21 octobre 2023 (15H30) - Le temps des "camps" politiques est bien dépassé, - droite, gauche, toutes ces choses-là ne se reconnaissent plus dans la valse des miroirs déformants de la GrandeCrise. Tout juste reste-t-il le "Camp du Bien", cette impossible invention des esprits en jachère et des âmes en dessèchement se roulant dans la bêtise et la lâcheté comme d'autres invitent Charybde et Scylla à leur table, - à fuir absolument, par conséquent.
L'affaire était déjà chaude, brûlante avec l'Ukraine. Les autorités illégitimes tentèrent tant bien que mal, par la terreur notamment, et la censure pour les plus vertueuses, d'imposer l'idée de l'horreur du camp "d'en face". Avec Hamas-Israël, la digue a cédé. Il n'est plus possible de dissimuler les violentes, diverses et infiniment complexes contradictions, contre-pieds et contredits dans tous les camps. Droite, gauche, antiracisme, identité, liberté et ordre, plus rien ne marche, plus aucun mot de passe ne fonctionne.
Certes, dira-t-on, il suffit d'admettre une fois pour toutes cette évidence de l'inacceptabilité du terrorisme ; certes, répondra-t-on, mais que fera-t-on de la Terreur-1793, des insurgés espagnols tirant dans le dos des troupes de Napoléon, des Communards qui fusillaient et des Versaillaient qui exécutaient, des résistants autour de Jean Moulin et des partisans russes et ukrainiens attaquant par surprise les collabos des nazis, du FLN libérateur et de l'OAS luttant pour l'Algérie Française ? Que fera-t-on de tous les peuples opprimés et contraints par la force si on leur refuse des moyens séditieux de s'affirmer ? Toutes ces questions sans réponses, rassemblées aujourd'hui, forment le cimier improbable où se déchirent les droites et les gauches.
Curieux, cela : il y a quarante ans, lors des attaques de l'OLP, les regroupements s'opéraient sans trop de difficultés et sur ces questions embarrassantes, on tranchait, - et basta ! Aujourd'hui, cette manœuvre "de contrepied et de contredit" ravalés en "mordant sur sa chique" est devenue impossible parce que chaque question se détaille aussitôt en autant de références opposées que toutes les crises prolifiques et contradictoires vous déroulent avec insolence et insistance, et se range aussi vite sous une bannière générale de principes (antiSystème, légitimité, identité, multipolarité) qui interfèrent souvent et sans la moindre vergogne dans ce qui aurait dû être votre choix naturel. Ces vérité-de-situations sont la conséquence si complexes des ruines que sont devenues nos diverses idées civilisatrices formant notre ancienne civilisation, répandues sous les coups de boutoir de la déconstructuration, - qui, vous le voyez, n'est pas si mauvaise puisqu'elle force à cet anéantissement de la pourriture que nous n'osions réaliser. Cela, - encore un signe absolument irréfragable que nous sommes désormais entrés dans les masses terrifiantes des forêts aquatiques et coulantes autant que glissantes de la Mer des Sargasses que forme cette GrandeCrise.
La chose, cette prolifération des parcellisation des engagements si assurés hier, se trouve assez bien affirmée en France, où l'on trouve des situations de contradictions internes extravagantes. Elle l'est bien plus encore aux États-Unis, avec toutes les antennes qu'on sait dans le reste du monde, et dans la situation de crise et de morcellement hystérique du pays. Korybko nous emmène faire une petite balade, un peu comme l'on va au zoo, pour nous montrer ce que sont les méandres devenus des peuples confrontés à la nécessité de l'impossible choix au milieu du champ de ruines d'une civilisation qui continue à jouer la même pièce, à guichets fermés et sous le regard vide des spectateurs contraints depuis mille saisons, sous les bouches à feu des défenseurs de l'ordre dont eux-mêmes ne savent plus comment le définir ni son identité.
Croyez bien à l'utilité et à la vertu de l' inconnaissance.