Xavier Azalbert, France-Soir
Et ça se dit « démocrate » !?!
« T'es fada ou quoi ? T'es un fou, toi ! »
C'est en ces mots que Sébastien Delogu (1), député LFI, a fanfaronné devant Flavien Termet (RN), benjamin de l'Assemblée nationale pour cette nouvelle législature qui a commencé vendredi.
Oui. C'est ce vendredi 19 juillet 2024 que cela s'est passé, non pas dans un quartier dit « sensible » du nord de Marseille, mais à la tribune de l'Assemblée nationale. Une assemblée « basse » qui donc, hélas, n'a jamais aussi bien mérité son nom qu'aujourd'hui. Torse bombé, roulement d'épaules, menton relevé, sourire narquois, regard défiant, ton provocateur et vocabulaire de pithécanthrope, cette importation de l'idiosyncrasie des petits malfrats, dans le Palais Bourbon, fait ainsi du 7ᵉ arrondissement de Paris (où se trouve le Palais Bourbon), un quartier malfamé. Où l'on semble y sacrifier les principes de base de la politesse et de la bienséance.
Plus racailles que ça, tu meurs. « Racailles » au pluriel, car l'infraction a été commise par pluralité d'auteurs. En l'occurrence, le délit d'injure publique envers un membre de l'Assemblée nationale, défini par les dispositions combinées des articles 23, 31 et 33 de la loi sur la liberté de la presse (2). Et, avec ici cette autre circonstance aggravante : les coauteurs sont tous des personnes dépositaires de l'autorité publique qui ont agi là dans l'exercice de leurs fonctions.
Petit rappel des faits.
D'après le règlement intérieur de l'Assemblée nationale, l'élection de son Président doit intervenir dans le respect du protocole suivant. Les députés s'avancent chacun à leur tour, jusqu'à la tribune, cet espace situé juste en dessous du « perchoir » : le siège du Président, occupé à cette occasion par le député le plus âgé. Ils y sont accueillis par le plus jeune, chargé de surveiller la bonne tenue du scrutin. Celui-ci constate, pour chaque député, le placement du bulletin de vote dans l'urne. Puis il salue respectueusement le député qui vient de voter, et lui tend la main aux fins que ce dernier la lui serre, ce que le député votant est normalement tenu de faire.
En effet, qu'importe son appartenance politique et dans quelle circonscription il a été élu et par qui, tout député est un représentant du peuple dans son entièreté. Le souverain théorique. En cela, refuser de serrer la main d'un collègue député à cette occasion solennelle de l'élection du Président de l'Assemblée nationale, est une injure publique envers non seulement ce membre-ci de cette Chambre, mais également envers le souverain. Le corps électoral.
Or, à ce rituel imposé aussi par la décence la plus élémentaire, et la politesse obligatoirement de mise entre personnes civilisées, censées œuvrer dans l'intérêt de la Nation, tous les députés LFI ont refusé de satisfaire.
Tous ont refusé de serrer la main protocolaire que Flavien Termet leur a tendue, poli et courtois, lui, et parfaitement dans son rôle. Et, l'un de ces délinquants, quelque part, a agi en état de récidive : Louis Boyard. Il y a deux ans, cet « ex-dealer » de cannabis (l'est-il encore ?), c'était lui le benjamin de l'Assemblée nationale. Tandis qu'il officiait en tant que tel durant l'élection de son Président, il a refusé de serrer la main à plusieurs députés RN.
À l'instar de Sébastien Delogu, François Piquemal s'est senti obligé de se distinguer. Ce ne fut pas, toutefois, lui, l'outrance qu'il a ajoutée à l'infamie. Ce fut le ridicule. Au moment où Flavien Termet lui a tendu la main, il a fait un « pierre-feuille-ciseau. » Voilà qui illustre son âge mental. N'avoir visiblement aucune limite dans l'hypocrisie étant l'apanage des « petits m.... », ce malotru a fallacieusement invoqué cette niaiserie insane, pour justifier son geste :
« Un des contrats électoraux que nous ont donné les Françaises et les Français, c'est de faire barrage au RN. J'assume de préférer le chifoumi à porter des casquettes nazies. »
Désolé, jeune blanc-bec qui visiblement ne connaît aucunement les dispositions constitutionnelles qui régissent l'exercice de la fonction de parlementaire (qu'il a ainsi outrageusement déshonorée) : deux éléments factuels incontestables dépouillent votre argumentation de toute pertinence.
