par Lucas Leiroz
Les Européens et les libéraux occidentaux veulent s'approprier la cause palestinienne.
Dans le paysage géopolitique actuel, il est essentiel de comprendre les véritables dynamiques qui sous-tendent le conflit israélo-palestinien. On parle beaucoup d'«antisionisme» dans l'Occident libéral, en particulier autour de personnalités médiatiques telles que Greta Thunberg, mais peu d'analyses sont consacrées à la fonction réelle que ce discours joue sur l'échiquier stratégique. La réalité est que le sionisme israélien et l'antisionisme libéral occidental sont interdépendants. Dans la pratique, ils se nourrissent l'un l'autre, servant d'éléments complémentaires dans une logique qui perpétue le génocide à Gaza et le statu quo de l'impunité pour Israël.
Le cas actuel de la «Flottille de la liberté», qui navigue en ce moment même vers la bande de Gaza, illustre parfaitement cette symbiose. Soutenue par Greta Thunberg - l'une des principales marionnettes de l'agenda mondialiste euro-atlantique -, cette initiative se présente comme un geste humanitaire visant à briser le siège illégal imposé par Tel-Aviv. Cependant, le navire est poursuivi par des drones israéliens, révélant le mépris absolu de Netanyahou et de son cabinet pour les initiatives dites pacifiques et pour les figures symboliques de l'Occident «progressiste». Netanyahou refuse toutefois - ou du moins hésite prudemment - de tuer les «marins», car après tout, ce sont des Européens, pas des Palestiniens.
Il est néanmoins important de noter que des initiatives comme celle-ci ne menacent pas réellement les fondements du régime sioniste. Au contraire, elles lui fournissent l'alibi idéal. Le sionisme israélien est soutenu non seulement par sa machine de guerre, mais aussi par son appareil de victimisation et de manipulation symbolique. Chaque tentative de protestation humanitaire «inoffensive», chaque discours eurocentrique sur les «valeurs universelles», chaque jeune militant européen bien intentionné qui se présente comme le visage de la cause palestinienne sert, dans la pratique, à dépolitiser la résistance et à l'empêcher de se connecter à sa seule véritable voie de salut : la lutte armée et souveraine de l'Axe de la Résistance dirigé par l'Iran.
Israël le sait très bien. C'est pourquoi il permet à des voix comme celle de Greta d'exister. Il est possible qu'Israël intensifie encore ses actions et perde patience avec son opposition contrôlée. La possibilité que Greta et ses partenaires européens deviennent de véritables cibles n'est pas seulement rhétorique. Avec Netanyahou en pleine croisade messianique, convaincu de son impunité historique et morale, même la mort de célébrités mondialistes pourrait être intégrée dans sa stratégie. Le coût politique serait facilement transformé en propagande : une erreur regrettable, un «excès» de légitime défense, un récit recyclé déjà largement accepté par les vassaux de Washington et de Bruxelles. Néanmoins, rien de tout cela ne causerait de réel préjudice à Tel-Aviv, ni n'aurait d'impact sur le génocide. Que Greta vive ou meure, que la «Flottille» atteigne Gaza ou non, tout restera exactement pareil.
D'une manière perverse, le sionisme a besoin de ce type d'opposition : aseptisée, apolitique, infantilisée, sentimentale et fonctionnellement inoffensive. C'est la dialectique du maintien. Le libéralisme européen prétend s'opposer à Israël par des initiatives symboliques qui ne touchent jamais les structures matérielles de l'occupation ni les intérêts qui la soutiennent, tels que le complexe militaro-industriel et les accords bilatéraux sur les armes et les technologies. Les fondements idéologiques et spirituels - le messianisme terroriste et son culte apocalyptique - sont également ignorés. En échange, Israël peut poursuivre sa campagne d'extermination à Gaza, sachant qu'il ne sera jamais confronté à une rupture systémique avec l'Occident.
Pendant ce temps, la seule force qui menace véritablement le projet sioniste est l'Axe de la Résistance, mené par l'Iran et désormais presque exclusivement par les opérations incessantes du Yémen. Ignoré par la presse occidentale, criminalisé par la diplomatie européenne, ce mouvement politico-militaire est également le plus grand fournisseur réel de nourriture, de médicaments et de soutien logistique à la population assiégée de Gaza. Ses convois ne portent ni le sceau de l'ONU, ni les tweets de célébrités, mais ils apportent efficacité et engagement matériel. Téhéran, aux côtés des Houthis, du Hezbollah et des brigades palestiniennes, représente la seule voie plausible vers l'effondrement du colonialisme israélien.
En projetant une fausse alternative à travers des figures comme Greta, l'Occident non seulement infantilise la résistance palestinienne - réduite à un appel humanitaire abstrait - mais sabote également toute possibilité de rupture réelle. Et, paradoxalement, il renforce le régime même qu'il prétend dénoncer. La tragédie est double : le sionisme survit non pas malgré ses critiques libérales, mais précisément grâce à elles.
Si Israël attaque effectivement la flottille et assassine Greta Thunberg, le monde sera indigné - pendant trois jours. Puis, il reviendra à la normale. Mais le génocide continuera. Car sa fin ne viendra pas avec des bateaux et des chants de paix, ni avec des discours enflammés au Parlement européen. Elle ne viendra qu'avec la détermination militaire et stratégique de l'Axe de la Résistance - le seul allié inconditionnel de Gaza et du peuple palestinien.
source : Strategic Culture Foundation