, plusieurs milliers de manifestants ont de nouveau défilé samedi à Metz contre le pass sanitaire, une poignée d'entre eux lui apportant leur soutien.
Pendant deux heures, un chauffeur-routier, une dentiste, un chef d'entreprise, des parents avec enfants, des retraités mais aussi des royalistes, des antifascistes, des "gilets jaunes" ou encore des syndicalistes ont battu le pavé du centre-ville de Metz pour protester contre le pass sanitaire aux cris de "Liberté, liberté".
Ils étaient 4.000 selon la police. Un peu plus que les 3.800 du samedi précédent lorsque Cassandre Fristot, enseignante et ex-membre du Front National, avait brandi une pancarte antisémite qui énumérait plusieurs personnalités juives autour de la question "mais qui ?". A la suite de l'interview télévisée d'un général à la retraite, cette question d'apparence anodine est devenue un slogan antisémite crypté.
Il figurait de nouveau à Metz samedi sur quatre ou cinq pancartes portées par des manifestants qui ont défilé sans être particulièrement inquiétés. Un homme l'avait également fait imprimer sur un tee-shirt, a constaté l'AFP. D'autres avaient écrit pass avec une graphie rappelant le sigle des Waffen-SS.
Dans la foulée de l'interpellation de l'enseignante, Cassandre Fristot, soutenue par le mouvement nationaliste d'extrême droite "Parti de la France" et convoquée le 8 septembre au tribunal pour répondre d'une "provocation publique à la haine raciale", l'association catholique intégriste Civitas avait appelé sur Twitter à manifester samedi avec des pancartes clamant "Qui ?".
Un hashtag #JesuisCassandre a également fait son apparition sur quelques pancartes, au milieu des drapeaux royalistes présents dans la manifestation messine.
- Début de cortège - Très présente, la fleur de lys a créé quelques tensions, mais sans heurts, au démarrage de la manifestation messine, mouvement antifasciste et syndicats cherchant à ne pas laisser l'extrême droite prendre la tête du cortège.
Si les syndicats FO et CGT n'avaient pas appelé à manifester samedi, optant pour un autre rassemblement jeudi, Claude, 54 ans, est quand même venu avec sa chasuble de la CGT. "Un mouvement social, on ne peut pas l'abandonner à l'extrême droite, qui n'a rien à faire en tête d'un cortège. Hier, ils se cachaient, maintenant ils se montrent", a-t-il déploré, refusant d'indiquer son patronyme.
Le reste du cortège scandait "Liberté! Liberté!" ou "Manu, ton pass, on n'en veut pas", agitant parfois des drapeaux français, avec ou sans croix de Lorraine.
Parmi les pancartes, pour la plupart faites maison, celle de Mariano, chef d'entreprise dans le bâtiment, filait la métaphore sur Star Wars. "Star-pass, l'empire contre-attaque" au recto, "Macron = Draghi fantassins de Dark Vador" au verso.
"C'est la première fois que je manifeste", a expliqué l'entrepreneur de Thionville, d'origine italienne.
"Ils nous enlèvent petit à petit nos libertés" avec "des choix qui n'ont pas été discutés, qui nous sont imposés les uns après les autres", considère-t-il, même s'il est lui-même vacciné.
- "Même si je perds mon travail" - Une dentiste quadragénaire des environs de Metz, qui a préféré rester anonyme, manifestait aussi pour la première fois. "Il est hors de question que je me fasse vacciner, même si je perds mon travail", a-t-elle affirmé, "on piétine les libertés, on essaie de diviser les gens".
Au dos du tee-shirt de Philippe, chauffeur-routier de 52 ans, était inscrit au marqueur "moi, je boycotte resto, ciné, vacances, spectacles, parcs d'attractions". Lui a été de toutes les manifestations contre le pass sanitaire depuis le début du mouvement en juillet.
"L'obligation vaccinale, c'est un pistolet sur la tempe", assène-t-il. Soigneusement masqué, il préfère "éviter les contacts" plutôt que de se faire vacciner ou de faire un test du Covid.