Trina Banderas, France-Soir
Inghed, un village de la très touristique province d'al-Haouz, dans les montagnes du Haut Atlas, a été dévasté par le séisme. (Le 12 septembre 2023.)
FETHI BELAID / AFP
SÉISME - Le tremblement de terre qui a frappé le Maroc vendredi dernier va au-delà de la tragédie humaine. Ses conséquences économiques inquiètent également le tourisme, un secteur clé pour le pays.
L'impact du séisme, qui a déjà entraîné la perte de plus de 2.000 vies et d'importants dégâts à travers tout le pays, survient en parallèle des efforts entrepris par le Maroc pour transformer son économie. Des efforts qui ont pour objectif de moderniser les domaines industriel et agricole, tout en renforçant la position du pays sur la scène du tourisme international.
Le tourisme est l'un des secteurs économiques les plus importants du Maroc en termes de revenus, avec des recettes touristiques qui ont atteint 2,4 milliards de dollars à la fin du mois de mars 2023. Soit une augmentation de 52% au cours des trois premiers mois de l'année 2023 par rapport à l'année 2019. (source : Organisation Mondiale du Tourisme - OMT).
La tragédie survient au Maroc au moment où le pays est engagé dans une phase de transformation économique majeure, remettant ainsi en question les avancées réalisées jusqu'à présent.
L'essor de l'industrie touristique au Maroc
Le modèle touristique marocain, comme celui de la Tunisie, a attiré ces dernières années de nombreux touristes étrangers, séduits par les prix bas, la culture et la proximité de l'Europe. Le Maroc accueille un tiers des touristes se rendant en Afrique, avec Marrakech en tant que leader du secteur du luxe et moteur économique du pays.
Le pays a donc trouvé dans le tourisme un bon levier. Selon les chiffres officiels de l'Office des Changes, le secteur fournit environ 548.000 emplois directs, soit 5% des emplois de l'ensemble du pays. (Il convient de préciser que le Maroc présente un taux d'activité historiquement faible, principalement en raison d'un déficit significatif dans l'intégration des femmes sur le marché du travail).
Dépendance à l'égard du tourisme
Pour saisir l'ampleur de la dépendance du Maroc au tourisme, il faut souligner qu'en 1995, le pays recevait 2,6 millions de visiteurs, tandis qu'en 2019, juste avant l'impact de la pandémie de Covid-19, ce chiffre a atteint 13,1 millions. Si dans les années 1990, il représentait 3,3% du PIB, aujourd'hui, il représente environ 7%.
Ces 7% du PIB sont destinés à couvrir l'ensemble des dépenses de santé nationales, qui s'élèvent à environ 6%. Le gouvernement avait précédemment annoncé un investissement public de 560 millions d'euros dans le but d'attirer davantage de touristes et d'améliorer les infrastructures du pays, mais ces fonds sont désormais dirigés vers les efforts de reconstruction.
Le tourisme de relance menacé
Le Maroc, fortement dépendant du secteur touristique, fait face à des perspectives compliquées pour l'avenir. Outre l'apparition de la pandémie de Covid-19 et la fermeture des frontières, qui ont constitué un défi de taille pour l'économie marocaine, et dont le pays commençait à se remettre, voilà qu'il est à nouveau touché par le tremblement de terre survenu ce week-end.
Le pays subit déjà les répercussions des annulations de voyages et de réservations, mettant en péril son économie. Dans ce scénario, le Maroc risque de connaître une situation similaire à celle de la Turquie, qui a été touchée par un tremblement de terre l'hiver dernier, entraînant une diminution des réservations dans des régions éloignées des zones directement affectées par le séisme.
Si les réservations cessent et que le tourisme de relance s'interrompt, après avoir subi un terrible drame humain, le Maroc risque de faire face à des problèmes financiers majeurs.