Tout d'abord, l'article 27 de la Constitution : « Le mandat impératif est nul. » Personne ne peut vous donner quelque consigne que ce soit, ni de vote, ni à l'égard des autres députés. Et surtout ! Dans un second temps, je le rappelle exprès, comme député, vous n'êtes pas le représentant des citoyens qui ont voté pour vous. Vous êtes un des députés qui, comme tous les autres pris séparément, représente le peuple français dans son entièreté. À savoir tant les citoyens de votre circonscription qui ont voté pour vous, que ceux qui ont voté contre vous ou voté nul et ceux qui se sont abstenus, ainsi que tous les autres citoyens français, de France comme à l'étranger, qu'ils soient inscrits ou non sur les listes électorales, et qu'ils aient voté ou non lors des dernières élections législatives.
En conséquence, non seulement vous vous êtes rendu coupable du délit d'injure publique envers un parlementaire, mais, de plus, en guise de justification à cela, vous revendiquez vous être fourvoyé dans l'exercice, ou devrais-je donc plutôt dire « les sévices » de vos fonctions ?
Et ce n'est pas tout !
Autre spécificité comportementale des « racailles » dites « de cité » (alors que c'est aussi l'apanage des racailles des banlieues dites « chics ») : l'inversion accusatoire. La pleurniche insane et lâche, qui consiste à se victimiser après la commission d'un méfait. C'est-à-dire se présenter comme étant la victime de tels faits, généralement faux ou exagérés et d'une gravité pénale nettement moindre, afin de tenter d'occulter sa responsabilité, en tant qu'auteur de tels autres faits nettement plus graves.
C'est exactement ce qu'ont fait les députés LFI qui ont refusé de serrer la main de Flavien Termet.
Presque immédiatement après s'être rendus coupables d'un délit d'insulte publique envers un député, qui, de fait, outre ce qu'on appelle en droit « le préjudice social » (à savoir « causé à la société »), porte préjudice à chaque citoyen français qui s'en trouve offusqué, les députés LFI se sont dits eux « scandalisés » par « les commentaires racistes » sur internet, suite à la publication de cette photo.
Une photo publiée par qui ? Par le parti politique auquel ils appartiennent : la France Insoumise.
Motif principal de leur offuscation, les commentaires soutenant qu'on dirait une photo de prévenus, des délinquants comparaissant devant le tribunal correctionnel et attendant leur jugement.
Pour la défense des auteurs de ces affirmations, peut-être s'agit-il de commentaires prémonitoires. J'entends par là supputant par avance que si l'immunité pénale de ces quatre députés auteurs du délit d'insulte publique envers un député est levée, effectivement ils devront comparaître prochainement devant le tribunal correctionnel de Paris, en tant que prévenus. Et sans doute qu'aussi la présence sur cette photo du député « fiché S » Raphaël Arnaud, a été ressentie par eux comme une insulte, une insulte les autorisant à faire usage de la cause d'exemption de responsabilité pénale que la loi sur la liberté de la presse, en son article 33, définit sous l'appellation « excuse de provocation » : « une riposte immédiate et irréfléchie » à une provocation.
D'ailleurs, il n'y a pas que les députés de la France Insoumise qui ont eu cette attitude répréhensible.
L'ancienne ministre Agnès Pannier-Runacher, Astrid Panosyan-Bouvet ou encore Stéphane Travert ont également refusé de serrer la main de Flavien Termet. L'ancienne ministre a justifié son geste sur LCP en ces mots :
« La manière dont ce député RN à qui j'ai dit bonjour bien volontiers essayait de se pousser du col pour me forcer à cette poignée de mains me semblait un peu ridicule. Je ne suis pas là pour la com du RN. J'ai un écart de fond avec les positions du RN. Je ne suis pas une poupée aux mains du RN et de sa communication. »
S'agissant des mots « essayait de se pousser du col » ; à savoir « chercher à se mettre en valeur » (« se vanter, être prétentieux, se croire important »), nous dit le dictionnaire, les images semblent donner totalement tort à l'ancienne ministre.
Enfin, notons qu'au deuxième tour du scrutin, Anna Mansouri, députée de l'alliance LR-RN soutenue par Éric Ciotti a connu le même sort. Sandrine Rousseau, François Ruffin et Mathilde Panot, notamment, ont refusé de la saluer en allant déposer leur bulletin dans l'urne.
Sans surprise, cela a fait hurler du côté du Rassemblement national.
