FranceSoir avec AFP
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Le Brésil était en pleine effervescence dimanche, 156 millions d'électeurs votant pour une présidentielle sous tension. Le candidat de gauche Lula espère faire son comeback après son incarcération suite à sa condamnation par la justice brésilienne pour corruption. Soutenu par la star du Paris-Saint-Germain Neymar et Donald Trump, le président sortant Jair Bolsonaro brigue de son côté un nouveau mandat ; il pourrait contester le résultat en cas de fraude électorale en raison de l'utilisation controversée des machines de vote électronique.
Les deux grands favoris du scrutin ont voté tôt le matin, peu après l'ouverture des bureaux, où de nombreux Brésiliens se sont présentés en portant les couleurs de leur candidat préféré, jaune et vert pour Bolsonaro et rouge pour Luiz Inacio Lula da Silva.
L'ex-président de gauche (2003-2010), 76 ans, a voté à Sao Bernardo do Campo, banlieue ouvrière de Sao Paulo où s'est fait connaître en tant que dirigeant syndical.
"Pour moi, c'est l'élection la plus importante", a affirmé l'ancien métallo, qui dispute sa sixième course présidentielle pour briguer un troisième mandat, douze ans après avoir quitté le pouvoir avec une popularité record.
"Nous ne voulons plus de haine, de discorde. Nous voulons un pays en paix", a-t-il déclaré.
Votant peu après à Rio de Janeiro, Bolsonaro, 67 ans, vêtu du maillot jaune et vert de l'équipe nationale de football sous lequel il portait un gilet pare-balle, a encore laissé planer le doute sur une éventuelle contestation du résultat.
"Si les élections sont propres, aucun problème. Que le meilleur gagne !", a déclaré le chef de l'Etat.
À la mi-journée, le président du Tribunal supérieur électoral (TSE), Alexandre de Moraes, a assuré que le vote se déroulait "sans problème, en toute tranquillité", et a tenu à "réaffirmer la fiabilité et la transparence" du système d'urnes électroniques, régulièrement critiqué par Jair Bolsonaro.
Le dernier sondage de l'institut Datafolha donnait Lula largement en tête au premier tour, avec 50% des votes exprimés, contre 36% pour Bolsonaro.
"Période chaotique"
De longues files d'attente se sont formées depuis le début de la matinée dans les bureaux de vote, notamment à Brasilia.
"Je suis chrétienne, je ne vote que pour les candidats qui sont d'accord avec ce qui est écrit dans la Bible, alors je vote Bolsonaro", dit Aldeyze dos Santos, 40 ans, femme au foyer dans la capitale brésilienne.
Mais à Rio de Janeiro, Kaia Ferrari, retraitée de 67 ans, lance, laconique : "Je déteste Bolsonaro".
"En tant que femme noire, j'ai voté pour un candidat qui s'engage à lutter contre la discrimination", dit pour sa part Lucia Estela da Conceição, une retraitée luliste qui votait à Sao Paulo.
"Nous vivons une période chaotique, j'espère que tout va bien se passer aujourd'hui, qu'il n'y aura pas de troubles", a-t-elle poursuivi.
Certains bureaux de vote ont été installés dans des lieux inhabituels, comme un hôtel de luxe au bord de la plage de Copacabana, à Rio.
"C'est la première fois que je vote dans un hôtel. C'est bien que les touristes voient qu'on est en démocratie, ou du moins qu'on se bat pour la protéger", dit Juliana Trevisan, électrice de 32 ans.
Sécurité renforcée
Pour cette élection cruciale pour l'avenir de la jeune démocratie au Brésil, le choc au sommet Lula-Bolsonaro a relégué les neuf autres candidats au rang de figurants.
"La question est de savoir s'il y aura un deuxième tour ou non, et c'est impossible à prédire", déclare à l'AFP Adriano Laureno, analyste chez les consultants Prospectiva.
Une victoire de Lula signerait un comeback inespéré quatre ans après son incarcération pour des soupçons de corruption.
Sa campagne a lancé un appel au "vote utile" pour une victoire dès le premier tour. Cela lui éviterait quatre semaines supplémentaires de campagne à couteaux tirés jusqu'à un second tour le 30 octobre.
Un second tour pourrait permettre au populiste Bolsonaro de galvaniser ses troupes et de trouver un nouvel élan.
Sur son compte Twitter, il a publié les messages de soutien de ses rares alliés, comme la star du football Neymar ou l'ancien président américain Donald Trump qui appelle les Brésiliens à "réélire l'un des plus grands présidents au monde".
Les Brésiliens élisent aussi dimanche leurs 513 députés fédéraux, un tiers des 81 sénateurs et les gouverneurs des 27 États, ainsi que les députés régionaux.