Par MEE et agences
Les raids américains, qui ont visé 85 cibles en Irak et en Syrie dans la nuit du 2 au 3 février, ont fait réagir le Hachd al-Chaabi, qui réclame le départ de la coalition internationale d'Irak
Une influente alliance pro-Iran formée d'ex-paramilitaires, le Hachd al-Chaabi, a réclamé dimanche le départ des troupes étrangères d'Irak, lors des funérailles de ses combattants tués dans des frappes américaines.
Vendredi 3 février les États-Unis ont mené des frappes en Syrie et en Irak contre des cibles des forces d'élite iraniennes et des groupes armés pro-Iran, en représailles à une attaque le 28 janvier, qui a tué trois soldats américains en Jordanie, près des frontières irakienne et syrienne.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni, a déclaré que les frappes syriennes avaient tué 23 combattants pro-iraniens, dont des combattants du Hachd al-Chaabi, coalition d'anciens paramilitaires enrôlés dans les forces irakiennes.
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Le Commandement central américain (CENTCOM) a publié un 𝕏 communiquéindiquant que ses forces ont frappé plus de 85 cibles en Irak et en Syrie, visant la force al-Qods (Gardiens de la révolution islamique) ainsi que d'autres groupes armés affiliés dans les deux pays.
Le président américain Joe Biden a déclaré dans un communiqué que la réponse de Washington se poursuivrait. « Notre réponse a commencé aujourd'hui. Elle se poursuivra aux moments et aux endroits de notre choix », a-t-il déclaré.
« Les États-Unis ne cherchent pas à créer un conflit au Moyen-Orient ou ailleurs dans le monde. Mais que tous ceux qui pourraient chercher à nous faire du mal sachent ceci : si vous faites du mal à un Américain, nous répondrons. »
Résistance islamique en Irak
« Ils [les États-Unis] ont ciblé des locaux administratifs, un hôpital [du Hachd], ils ont visé des forces chargées de protéger les frontières », a lancé dans un discours le chef du Hachd al-Chaabi, Faleh al-Fayyad, durant la cérémonie.
« Cibler le Hachd al-Chaabi, c'est jouer avec le feu », a-t-il martelé.
« Nous exhortons le Premier ministre à faire tout ce qui est en son pouvoir pour défendre la souveraineté et la dignité de l'Irak. Cela ne se fera pas sans le départ de ces forces du territoire irakien, sans purifier le territoire irakien de toute présence étrangère », a-t-il insisté, en allusion à la coalition internationale emmenée par Washington pour combattre le groupe État islamique.
Quelque 2 500 soldats américains sont déployés en Irak et 900 en Syrie voisine dans le cadre de cette coalition créée en 2014.
Dans un contexte de fortes tensions régionales attisées par la guerre à Gaza, le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani a déjà initié avec Washington des discussions sur l'avenir de la coalition en vue d'obtenir un calendrier qui permettrait un retrait progressif.
Si l'EI a été mis en déroute, la coalition assure que ses conseillers militaires en Irak sont là uniquement pour fournir formations et conseils aux forces irakiennes afin d'empêcher une résurgence de l'EI.
Depuis la mi-octobre, plus de 165 frappes de drones et tirs de roquettes ont visé des positions américaines en Irak et en Syrie. La plupart ont été revendiquées par la Résistance islamique en Irak.
Il s'agit d'une nébuleuse de groupes armés pro-Iran formé en octobre en réponse à la guerre menée par Israël contre Gaza.
Le groupe a également revendiqué la responsabilité d'attentats en Israël. Toutes les organisations du groupe sont pro-Iran et la plus importante d'entre elles est Kataib Hezbollah.
Les attentats ont été condamnés à Bagdad et à Damas.
Le général Yehia Rasool, porte-parole du Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani, a déclaré que les frappes constituaient une « violation » de la souveraineté du pays et auraient « des conséquences désastreuses pour la sécurité et la stabilité de l'Irak et de la région ».
L'Irak a annoncé plus tard qu'il convoquerait le chargé d'affaires américain à Bagdad pour prononcer une protestation officielle.
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