AFP
Un rétropédalage en catastrophe ? Ce mercredi 23 février, le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a annoncé la révocation de la Loi sur les mesures d'urgence invoquée par son gouvernement le 14 février dans le cadre de la dispersion des manifestations et des blocages entrepris par le Convoi de la liberté.
« La situation n'est plus une urgence », a déclaré Justin Trudeau lors d'une conférence de presse. « Nous sommes convaincus que les lois et règlements existants sont désormais suffisants pour assurer la sécurité des personnes. » Cette révocation devrait être effective « dans les heures à venir », a-t-il précisé, ce qui mettra officiellement fin à l'état d'urgence.
La décision de recourir à cette loi fera l'objet d'une enquête
Justin Trudeau a indiqué, par ailleurs, qu'une enquête sur la décision de son gouvernement de recourir à cette loi d'exception et sur les opérations policières qui s'en sont ensuivies, serait lancée au cours des 60 prochains jours, annonçant que les parlementaires vont mettre en place un comité pour superviser cet examen la semaine prochaine.
Les conservateurs dénoncent « une prise de pouvoir » du Premier ministre en se servant de cette loi sans motif légitime. Lundi 21 février, les parlementaires canadiens ont adopté le recours à cette loi d'exception par un vote à 185 contre 151, la gauche se prononçant en faveur d'un état d'urgence et la droite s'y opposant.
Voir aussi : Canada : la loi sur les mesures d'urgence approuvée par la gauche, la droite vote contre
C'est la deuxième fois en temps de paix que le Canada recourt à une telle disposition législative. Sans surprise, son utilisation a suscité de fortes polémiques et de vives critiques, puisqu'elle permet aux institutions gouvernementales de geler les comptes bancaires des manifestants et de leurs soutiens sans passer par un ordre de la cour ou encore de faciliter l'emprisonnement des contestataires. D'autres critiques sont survenues, notamment de l'Association canadienne des libertés civiles (ACLC), qui a alerté sur l'inutilité d'une telle loi, arguant que les manifestations du Convoi de la liberté ne constituaient pas une urgence nationale légitime.
« Les conservateurs vont exiger des réponses »
Suite à la décision du Premier ministre, la cheffe du Parti conservateur a déclaré dans un communiqué : « L'annonce d'aujourd'hui est la preuve que le Premier ministre avait tort lorsqu'il a invoqué la loi sur les mesures d'urgence », soulignant par ailleurs : « Rien n'a changé entre lundi soir et aujourd'hui, si ce n'est l'augmentation des inquiétudes de la part des citoyens canadiens, d'une couverture négative de la part des médias et de la ridiculisation du Canada sur la scène mondiale ». Et de conclure : « Les conservateurs vont exiger des réponses ».
L'Association canadienne des libertés civiles (ACLC) a annoncé la semaine dernière intenter une action en justice à l'encontre du gouvernement canadien suite à la mise en place de cette loi. L'organisation réfléchit actuellement à poursuivre cette action en justice. « Même si les ordonnances ne sont plus en vigueur, les actes de ce gouvernement ont néanmoins conduit à l'instauration d'un précédent, auquel sont désormais confrontés les Canadiens », a-t-elle fait savoir dans un communiqué.
« Trudeau fait marche arrière et renonce à son coup d'État corrompu »
Sur 𝕏 Twitter, le chef du jeune parti politique True North, s'est félicité de cette victoire : « Vos voix ont été entendues ! Nous avons gagné ! Trudeau renonce à sa prise de pouvoir corrompue et révoque la Loi sur les mesures d'urgence ! Cette victoire est entièrement due à vous et à vos efforts inlassables dans le combat pour ce pays. Vive la liberté canadienne ! »
Pour sa part, Maxime Bernier, chef du Parti populaire, a estimé que les véritables intentions de Justin Trudeau étant démasquées, ce dernier fait le choix de « reculer pour éviter de perdre la face. »