Alex MacDonald, 26 juillet 2024. Le Premier ministre britannique Keir Starmer va abandonner l'objection du Royaume-Uni à un mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, affirmant que cette question relève de la Cour.
Source : Magdalena Bartosze
L'annonce, faite vendredi par un porte-parole du nouveau Premier ministre, annule l'objection du gouvernement précédent à la demande du procureur de la CPI d'un mandat d'arrêt contre Netanyahu et son ministre de la Défense, Yoav Gallant.
« Sur la soumission à la CPI (...) je peux confirmer que le gouvernement ne poursuivra pas (la proposition) conformément à notre position de longue date selon laquelle il s'agit d'une question sur laquelle la Cour doit se prononcer », a déclaré le porte-parole aux journalistes.
Des sources au sein du Parti travailliste ont informé Middle East Eye de ces projets jeudi, ainsi que de leur intention de restreindre les ventes d'armes à Israël en raison de sa guerre contre Gaza.
Le Centre international de justice pour les Palestiniens (ICJP) a déclaré que c'était un « soulagement » de voir l'objection abandonnée. « Respecter la compétence et l'indépendance de la CPI est le moins que le gouvernement travailliste puisse faire pour démontrer un véritable engagement envers la justice et la responsabilité », a déclaré Zaki Sarraf, responsable juridique du CIJP.
« Ils doivent désormais éviter de saper davantage leur crédibilité et respecter le droit international. »
Plus tôt ce mois-ci, le journal israélien Maariv a rapporté que le ministre des Affaires étrangères David Lammy avait assuré à Israël que le Royaume-Uni maintiendrait son objection à la demande initialement formulée par le gouvernement conservateur à Downing Street.
Netanyahu et Gallant sont accusés de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre par le procureur de la CPI, Karim Khan.
Le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, le commandant en chef de sa branche militaire, Mohammed Diab Ibrahim al-Masri, plus connu sous le nom de Mohammed Deif, et son chef politique, Ismail Haniyeh ont également fait l'objet de demandes de mandat d'arrêt.
Les demandes doivent être approuvées par un panel de juges de la CPI et c'est à ce stade que le Royaume-Uni a déposé son objection.
La Palestine a été acceptée par la CPI en 2015, et en 2021, la Cour a déclaré qu'elle avait le pouvoir d'enquêter sur les crimes de guerre dans les territoires occupés.
« Regrettable et régressif »
Le Board of Deputies of British Jews et le Jewish Leadership Council ont publié vendredi une déclaration commune condamnant la décision du gouvernement britannique comme « regrettable et régressive » et déclarant qu'elle semblait être un renversement de la « politique étrangère britannique de longue date ».
« Nous craignons que l'effet cumulatif de ces annonces, en succession rapide, signale un changement important de politique, s'éloignant d'Israël en tant qu'allié clé du Royaume-Uni. Ce serait non seulement une erreur stratégique mais aussi morale », peut-on lire dans le communiqué.
Cependant, l'ambassadeur palestinien au Royaume-Uni a salué cette décision, la qualifiant de « pas important dans l'alignement du Royaume-Uni sur l'Etat de droit, le système international et vers la responsabilisation d'Israël après plusieurs décennies d'impunité ».
Le parti travailliste fait face à une pression croissante de la part de la société civile et des groupes de défense des droits de l'homme pour suspendre les ventes d'armes à Israël.
Des responsables politiques de haut rang du parti ont exprimé leur inquiétude quant au fait que le parti travailliste ait perdu des sièges lors des récentes élections générales en raison du mécontentement des électeurs, en particulier des musulmans britanniques, face au soutien du parti à la guerre d'Israël contre Gaza.
Cinq députés indépendants ont été élus lors des récentes élections générales sur une plateforme pro-Gaza.
Les Amis travaillistes d'Israël, un groupe de défense dont Starmer et Lammy sont tous deux membres, ont déclaré vendredi que la décision du gouvernement était « profondément décevante » et qu'ils souhaitaient voir Netanyahou rendre des comptes devant les tribunaux israéliens plutôt que devant la CPI.
« L'affaire du procureur général de la CPI est moralement suspecte et juridiquement douteuse », ont-ils déclaré.
« Les tribunaux israéliens ont déjà jugé et emprisonné les plus hauts dirigeants du pays. Ils enquêtent déjà sur des allégations de faute grave liées à la guerre. Il est juste que ces allégations fassent l'objet d'une enquête et il n'y a aucune raison de croire qu'Israël ne pourrait pas ou ne voudrait pas enquêter dans cette affaire. »
Plus de 39.000 Palestiniens ont été tués et 90.257 blessés à Gaza à la suite de l'assaut continu d'Israël sur l'enclave assiégée.
Des milliers d'autres Palestiniens sont portés disparus et présumés morts sous les décombres à la suite des attaques israéliennes.
Article original en anglais sur Middle East Eye / Traduction MR