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Recep Tayyip Erdogan à gauche, Vladimir Poutine à droite, le 13 octobre à Astana, Kazakhstan.
13 oct. 2022, 19:29
«S'il y a un intérêt de la part de la Turquie et de la part de nos éventuels clients dans d'autres pays, nous pourrions considérer la possibilité de construire un autre réseau gazier et de créer un hub gazier sur le territoire turc pour vendre dans d'autres pays, dans des pays-tiers, tout d'abord [dans les pays] européens. S'ils y sont intéressés, bien sûr» : c'est ce qu'a suggéré ce 13 octobre le président russe Vladimir Poutine à son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan.
Nous pourrions réglementer les prix sans qu'aucune politique ne se mêle de ça
Lors de cet échange, qui a eu lieu au Kazakhstan, où se déroule le sixième sommet de la Conférence pour l'interaction et les mesures de confiance en Asie, le chef d'Etat russe a estimé que la Turquie constituait actuellement «l'itinéraire le plus sûr pour les livraisons» de gaz russe.
Un éventuel hub gazier en Turquie pourrait également servir pour «définir les prix» de ces hydrocarbures, «aujourd'hui exorbitants», a encore déclaré Vladimir Poutine, ajoutant : «Nous pourrions réglementer les prix sans qu'aucune politique ne se mêle de ça.»
Vers un nouveau réseau de gazoducs ?
S'adressant aux journalistes plus tard dans la journée, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a souligné que ce projet pouvait permettre à l'Europe d'«acheter du gaz russe qui est le moins cher et le plus sûr».
«[Certaines forces] ont déjà essayé de porter atteinte au Turkish Stream. Comme c'est le seul itinéraire aujourd'hui qui est fiable et qui fonctionne bien, Vladimir Poutine a proposé d'examiner la possibilité de créer un hub séparé à la frontière turque, pour qu'on puisse livrer du gaz à tous ceux qui le veulent via ce hub, en construisant des réseaux supplémentaires pour cela», a poursuivi le haut diplomate, selon qui Recep Tayyip Erdogan a réagi à cette proposition avec «un grand et vif intérêt».
La veille, lors du Forum de l'énergie à Moscou, Vladimir Poutine avait fait savoir que la Russie était prête à fournir du gaz à l'Europe «y compris pour l'automne-hiver actuel». «La Russie est prête pour le début de ces livraisons. La balle, comme on dit, est dans le camp de l'Union européenne», avait-il en effet assuré. A cette occasion, le président russe avait déjà précisé par quel biais le gaz russe pourrait être fourni à l'Union européenne : «Nous pourrions []... faire passer les principales voies de livraison de notre carburant et de notre gaz via la Turquie, en créant en Turquie le plus important hub de gaz.»
Ces propos surviennent alors que le Vieux continent subit de plein fouet le contrecoup des sanctions sur les hydrocarbures russes. Partout en Europe, les pays redoutent des difficultés énergétiques pour la saison hivernale.