23/03/2022 3 articles consoglobe.com  3 min #204673

Le thorium, 1000 ans de ressource énergétique ?

Qu'est ce que le thorium ? Dans quelle mesure le thorium et les réacteurs à sels fondus peuvent-ils constituer une filière énergétique d'avenir ? Dans le cadre de la série d'articles de consoGlobe.com sur les ressources naturelles, découvrez ce minerai qui pourrait être le futur de l'énergie nucléaire.

Les réacteurs au thorium ne sont pas pour demain

La production d'énergie à grande échelle avec du thorium est compliquée car il possède un inconvénient majeur : il n'est pas naturellement fissile contrairement à l'uranium 235.

Il faut qu'il absorbe d'abord un neutron afin de produire la matière fissible, l'uranium 233, nécessaire pour enclencher une réaction en chaîne dans un réacteur. Pour amorcer un cycle thorium, il faut donc de l'uranium ou du plutonium, ce dernier, rare dans la nature, étant presque exclusivement produit par l'activité des centrales nucléaires actuelles.

Un cycle nucléaire moins polluant avec du thorium

Ce qui fait l'intérêt de son utilisation, c'est que le cycle du combustible nucléaire fondé sur le thorium minimise les déchets. La plupart des déchets radioactifs produits ainsi ont une demi-vie de moins de 50 ans, ce qui est fort attractif !

Un réacteur à sels fondus qui fonctionne au thorium © Oak Ridge National Laboratory - flickr

L'autre avantage déterminant réside dans la température de fonctionnement du réacteur au thorium à environ 650°C. À cette température, on obtient tout de même un bon rendement thermique des systèmes de conversion / production d'énergie comme, par exemple, des turbines à gaz.

Plus sûr, très compétitif sur le papier, assuré d'un carburant quasi illimité, ce type de réacteur n'est pourtant financé pour l'instant que par la Chine et l'Inde.

En France, pas grand chose. Il y a bien un programme européen qui associe EDF et le CNRS, en vue de tester un démonstrateur de réacteur au thorium d'ici quinze ans. Bref, aucun déploiement industriel n'est sérieusement envisagé avant 2040. Pourtant, il se pourrait que les choses accélèrent car de plus en plus d'industriels remettent les recherches sur le thorium à l'ordre du jour.

Areva et Solvay misent sur le thorium

Le groupe français et le groupe belge viennent en effet de passer un accord pour mener ensemble un programme de recherche et développement qui étudie l'exploitation du thorium, notamment comme combustible dans les centrales nucléaires, en complément de l'uranium et du plutonium.

Inde, Chine, Norvège, Japon, dans la course au thorium

En 2013, le gouvernement chinois a annoncé vouloir investir 350 millions de dollars et embaucher 140 ingénieurs pour développer la filière thorium à fluorures fondus. 600 autres ingénieurs vont également travailler sur le sujet à l'Institut de Physique Nucléaire Appliquée de Shanghaï. L'Inde mise à fond sur la filière, et la Norvège ainsi que le Japon se sont lancés dans la course.

Le thorium, s'il ne va pas bouleverser une industrie qui a misé sur l'uranium, peut pourtant aider à mener la filière vers un atome plus vert ; ce qui serait un atout bienvenu alors que les pressions des écologistes se font plus fortes en défaveur du  nucléaire.

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