11/04/2022 reseauinternational.net  3min #205925

Pourquoi la guerre sacrificielle en Ukraine peut sonner le salut de l'Europe occidentale

par Olivier Field.

L'Histoire a mille surprises et n'a pas fini de prouver sa force. Si le conflit ouvert en Ukraine ouvre une ère de violences sur le continent, il a le mérite d'allumer la lumière sur l'état du monde.

Un État américain dirigé par sa volonté d'être le seul Empire universel et de le rester, des affidés, soumis, comparses et victimes silencieuses...d'excellents ingrédients pour une instabilité générique. En Ukraine, la fin de la guerre n'interviendra qu'avec un accord de paix entre les parties, la Russie et les USA (représentés par des Ukrainiens). Pour parvenir à un accord quelques conditions sont essentielles : mettre fin à une crise, avoir plus à perdre qu'à gagner de la situation présente et prévisible et ne pas s'aveugler.

Les conditions ne sont guère réunies du côté américain. Mettre fin à la crise est loin d'être une urgence pour les USA qui anticipent que leur image n'est pas affectée, leur économie modestement touchée et leur capacités décisionnaires intactes puisque très éloignées du conflit. La situation de peur d'une guerre européenne chez des populations qui en ont vécues deux, particulièrement terribles et dont elles ne se sont guère relevées malgré 75 ans de paix, ranime la foi naïve dans le pouvoir US. Or rappelons que le fonctionnement des USA est d'utiliser des proxies, pour faire valoir leur but unique, leur « destinée manifeste »...

Mais cette même peur peut faire émerger des dirigeants en phase avec le sentiment de leurs populations qui par survie réclameront de s'affranchir de la tutelle américaine. On en est encore loin quand on voit que l'Allemagne lance une commande de F35, contre toute idée européenne, par souci de disponibilité immédiate et... parce qu'ils peuvent porter des missiles atomiques américains ! Que nous devrions être rassurés de savoir que l'Amérique équipe l'Allemagne de forces de frappes nucléaires US (sur le papier OTAN) quand deux pays Européens ont déjà cette dissuasion. Bel exemple de totale soumission. Rappelons que la guerre, qui tue incidemment, déclenchée par la Russie est le fruit mûr d'un projet US (pardon, OTAN) de ranimer un état de tension naturellement disparu en Europe en 1991 par la chute de l'URSS. Situation qui ne profite qu'aux USA.

Les États-Nations, au long passé, en Europe peuvent se réveiller et entamer une reconquête de leurs droits, leurs souveraineté, leurs intérêts vitaux. Les organismes relais du pouvoir de l'Empire, tels qu'Union Européenne, OTAN, et même ONU peuvent par décision politique commune se vider de tout sens. Et l'Europe occidentale qui s'affaiblit sans discontinuité depuis des décennies retrouver enfin un projet, un avenir digne de ses populations et de ses valeurs forgées au cours des siècles.

L'Amérique joue un jeu dangereux. Attiser la guerre par un jusqu'au-boutisme ne peut que réveiller le sens de survie des Européens et leur rendre le courage d'affronter leur mauvais maître. Aisément on peut anticiper que le renforcement offensif des pays Baltes par les USA (l'OTAN) va produire les mêmes effets sur la Russie. Alors même que leur simple appartenance à un pacte qui, article 5 (assistance-défense collective), les protège d'une agression Russe... rendre ces pays instruments de la guerre faite à la Russie par les USA les mets en péril.

Tout concoure à l'émancipation des nations européennes et même si le poids du contrôle US va rendre le chemin ardu, c'est le seul.

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