17/12/2022 francesoir.fr  8 min #220883

Elon Musk dévoile les « Twitter Files » liés à l'histoire de l'ordinateur portable de Hunter Biden

Les Twitter Files dévoilent « l'omniprésence » du Fbi dans la modération des contenus

FranceSoir

La sixième partie des Twitter Files révèle comment le FBI collaborait avec la précédente équipe de la plateforme pour modérer son contenu.

AFP / FBI

Les révélations des Twitter Files se poursuivent. Dans un  nouveau thread, le journaliste Matt Taibbi s'intéresse cette fois-ci à la relation du réseau social avec le FBI, allant jusqu'à le qualifier de "filiale" de la police fédérale. La sixième partie révèle comment ce service de renseignement, "hyper-intrusif", collaborait avec la précédente équipe de la plateforme pour modérer son contenu et exiger la suspension de plusieurs comptes, dont l'ex-président des États-Unis Donald Trump  avait été victime. Avec ces nouvelles révélations, les liens entre GAFAM, services de renseignement, gouvernement démocrate et activisme woke se précisent.

Le journaliste et collaborateur du milliardaire Elon Musk dans la révélation de cette affaire promet ainsi de dévoiler, avec Bari Weiss et Michael Shellenberger, des détails sur "la façon dont le gouvernement collecte, analyse et signale les contenus sur les réseaux sociaux".

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Le FBI, "constant et omniprésent"

Pour ce faire, le FBI et d'autres agences de sécurité, "était constant et omniprésent" chez Twitter, "comme s'il s'agissait d'une filiale". Matt Taibbi explique qu'entre janvier 2020 et novembre 2022, "il y a eu plus de 150 e-mails entre le FBI et l'ancien chef de Twitter de la modération, Yoel Roth".

Ces emails demandaient parfois "des informations sur les utilisateurs de Twitter liées à des enquêtes en cours" ou surtout, "de prendre des mesures contre la désinformation électorale", parfois contre des tweets de blagues provenant de comptes dont le nombre d'abonnés n'est pas du tout élevé.

Dans son thread, Matt Taibbi explique comment le bureau fédéral entrait en relation avec Twitter afin d'exprimer ses requêtes. Il liste les différents dispositifs, canaux et manières avec lesquelles le FBI sollicitait une intervention de l'équipe de modération des contenus. Il cite le groupe du travail du FBI dédié aux réseaux sociaux, connu sous le nom de FTIF (Groupe de travail sur l'influence étrangère,  Foreign Influence Task Force), mis sur pied à la suite des élections présidentielles de 2016 et chargé d'identifier, comme son nom l'indique, "les influences étrangères présumées et les falsifications électorales de toutes sortes". Ce groupe, composé de 80 agents, a maintes fois correspondu avec Twitter pour identifier des contenus susceptibles de correspondre à ces opérations.

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Les agences de renseignements, le FBI comme le Département de sécurité Intérieure, poursuit Matt Taibbi, ont également recours à des "sous-traitants" et à des groupes de réflexion pour "faire pression sur Twitter" et obtenir des mesures. Le journaliste ne dévoile pas plus de détails et ajoute que la correspondance directe entre le réseau social et ces institutions était également de mise de façon à envoyer à Twitter des contenus à modérer. "Une question reste sans réponse : les agences comme le FBI et le DHS effectuent-elles elles-mêmes le travail de signalement en interne ou le sous-traitent-elles ?", s'interroge-t-il.

Les captures d'écran divulguées dans le thread montrent ainsi des emails provenant de différentes agences du FBI à destination de Twitter, demandant "une action" sur des listes de comptes. Ceux-ci, souligne Taibbi, sont parfois des comptes satiriques publiant des blagues ou des comptes très peu suivis. Plusieurs des propriétaires de ces comptes ont d'ailleurs réagi à leur suspension et exprimé leur stupéfaction en constatant que "le FBI surveille des blagues sur Twitter".

Une "grande famille heureuse"

Des captures d'écran montrent également des emails rendant compte de précédentes réunions, entre le FBI, Twitter et d'autres agences de sécurité, comme un  email envoyé à l'ex-avocat  Jim Baker, dans lequel une responsable du réseau social explique que le FBI ne voyait "aucun obstacle" à ce que les informations classées soient partagées "avec l'industrie".

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"Ce passage souligne l'ambiance unique d'une grande famille heureuse entre Twitter et le FBI. Avec quelle autre firme le FBI accepterait-il allègrement de"ne pas entraver"les informations classifiées ?", commente Matt Taibbi. Il attire également l'attention sur une série de réserves soulevées par les agences de sécurité durant une réunion, "qui ont déjà été traitées".

Poursuivant ses révélations, le journaliste partage d'autres emails démontrant la relation entre le réseau social et le FBI, ou encore les demandes de modération de "contenus potentiellement violents" que "le personnel de Twitter s'est félicité sur Slack pour 'l'entreprise monumentale'" à mener.

D'autres "points d'entrée" vers Twitter permettaient au gouvernement de signaler du contenu à l'équipe de modération, comme la plateforme Teleporter ou encore un "portail de support pour les partenaires" créé par le Centre pour la sécurité sur Internet (CIS), une organisation agissant en partenariat avec le Département de sécurité intérieure.

"Ce que la plupart des gens considèrent comme 'l'État profond' est en réalité une collaboration enchevêtrée d'agences d'État, d'entrepreneurs privés et d'ONG (parfois financées par l'État). Les lignes deviennent si floues qu'elles n'ont plus de sens", conclut le thread de Matt.

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Le rôle joué par  le FBI dans la modération de contenus autour des élections avait déjà été évoqué dans un troisième volet par le même collaborateur de Musk dans les Twitter Files. Des documents internes démontraient comment les employés du réseau social essayaient de définir le rôle joué par le FBI et les autres agences de renseignement dans la modération de contenus. Le directeur des politiques, Nick Pickles, suggérait ainsi à d'autres employés de décrire le FBI dans les politiques comme des "partenaires" grâce auxquels Twitter "détecte les fausses informations" et suspendait des profils.

Dans les précédents volets, Bari Weiss, Matt Taibbi et Michael Shellenberger ont expliqué comment des responsables de Twitter, notamment Yoel Roth et VIjaya Gadde se sont constitués en "Cour suprême de modération", violant les propres politiques et règles de Twitter pour justifier le  bannissement de Donald Trump.

La première série de documents des Twitter Files a été dévoilée le 2 décembre par Elon Musk, pour prouver une "ingérence" de Twitter dans les précédentes élections américaines à travers le scandale lié à l'ordinateur portable de Hunter Biden, le fils de l'actuel président des États-Unis Joe Biden.

Les séries se sont plutôt penchées sur d'autres aspects liés à la modération de contenu par la précédente équipe, comme les  listes noires qui permettaient de contrôler la visibilité et de "désamplifier" un compte, un tweet ou une tendance.

"Si Twitter approuve les enchères d'une équipe avant une élection en fermant les voix dissidentes lors d'une élection cruciale, c'est la définition même de l'ingérence électorale", a déclaré Musk. Et d'ajouter : "Franchement, Twitter agissait comme un bras du Comité national démocrate, c'était absurde".

Interrogé lors d'un chat audio dans lequel il a évoqué le " risque important" qu'il soit assassiné, Elon Musk a affirmé avoir autorisé "un accès sans entrave" à d'anciens documents internes aux deux journalistes. "Je ne contrôle pas le récit. Il est tout simplement évident qu'il y a eu beaucoup de contrôle et de suppression d'informations, y compris des choses qui ont affecté les élections...", avait-il dit.

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