« Les voyous sont de retour. Avec le soutien de Gabriel Attal », a dénoncé sur X Laure Lavalette, députée et porte-parole du parti. L'euro député Mathieu Valet s'est dit lui « choqué par l'attitude minable du député LFI Sébastien Deloglu, face à notre jeune député RN, 22 ans, très respectueux et bien éduqué. Monsieur Deloglu croit intimider Flavien à deux doigts de faire un front contre front, comme j'ai déjà vu des crapules faire dans la rue. » Le député Thomas Ménagé aussi : « Flavien Termet fait face à l'impolitesse la plus crasse de l'extrême gauche, qui n'est toujours pas capable de faire preuve de civilité dans une enceinte républicaine. » Quant au député Jean-Philippe Tanguy, c'est lui, je crois qui a fait usage de l'excuse de provocation avec le plus de virulence : « Agnès Pannier-Runacher est aussi mal élevée que les pignoufs de la France Insoumise. »
En réplique à cela, ses détracteurs avancent que sa rage a pour origine le fait que, référence faite là conjointement à une homosexualité que Jean-Philippe Tanguy revendique, et au caractère vindicatif emprunté aux nazis qu'on lui prête, certains dans ses propres rangs l'appellent « la gestapette. »
Blague à part, l'insulte publique envers Flavien Termet, les députés NFP l'ont proférée pareillement, tant envers la fonction de député qu'envers la démocratie. Le respect du résultat des urnes : les dix millions de Français qui ont voté pour l'alliance LR-RN lors des dernières législatives.
Et quelle lâcheté !
Auraient-il osé faire cela à un Jean-Marie Le Pen dans la force de l'âge ? Évidemment, non !
Ils ont profité du fait qu'il s'agit d'un député novice, tout juste sorti de la puberté.
À moins que la raison pour laquelle ils ont refusé de serrer la main à Flavien Termet, est le fait, véritable ou supposé par eux, qu'il soit d'une minorité religieuse ou homosexuel ?
Auquel cas, ce serait éminemment plus grave, puisqu'au délit d'injure publique envers un député dont ils se sont rendus coupables, il conviendrait d'adjoindre la circonstance aggravante que l'injure publique a été commise envers une personne à raison de son appartenance à une religion déterminée ou en raison de son orientation sexuelle, délit puni d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.
En commentaire de cette élection du Président de l'Assemblée nationale, qui a accouché aux forceps de la réélection de Yaël Braun-Pivet, Jean-Luc Mélenchon a fustigé le fait qu'ont participé au scrutin dix-sept ex-ministres redevenus députés pile ce jour-là, car démissionnaires la veille, exprès pour :
« Une ligne rouge est franchie avec le vote illicite de ministres. Le système démocratique tout entier est mis en cause. »
Une fois n'est pas coutume, je lui aurais apporté mon soutien nonobstant le caractère non-fondé, juridiquement, de sa position (3), si au lieu d'apporter son soutien aux députés NFP qui ont refusé de serrer la main à Flavien Termet, il avait condamné leur attitude avec autant de véhémence.
Et Gérald Darmanin dans tout cela ? Manquant là, comme à l'accoutumée, une occasion de se taire, l'aversion qu'il affirme avoir pour les membres de la France Insoumise, lui a fait dire qu'il condamne fermement le manque de respect dont ils ont fait preuve, en refusant de serrer la main du benjamin de l'Assemblée nationale en cette occasion solennelle au possible qu'est l'élection de son Président.
Eh oui !
En 2012, il a fait preuve du même manque de respect envers le benjamin de l'Assemblée nationale de l'époque : il a refusé de serrer la main de Marion Maréchal-Le Pen.
Cependant, c'est moindrement insultant pour le souverain théorique qu'est le peuple, que les propos qu'a tenus en 2017, réitérés en 2022, à l'occasion des élections présidentielles, ce grand démocrate qu'est Gérald Darmanin : « Si c'est Marine Le Pen qui est élue, on annulera les élections. »
Enfin, et c'est malheureusement la vérité, il s'est passé quelque chose d'encore bien bien plus grave, ce vendredi 18 juillet 2024, à l'Assemblée nationale : une fraude avérée lors de l'élection cette fois de ses vices-présidents. Un bourrage d'urnes. Si ! Lors du décompte des voix, les scrutateurs ont constaté qu'il y avait dans l'urne, dix bulletins de plus que le nombre de députés que compte l'Assemblée nationale.
C'est vrai que ça la fout mal. Ça rappelle « le bon vieux temps » où, au parti socialiste, Jean-Luc Mélenchon s'était publiquement insurgé contre le fait que François Hollande avait bourré les urnes « davantage que ce qui avait été convenu » entre eux pour l'élection du premier secrétaire du parti.
