11/12/2021 6 articles francesoir.fr  4 min #199135

La Nouvelle-Calédonie vote pour son 3e référendum d'autodétermination

© Theo Rouby / AFP

La Nouvelle-Calédonie est appelée dimanche à voter pour un troisième et dernier référendum d'autodétermination, qui clôt un processus de décolonisation inédit entamé il y a plus de 30 ans sur ce territoire français stratégiquement situé avec la montée des tensions dans la zone indo-pacifique.

La victoire du non à l'indépendance semble assurée, les indépendantistes ayant décidé de bouder le scrutin faute d'en avoir obtenu le report, renvoyant les choix pour cet archipel du Pacifique sud à l'après-présidentielle française.

Les indépendantistes refusent de se rendre aux urnes car ils estiment que l'épidémie de Covid-19 ne leur permettait pas de "mener une campagne équitable", et ne tenait pas compte de leurs deuils.

Le Sénat coutumier, institution qui incarne le pouvoir traditionnel kanak, a d'ailleurs demandé jeudi "aux citoyens kanak et aux progressistes calédoniens d'observer une journée nationale de +deuil kanak+ le 12 décembre 2021 en ne se rendant pas aux bureaux de vote".

Les Calédoniens sont engagés dans ce processus depuis les années 1980 quand la Nouvelle-Calédonie a connu une période de troubles qui a culminé avec la prise d'otages et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988, au cours desquels 19 militants kanak et six militaires ont été tués.

Moins de deux mois après ce drame, indépendantistes et loyalistes arrivaient à conclure les accords de Matignon, qui revoyaient la répartition des pouvoirs en Nouvelle-Calédonie. Dix ans plus tard, la signature de l'accord de Nouméa instaurait un processus de décolonisation sur vingt ans pour cette collectivité d'outre-mer française.

Cet accord prévoyait une succession de trois référendums pour demander aux habitants s'ils voulaient que l'île "accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante". Les deux précédents scrutins ont été remportés par les pro-France avec 56,7% des suffrages en 2018 puis 53,3% en 2020.

Ce troisième référendum arrive cependant dans un monde qui a beaucoup changé: d'une part l'archipel, qui dispose de quelque 1,5 million de km2 de zone économique exclusive, se trouve dans une zone devenue stratégique avec la montée en puissance de la Chine, d'autre part le nickel et le cobalt qu'elle produit sont devenus des ressources minières indispensables pour le nouveau marché des batteries électriques, garantes de la transition écologique de la planète.

- "Une vie ensemble" - Quel que soit le résultat du référendum, "le jour d'après il y aura une vie ensemble" avec la France, notamment "compte tenu de la réalité géopolitique de la région", a ainsi assuré jeudi le président Emmanuel Macron.

En juin à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l'Etat qu'après le 12 décembre s'ouvrirait "une période de stabilité et de convergence" avant un "référendum de projet" d'ici juin 2023, qui, en cas de oui dimanche, porterait sur la constitution d'un nouvel Etat et, en cas de non, sur un nouveau statut dans la République.

Le dialogue ne sera cependant pas si facile et les autorités ont déployé un important dispositif de sécurité, qui se veut "rassurant" et "dissuasif", de 2.000 gendarmes, policiers et militaires dans l'île.

Le FLNKS et les nationalistes ont déjà prévenu jeudi dans un communiqué qu'ils récusaient toute rencontre avec le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, arrivé vendredi à Nouméa, avant l'élection présidentielle française, en avril 2022.

Une mission du FLNKS, emmenée par Roch Wamytan, signataire de l'accord de Nouméa, figure historique de la lutte kanak et président du Congrès, s'est rendue cette semaine à New York pour informer le C24 (Comité spécial de la décolonisation de l'ONU) sur la situation en Nouvelle-Calédonie et la non participation au vote du 12 décembre du FLNKS.

A la demande de la loyaliste Sonia Backès, leader des Républicains Calédoniens, "une visioconférence a été organisée avec la présidente du C24 de l'ONU pour faire le point sur la situation calédonienne, en miroir de la démarche engagée par les indépendantistes présents à New York", a-t-elle indiqué jeudi dans un communiqué.

 francesoir.fr

 Commenter

Articles enfants plus récents en premier
17/12/2021 ismfrance.org  8 min #199408

La Nouvelle-Calédonie vote pour son 3e référendum d'autodétermination

Référendum en Nouvelle-Calédonie : La dernière poche de colonisation de peuplement de la France

Par Joseph Massad

Joseph Massad, 16 décembre 2021. Le référendum sur l'indépendance organisé cette semaine en Kanaky, ou ce que la France appelle la "Nouvelle-Calédonie", a été boycotté par la majorité du peuple autochtone kanak, contrairement à la majorité des colons blancs qui y ont participé.

Son résultat attendu est une défaite de la cause indépendantiste. Il semble que les colonies de peuplement européennes restent assujetties aux colons blancs, non seulement dans les grandes colonies de peuplement blanches des Amériques et d'Océanie, mais aussi dans les plus petites, que ce soit dans le Pacifique Sud, en Afrique australe, en Palestine ou à Hawaï.

16/12/2021 reseauinternational.net  5 min #199335

La Nouvelle-Calédonie vote pour son 3e référendum d'autodétermination

Nouvelle-Calédonie : les partisans de l'indépendance ne comptent pas abdiquer

par Mikhail Gamandiy-Egorov.

Au moment où le troisième référendum d'autodétermination vis-à-vis de Paris s'est soldé par un «non», le scrutin était surtout marqué par une très forte abstention, de l'aveu même des médias hexagonaux. D'autre part, ce que l'establishment élyséen tente de présenter comme une victoire pour la France risque vraisemblablement au contraire de ne faire qu'aggraver la situation, au moment où les partisans de l'indépendance ne prévoient pas de baisser les bras.

14/12/2021 reseauinternational.net  3 min #199246

La Nouvelle-Calédonie vote pour son 3e référendum d'autodétermination

Kanaky : un référendum colonial

En dépit de la campagne unanime des mouvements kanak pour le report du troisième référendum sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie-Kanaky, le gouvernement français a maintenu la date du 12 décembre, au mépris du peuple autochtone de Kanaky endeuillé par la récente vague de coronavirus.

Le résultat est un NON massif à l'indépendance mais c'est celui d'une minorité de la population, celle des non-natifs qui veulent rester « la France ».

14/12/2021 basta.media  10 min #199241

La Nouvelle-Calédonie vote pour son 3e référendum d'autodétermination

En Nouvelle-Calédonie : les référendums passent, les inégalités coloniales restent

Le troisième référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie a abouti à une nouvelle victoire du non, dans un scrutin boycotté par les indépendantistes. Dans la vie de tous les jours, les discriminations à l'encontre des Kanak persistent.

Où que vous conduisiez en Nouvelle-Calédonie, sur une piste du nord ou sur la large route qui mène à la capitale Nouméa, si vous voyez quelqu'un marcher sur les bas-côtés, il s'agira presque à coup sûr d'un Kanak.

Se réfère à :

1 article