Par Tyler Durden, le 24 janvier 2025
Le groupe, désigné terroriste par les États-Unis, reste l'entité dirigeante de facto à Damas et dans toute la Syrie. Mais pour l'Occident, tout ce qui compte, c'est que Jolani, lié à Al-Qaïda, ne soit pas Assad. Une guerre par procuration de plus de dix ans pour changer le régime a finalement renversé le gouvernement laïc du Baas au début du mois dernier, et les islamistes purs et durs de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) contrôlent désormais la plus grande partie du pays.
L'Occident semble adopter sans réserve les nouveaux dirigeants, que nous appelions il y a peu " Al-Qaïda en costume". Cette semaine, nous avons eu droit au show d'un représentant de HTS s'exprimant sur la scène principale de Davos. Il a fait du chemin depuis Idlib et ses drapeaux noirs... jusqu'au tapis rouge, à la jet-set et à la dégustation de champagnes entre initiés à la rencontre des élites mondiales.
Le nouveau ministre des Affaires étrangères de la Syrie nommé par HTS, Asaad Hassan Al-Shaibani, a déclaré mercredi au Forum économique mondial que l'Arabie saoudite est désormais l'exemple à suivre pour la Syrie.
"Quelle est notre source d'inspiration pour une nouvelle Syrie ? Nous nous inspirons de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite",
a déclaré M. Al-Shaibani lors d'un entretien avec l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair.
"Nous devons faire de la Syrie un lieu de paix, de développement, un lieu épargné par la guerre",
a ajouté le haut diplomate du HTS.
Outre l'ironie à inviter à Davos un responsable lié à AI Qaïda (et ce, moins de deux mois après la prise de pouvoir par HTS), on peut souligner que Tony Blair, l'un des principaux alliés de Bush ayant soutenu l'invasion de l'Irak en 2003, animait cette rencontre avec Al-Shaibani sur la scène principale de Davos.
D'anciens dirigeants comme Blair, en renversant Saddam Hussein, sont responsables d'avoir supervisé le cauchemar sectaire et islamiste qui s'est emparé de l'Irak et de la région dans la foulée. Sans l'opération de changement de régime "Shock and Awe" orchestrée par les États-Unis et le Royaume-Uni, le phénomène de l'État islamique n'aurait jamais vu le jour, pour ne citer que cet exemple. Plus tard, l'Occident et les États du Golfe ont financé l'insurrection syrienne, au cours de laquelle les djihadistes d'Al-Qaïda en Irak ont afflué en Syrie en passant la frontière. HTS est issu de ce djihad anti-Assad soutenu par l'Occident (connu sous le nom de Front Nusra par le passé).
Mais bien évidemment, les élites de Davos adhèrent à tout cela, aux crimes de guerre et au djihad.
Pendant ce temps, en Syrie, HTS permet aux combattants étrangers liés à l'État islamique de réprimer la population en toute impunité. Alaouites, druzes et chrétiens vivent dans la peur alors que les meurtres perpétrés au nom du sectarisme se multiplient dans la "Syrie libérée" - en particulier dans les régions de Homs, de Lattaquié, de la côte et du monde rural.
M. Blair a-t-il obtenu de M. Shaibani qu'il s'engage fermement à protéger les chrétiens de Syrie et à défendre la laïcité en Syrie à Davos ? Bien sûr que non.
L'avenir est bien sombre, car Jolani a promis d'appliquer à terme la charia. On a déjà beaucoup parlé de débits de boissons alcoolisées fracassés, de femmes contraintes de porter le voile islamique et de la séparation imposée des sexes dans de nombreux lieux publics. Mais le Forum économique mondial (WEF) a accueilli avec grand enthousiasme ce nouveau Syriaistan.