L'élection la plus importante, car elle décide de tout ; à savoir celle du Président de la Commission européenne (4) ; cette élection se faisant « à bulletins secrets », on peut légitimement craindre qu'une fraude est intervenue lors de la réélection d'Ursula Von der Leyen, la semaine dernière.
Ah ça ! On comprend pourquoi ce grand ami d'Ursula Von der Leyen qu'est Nicolas Sarkozy, membre revendiqué d'un « Nouvel Ordre Mondial » auquel « rien ne pourra s'opposer », est allé contre la volonté du peuple français, exprimée par référendum trois ans plus tôt, en faisant adopter le Traité de Lisbonne par le Parlement français réuni en congrès.
Diable ! C'est par application du Traité de Lisbonne que l'élection du Président de la Commission européenne intervient « à bulletins secrets. »
Et idem pour le dépouillement ! Bin pourquoi pas ? Tant qu'on y est. Et c'est vrai là aussi que, lorsqu'on veut pouvoir tricher pendant une élection, un vote à bulletins secrets, cela aide. A fortiori, donc, quand, histoire de faciliter les tricheries éventuelles ainsi institutionnalisées, le dépouillement des voix s'effectue pareillement sans aucun contrôle autorisé, lui, ni pour les députés européens, ni, encore moins, pour les peuples concernés. Faut pas déconner.
Après tout ça pour ça, c'est bien un spectacle déplorable qui nous est livré à l'Assemblée nationale sur fond de principes républicains à quelques jours de l'Ouverture des JO de Paris.
Accessoirement, et pas des moindres ce qui est le plus déplorable est que cette comédie soit jouée au frais du contribuable. Il n'y en a visiblement pas un pour rattraper l'autre,. Quand la gauche se met en scène, c'est la droite qui fait calimero pour essayer de se faire bien voir et d'en récolter les fruits. Et vice-versa. Alors sans parti politique pris pour autant, telle l'eut fait en son temps une maitresse d'école et envoyant les deux parties au coin sans chercher à savoir, il est temps que le peuple renvoie dos à dos ces personnes exigeant qu'ils se respectent ainsi que les institutions et les electeurs.
Stop.
1) Sébastien Delogu a été sanctionné, il y a deux mois, pour avoir brandi un drapeau palestinien dans l'hémicycle.
2) articles de loi sur la liberté de la presse cités dans cet édito :
- article 23 : « Seront punis comme complices d'une action qualifiée crime ou délit ceux qui, soit par des discours, cris ou menaces proférés dans des lieux ou réunions publics, soit par des écrits, imprimés, dessins, gravures, peintures, emblèmes, images ou tout autre support de l'écrit, de la parole ou de l'image vendus ou distribués, mis en vente ou exposés dans des lieux ou réunions publics, soit par des placards ou des affiches exposés au regard du public, soit par tout moyen de communication au public par voie électronique, auront directement provoqué l'auteur ou les auteurs à commettre ladite action, si la provocation a été suivie d'effet. »
- article 31 : « Sera punie de la même peine, la diffamation commise par les mêmes moyens, à raison de leurs fonctions ou de leur qualité, envers le président de la République, un ou plusieurs membres du ministère, un ou plusieurs membres de l'une ou de l'autre Chambre, un fonctionnaire public, un dépositaire ou agent de l'autorité publique, un ministre de l'un des cultes salariés par l'État, un citoyen chargé d'un service ou d'un mandat public temporaire ou permanent, un juré ou un témoin, à raison de sa déposition. »
- article 33 : « L'injure commise par les mêmes moyens envers les corps ou les personnes désignés par les articles 30 et 31 de la présente loi sera punie d'une amende de 12 000 euros. L'injure commise de la même manière envers les particuliers, lorsqu'elle n'aura pas été précédée de provocations, sera punie d'une amende de 12 000 euros. sera punie d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende l'injure commise par les mêmes moyens envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. Sera punie des peines prévues à l'alinéa précédent l'injure commise dans les mêmes conditions envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou identité de genre ou de leur handicap. Lorsque les faits mentionnés aux troisième et quatrième alinéas du présent article sont commis par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions ou de sa mission, les peines sont portées à trois ans d'emprisonnement et à 75 000 euros d'amende. »
3) le vote de ces 17 ex-ministres démissionnaires la veille, et redevenus dès lors députés automatiquement le lendemain, a beau être hautement contestable moralement, il n'en est pas illicite pour autant. Pourquoi ? Tout simplement parce que le règlement intérieur de l'Assemblée nationale ne l'interdit pas.