Eric PIERMONT / AFP
« Nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie (...) Nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe », claironnait Bruno Le Maire ce matin sur France Info... avant de rétropédaler piteusement.
La France n'est finalement pas en « guerre économique » contre la Russie ? Interrogé hier matin sur FranceInfo, le ministre de l'Économie et des Finances déclarait que l'Union européenne allait livrer « une guerre économique et financière totale à la Russie » ainsi qu'à Vladimir Poutine. « Le peuple russe en paiera aussi les conséquences », ajoutait Bruno Le Maire.
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Après les propos tenus par le patron de Bercy, Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité de Russie, a aussitôt répliqué sur Twitter en français et en anglais, par un rappel historique cinglant l'endroit du ministre de l'Économie qu'il n'a pas daigné appeler par son nom.
Ni une ni deux, dans une déclaration transmise à l'Agence France Presse mardi en début d'après-midi, Bruno le Maire, pourtant... diplomate de carrière, a rétropédalé en catastrophe sur le vocabulaire belliqueux employé, faisant savoir que « le terme de "guerre" utilisé ce matin sur France Info était inapproprié et ne correspond pas à [leur] stratégie de désescalade ». Insistant fermement : « Nous ne sommes pas en conflit contre le peuple russe ».
Les déclarations du ministre en ont fait bondir plus d'un, jusqu'à Jacques Attali, qui, sans le cibler explicitement, a imploré de « mettre fin aux délires bellicistes ».
Bien que le ministre de l'Économie ait rectifié le tir, d'autres comme le sénateur de la Côte-d'Or Alain Houpert n'ont pas caché leur inquiétude :
À l'instar de l'économiste Olivier Delamarche, beaucoup se sont fendus d'une pique sarcastique à l'encontre des compétences et du bilan du ministre :
Ce rétropédalage en catastrophe illustre à quel point ce début de conflit passionnel et instrumentalisé de toutes parts conduit, y compris au plus haut niveau de l'État, à des prises de position inconséquentes. Dans l'ancien monde, ce type d'incartade aurait grandement fragilisé le ministre, sinon provoqué sa démission. Mais les charmes du nouveau ont leurs raisons... que la raison ne connaît point ?
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