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Le Premier ministre canadien a annoncé ce lundi recourir à la loi sur les mesures d'urgence pour mettre un terme aux blocages réalisés à divers endroits à Ottawa et à certains postes frontaliers par les manifestants du "Convoi de la liberté".
En vertu de cette loi d'exception, le gouvernement canadien émet une ordonnance autorisant banques et autres fournisseurs de services financiers à geler ou suspendre un compte sans ordre de la cour dans l'éventualité où celles-ci soupçonneraient que le compte soit utilisé par une personne participant aux blocages ou à une manifestation d'occupation.
Première fois depuis 1988 que cette loi qui octroie des pouvoirs exceptionnels au gouvernement est invoquée
Comme le rapporte la BBC, selon le Premier ministre, la loi sur les mesures d'urgence "renforcera" la capacité des autorités policières à infliger des amendes et à emprisonner les manifestants. La loi sera appliquée plus durement pour les zones comprenant des "infrastructures critiques" comme les aéroports et les postes frontaliers.
"Le gouvernement fédéral invoque la loi sur les mesures d'urgence pour compléter les pouvoirs provinciaux et territoriaux et faire face aux blocages et aux occupations", a déclaré Justin Trudeau. Plusieurs des 13 Premiers ministres provinciaux et territoriaux se sont dits réfractaires à l'utilisation de cette loi, mais le Premier ministre a assuré que les mesures introduites seront "ciblées uniquement là où elles sont nécessaires". En outre, le Premier ministre a souligné que l'armée canadienne ne serait pas convoquée pour disperser les manifestations.
"La loi sur les mesures d'urgence n'est pas quelque chose qu'on prend à la légère", a-t-il insisté, mais "ces blocages illégaux font mal aux Canadiens et doivent cesser".
En 1988, l'adoption de la Loi sur les mesures d'urgences remplaçait la Loi sur les mesures de guerre. C'est la première fois depuis cette date que cette loi, qui accorde des pouvoirs exceptionnels au gouvernement, est invoquée. En revanche, il s'agit de la deuxième fois en temps de paix que le Canada utilise les pouvoirs conférés par celle-ci. Le père de Justin Trudeau, l'ancien Premier ministre Pierre Elliott Trudeau, y avait fait appel au cours de la crise impliquant des séparatistes québécois, en octobre 1970.
Sur les réseaux, l'adoption de cette mesure a suscité dans l'opposition une levée de boucliers.
Faisant référence au "wokisme" de Justin Trudeau, Maxime Bernier, chef du Parti populaire du Canada, a noté, sarcastique : "Ça a commencé avec des arcs-en-ciel et des licornes. Ça finit dans une répression fasciste."
Derek Sloan, chef du Parti Ontario, a publié un communiqué dans lequel il accuse Justin Trudeau de se joindre au rang "des dictateurs qui interdisent à leur peuple de manifester" ajoutant qu'il "a déclaré la guerre à ceux qui s'opposent à l'expropriation de leurs libertés".
Avi Yemini, journaliste en Australie pour le média canadien Rebel News, a lancé : "Poutine et la Russie ne sont pas la vraie menace. La menace, c'est Trudeau. L'Ukraine n'est qu'une distraction".
Trudeau is.
Ukraine is just a distraction.
Aux États-Unis, l'animatrice américaine Candace Owens a déclaré que "tous les Canadiens devraient tout de suite venir en aide aux routiers en leur apportant un abri et de la nourriture" car "Justin Trudeau vient de se proclamer dictateur du Canada et son administration qualifie des citoyens pacifiques de"terroristes"en vue de justifier ce qui va être fait par la suite."
Pour sa part, Tom Fitton, président de Judicial Watch, organisation américaine conservatrice dédiée à la surveillance des activités du gouvernement américain, a demandé "si les Etats-Unis devraient sanctionner le Canada pour violation des droits de l'homme."